Le chef d’œuvre de Wong Kar Wai fête aujourd’hui ses 20 ans.
L’amour. Un sujet indémodable, vécu de tous et par tous mais surtout réalisé et mis en image depuis des décennies et fantasmé par le cinéma et pourtant revisité et réinventé en 2000 par le réalisateur chinois Wong Kar-wai.
Il pleut sur Hong Kong, on est en 1962, Monsieur Chow (Tony Leung Chiu-wai ), rédacteur en chef du journal local et madame Chan (Maggie Cheung) secrétaire, sont voisins de palier. Découvrant peu à peu que leurs époux respectifs, souvent absents sont amants, ils finissent eux aussi par développer des sentiments l’un envers l’autre.
Si le sujet est banal, Wong Kar Wai réussit à déconstruire le connu pour créer une odyssée visuelle et silencieuse d’un amour chaste entre ses deux personnages. Un désir qui se compose de regards, d’hésitation et parfois de souffrance muette. Il ne font que se croiser et se frôler dans d’étroits couloirs, déçus de l’amour, ils en sont aussi les victimes. Le titre québécois du film Les Silences du désir traduit d’ailleurs bien l’émotion indicible qu’a réussi à transmettre le réalisateur à des générations de spectateurs.
In the Mood for Love : bande-annonce de la version restaurée du chef-d'oeuvre de Wong Kar-waiLe fait que cette relation reste chaste rend surement cet amour encore plus grand et cathartique, elle entraine étrangement le spectateur dans une aventure faite de tension, immortalisant le désir par l’image, le chaste devient un charnel suggéré. C’est d’ailleurs ce que Wong Kar Wai nous propose, une mise en scène de l’amour et de ses désirs à travers de fuyants moments. Les amants soignés se veulent différents. Ils se refusent à être comme leur entourage, à succomber à l’adultère, ils le diront eux-mêmes : « nous ne serons jamais comme eux .»
Pour célébrer cet anniversaire, le film devait d’ailleurs sortir en version restaurée 4K dans les salles obscures ce 2 décembre. Il ne reste plus qu’à attendre la réouverture des salles pour pouvoir espérer s’immerger à nouveau dans le chef d’œuvre amoureusement pluvieux de Wong Kar Wai.
Commentaires