"On peut s'autoriser des libertés si elles sont dans l'esprit de la BD, mais ce sera sinon extrêmement fidèle. Je veux que ce soit très proche en termes de cadres, de couleurs, d'aplats, d'absence d'ombre."
En 2020, on apprenait que le réalisateur des Bronzés souhaitait adapter Tintin au cinéma. Plus précisément Les Bijoux de la Castafiore. Patrice Leconte jurait avoir déjà choisi les interprètes de la cantatrice et du Capitaine Haddock, mais très vite, la question des droits d'adaptation a posé problème, et le cinéaste a finalement réalisé Maigret, avec Gérard Depardieu.
Adaptation ou pas des Bijoux de la Castafiore ? Patrice Leconte s’expliqueAlors qu'il sort un livre consacré à l'enquêteur belge aux éditions Moulinsart Casterman, intitulé Tintin de A à Z (et reprenant justement des éléments de la couverture culte des Bijoux... comme on peut le voir ci-dessus), il fait le point sur ce film, qu'il a toujours l'intention de tourner.
"Le projet de film autour des Bijoux de la Castafiore n'est pas complètement à l'eau, mais c'est tellement compliqué, les histoires de droits avec la Paramount et Moulinsart, déplore le cinéaste, relayé par BFMTV. Peut-être que pour calmer mon impatience, Moulinsart m'a proposé cet abécédaire de Tintin. Ils m'ont laissé carte blanche."
Il justifie ensuite son choix de la seule BD de Hergé se déroulant intégralement au château de Moulinsart ("Je rêve de faire un film d'aventures sans aventure"), et précise avoir déjà "tout le film en tête". Citant les œuvres de Wes Anderson (dont l'univers fait parfois ouvertement référence au travail de Hergé, notamment dans The Grand Budapest Hotel, dont certains plans semblaient tirés de ses BD), Leconte parle d'un "film un peu arty" : "Je ne vais pas prendre l'album dans la main gauche et la caméra dans la main droite, mais je vais essayer de respecter tout ce que l'album communique visuellement : les tissus des tenues de la Castafiore, la marche à qui il manque un bout de marbre... Je crois vraiment qu'on peut faire un film en ligne claire. (...) On peut s'autoriser des libertés si elles sont dans l'esprit de la BD, mais ce sera sinon extrêmement fidèle. Je veux que ce soit très proche en termes de cadres, de couleurs, d'aplats, d'absence d'ombre."
Côté casting, s'il avait évoqué des acteurs en 2020 (sans les citer), il n'en parle plus ici, expliquant simplement qu'il misera sans doute sur un comédien inconnu pour le rôle-titre : "Ce qui m'amusera quand je tournerai, c'est de n'avoir que des acteurs connus pour des répliques comme 'Allô, la boucherie Sanzot?' et que le seul acteur inconnu soit Tintin. Mais les acteurs connus de vingt ans qui ressemblent à Tintin, je ne les vois pas. Je préfère faire un casting complet pour trouver un Tintin." Quant à Milou, il assurait il y a trois ans : "On prendra n’importe quel cabot, c’est pas ce qui manque."
Patrice Leconte nous raconte les coulisses des Bronzés font du skiS'il a "tout le film en tête", Patrice Leconte n'a pas encore écrit son scénario. Il précise vouloir refaire équipe avec son complice Jérôme Tonnerre (Mon meilleur ami, Confidences trop intimes...), mais ajoute dans la foulée : "On ne va pas passer trois mois de notre vie à écrire un scénario si jamais le film ne se fait jamais. Je ne veux pas trop me mettre dedans. On ne peut pas vivre trop longtemps avec un espoir féroce, parce qu'après on ne peut qu'être déçu." Trouvant le processus d'adaptation de Tintin "trop long", il conclut en disant qu'il ne le fera pas après son 77e anniversaire (pour respecter l'adage disant que Tintin s'adresse aux lecteurs de 7 à 77 ans ?) : "J'ai dit qu'il me restait qu'un an et demi pour faire le film, car je vais avoir 77 ans, l'âge limite pour apprécier Tintin. C'était un argument imparable, mais ça ne les a pas trop ébranlés."
Enfin, évoquant dans Tintin de A à Z l'ensemble des BD de Hergé, il clame son admiration pour l'adaptation mise en scène par Steven Spielberg en 2011, Les Aventures de Tintin : le secret de la Licorne : "C'est la meilleure adaptation de Tintin. Du pur Hergé et du pur Spielberg. Il a tout compris. Il a réussi à traduire sans trahir. Je me suis régalé."
Euphorisant, hybride et explosif : la révolution Tintin ? [critique]
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