GALERIE
Star Invest Films

Dans ce remarquable premier long de Lauren Hadaway, l’héroïne d’Esther impressionne en jeune femme qui se donne à corps perdu pour intégrer la meilleure équipe d’aviron de sa fac.

Comment arrivez- vous dans l’aventure The Novice ?

Isabelle Fuhrman : Je tiens d’abord à vous dire combien je suis fière de ce film. Je sais que vous allez me dire que c’est tout ce que les comédiens vous disent en promo ! (rires) Mais je peux vous signer que si on se reparle de The Novice dans dix ans, je vous dirai exactement la même chose. Au tout départ, c’est une autre comédienne qui avait été choisie pour le rôle de cette Alex Dall, jeune femme prête à tout pour intégrer le meilleur équipage du club d’aviron de sa fac. Mais quand j’ai lu le scénario de Lauren (Hadaway), tout en moi me disait que j’étais celle qui devait incarner cette héroïne. C’était instinctif. Il ne pouvait pas m’échapper et je pense que Lauren Hadaway, la réalisatrice, l’a ressentie lors des auditions. Mais je lui ai aussi écrit une lettre pour lui raconter mon obsession pour ce rôle, pour lui assurer qu’elle ne trouverait personne qui s’impliquerait autant que moi car j’avais aussi eu des années plus tôt la même obsession pour le running et améliorer mes chronos ! (rires)

C’est exactement ce que Alex Dall aurait fait, non ?

Totalement ! (rires) Quand je vous dis que ce rôle était pour moi ! (rires)

Qu’aviez- vous précisément aimé dans son scénario ?

J’aime le récit d’une passion qui se transforme en obsession mais sans que celle- ci ne soit provoquée par des événements extérieurs. Je sais qu’on compare souvent The Novice à Whiplash et Black Swan. Mais il y a cependant une grande différence. Ici, Alex ne repousse pas ses limites, grâce ou à cause d’un prof, d’un metteur en scène ou d’un chorégraphe. C’est elle et elle seule qui s’embarque dans ce voyage et les souffrances qu’il implique parce qu’elle n’est pas la plus douée dans ce sport et que sa nature profondément solitaire et sauvage est en priori en contradiction avec l’esprit d’équipe, ici indispensable. Ce sont ces paradoxes qui sont passionnants à travailler

Comment se crée ce personnage avec Lauren Hadaway ?

On tombe tout de suite d’accord sur un point : je n’aurai pas de doublure. Je jouerai toutes les scènes y compris les plus épuisantes, celles où le corps souffre le plus. Le premier travail sur ce rôle fut donc physique. Je suis passée par le corps pour devenir ce personnage et ressentir la douleur qu’elle est prête à endurer. Me lever à 4 heures du matin, passer mes journées dans l’eau, ne penser qu’à ça du matin au soir et même la nuit en dormant, voilà quel a été mon quotidien pendant les six semaines de préparation. Et même une fois sur le plateau, j’ai continué, en allant faire de l’aviron au petit matin avant de tourner pour ne rien lâcher. Et le fait que Lauren, elle- même, ait pratiqué l’aviron à haut niveau a été un élément essentiel de ce voyage. Et c’est hallucinant le voyage qu’elle a fait elle- même pour arriver au bout de ce film sans grand moyen et ne rien lâcher de ses ambitions

Mais dans votre cas, il ne fallait pas que tout ce travail sur le corps ne fasse oublier la préparation indispensable au jeu. Comment avez- vous concilié les deux ?

Le plus difficile pour moi a été de lutter contre la fatigue. Une fatigue qui aidait certes à l’incarner mais qui pouvait aussi altérer ma concentration. Il y avait donc des curseurs à maîtriser pour rester suffisamment à l’écoute de Lauren et de mes partenaires. Il fallait s’abandonner certes mais rester suffisamment consciente pour ne pas se perdre. C’est pour cela que j’ai tant appris sur moi- même pendant cette aventure

Quel genre de réalisatrice était Lauren Hadaway sur le plateau ? Elle se comportait comme un coach ?

Je l’ai vraiment vue et ressentie comme ma meilleure amie. Toujours en soutien et dispensant de précieux conseils. Impossible de lâcher quand on est regardée par elle. Elle maîtrise tellement son sujet que vous pouvez vous reposer sur son regard et ne penser qu’à votre jeu. Mais surtout on peut toujours aller discuter avec elle si on sent mal avec quelque chose, si on a doute. Elle a conscience qu’à la fin c’est vous qui votre corps et votre visage qu’on retrouver à l’écran

Pour camper ce personnage solitaire, vous aviez besoin de vous isoler des autres sur le plateau ou à l’inverse vous aviez besoin d’échanger, de rire pour vous libérer ?

Ca dépendait vraiment des jours et des scènes. Il n’y avait pas de règle. C’est vraiment une fois encore mon corps qui me guidait et me faisait comprendre quand je devais rester dans ma bulle pour me concentrer. Et ça fonctionnait car j’avais la liberté de le faire, parce que je me sentais soutenue et jamais jugée par les autres.

Le fait qu’on ait en tête Esther, ce rôle qui vous a révélé, joue sur notre perception d’Alex selon vous ?

Je ne joue pas là- dessus en tout cas. Mais il y a en effet des passerelles entre les deux films, notamment parce que, par sa mise en scène, son travail si minutieux sur le son et la lumière, Lauren a emmené La Novice à la lisière du fantastique, entre réalité et cauchemar. Mais ce trouble, c’est à elle qu’on le doit et c’est elle qui m’a emmené vers lui et à le traduire au mieux notamment par les silences et les regard qui en disent plus que mille mots, si essentiels ici.