Le réalisateur déplore l’état de la critique cinéma actuelle.
L’Université de l'Illinois a ouvert le Roger Ebert Center for Film Studies, du nom du célèbre journaliste du Chicago Sun-Times, décédé en 2013, le premier critique de cinéma à avoir remporté le Prix Pulitzer et été honoré par un étoile au Hollywood Walk of Fame. Pour l’occasion, Martin Scorsese, qui fête demain ses 80 ans, a enregistré un petit message vidéo publié sur le compte YouTube de l’Université, où il rend hommage à son vieil ami.
"Roger est la toute première personne, au tout début de ma carrière, à avoir montré de l’intérêt pour mon travail, en 1968. Au fil des années, il a défendu mes films, il en a parlé et écrit dessus avec beaucoup de soin et d’attention, avec son expertise et son regard critique, et il a toujours été là pour moi quand j’avais besoin de soutien", explique en préambule le réalisateur oscarisé, avant d’aborder l’évolution de la critique cinéma, à travers deux symboles qui représentent selon lui son déclin.
"Nous partagions tous les deux un grand amour et un grand respect pour l’art du cinéma. Comme moi, il apportait beaucoup d’importance à l’histoire du cinéma, et à sa préservation. Et s’il avait vécu assez longtemps pour voir la situation actuelle, où l’on vit une véritable dévalorisation du cinéma, qui est relégué au statut de ‘contenu’ sur les plateformes de streaming, et le spectacle répugnant offert par Rotten Tomatoes et Cinemascore, je pense qu’il serait monté au créneau pour expulser les marchands du Temple."
Cette double balle perdue n’est pas vraiment un hasard. Très inquiet de l’avenir du 7e art, le réalisateur de Casino tire la sonnette d’alarme depuis plusieurs années, multipliant les déclarations de ce type, comme sa fameuse critique des films de super-héros, plus proches selon lui des parcs d’attractions que du vrai cinéma, qui fait toujours parler trois ans après.
Martin Scorsese : "Le cinéma est dévalué au rang de contenu"Mais cette fois il s’en prend à deux autres acteurs de l’industrie, également symptomatiques d’un marché obnubilé par les chiffres où la créativité et les prises de risque ont de moins en moins de place. En effet, si Rotten Tomatoes n’est qu’un agrégateur de critiques, il est devenu un thermomètre incontournable pour les décideurs et le public, qui décide d’aller voir ou non un film sur la base d’un simple pourcentage. Idem pour Cinemascore, l’indicateur évaluant la satisfaction des spectateurs après une séance de cinéma. Une approche lapidaire à l’opposé de la vision que partageait Roger Ebert et Martin Scorsese…
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