Laure de Clermont- Tonnerre succède à Pascale Ferran et s'empare avec superbe au classique de DH Lawrence, dans un film porté par l’alchimie du duo Emma Corrin- Jack O’Connell.
Après Nevada et des épisodes de The Act ou Mrs America, Laure de Clermont- Tonnerre continue sa carrière de réalisatrice anglo- saxonne – sans passer, pour l’instant, par la case France – en s’attaquant au classique de DH Lawrence. De notre côté de l’Atlantique, ce geste peut paraître un défi insurmontable tant l’adaptation de Pascale Ferran semble avoir tué le game. Mais on perçoit vite que la réalisatrice fait fi de ce carcan imaginaire. Son geste de cinéaste poursuit celui de Nevada. Ce talent à faire de la nature un personnage essentiel des histoires qu’elle raconte, sa caméra aérienne mais jamais agitée et cette capacité à saisir aussi bien les battements des cœurs que les vibrations des corps. Dans ce récit où Lady Chatterley, mariée à un Sir revenu paralysé de la guerre de 14, s’éprend du garde- chasse de leur domaine, la réalisatrice a l’érotisme joyeux. Tout en insistant sur l’arrière- fond social de l’intrigue (la relation entre Chatterley, propriétaire de mines, et ses employés, chair à canon de ses profits), elle se confronte sans fausse pudibonderie aux scènes d’amour en traduisant superbement en images le plaisir qui exulte, ce qui permet de comprendre le choix que fera Lady Chatterley entre le cœur et la raison, dilemme imposé son mari humilié quand ses escapades lui reviendront aux oreilles. Mais ce feu d’artifice- là ne serait pas aussi explosif sans l’alchimie entre Emma Corrin et Jack O’Donnell, la première, dont le visage si expressif raconte tant sans la béquille des mots, confirmant qu’elle est l’une des comédiennes les plus passionnantes du moment.
De Laure de Clermont- Tonnerre. Avec Emma Corrin, Jack O'Donnell, Joely Richardson... Durée 1h43. Disponible le 2 décembre sur Netflix
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