22 ans après Fargo, elle a triomphé aux Golden Globes et aux Oscars.
Mise à jour du 8 janvier 2021 : Il y a pile trois ans sortait 3 Billboards, Les Panneaux de la vengeance, polar très sombre de Martin McDonagh (Bons baisers de Bruges) porté par le talent exceptionnel de Frances McDormand. Nous l'avions rencontrée pour parler de sa carrière, ainsi que de sa préparation pour incarner cette mère de famille dévastée par la mort de sa fille et bien décidée à faire en sorte que l'enquête ne soit pas enterrée. Flashback en attendant de (re)voir le film ce dimanche sur France 2.
Interview publiée initialement le 8 janvier 2018 : Dans cette ère post-Weinstein, le triomphe de 3 Billboards, Les Panneaux de la vengeance, film qui met en scène un personnage de femme forte et indépendante, pourrait sonner comme un message au patriarcat, une victoire "politique". Mais n’allez pas dire ça à Frances McDormand, qui a été récompensée d’un Golden Globes pour son interprétation de Mildred Hayes. L’actrice a d’ailleurs recadré le débat en recevant son prix : "les femmes dans cette salle ce soir ne sont pas des pique-assiettes, nous sommes là pour notre travail".
Golden Globes 2018 : le discours féministe (mais pas politique) de Frances McDormand
Il faut dire que Frances McDormand, révélée en 1996 par Fargo, n’a jamais envisagé son rôle de façon genrée. Bien au contraire. Dans l’esprit de la comédienne, Mildred est un homme comme les autres. Ce qu’elle expliquait très bien au dernier festival de Venise, où le film était présenté en avant-première mondiale :
"Quand j’ai commencé à chercher des icônes du cinéma sur lesquelles modeler ma performance, je n’arrivais pas à trouver de femmes. Il y avait bien Pam Grier, dans ses films blaxploitation des années 70, mais ses personnages combattaient les hommes par la sexualité, ce qui n’est pas du tout le cas de Mildred. La seule référence possible, à mes yeux, c’était John Wayne. J’ai repensé à La Prisonnière du désert, où il joue un type extrêmement raciste, pour lequel on finit par éprouver une immense empathie. Le même genre de relation que le spectateur peut nouer avec Mildred. J’ai donc décidé de suivre ses pas… même si je ne chausse pas du 43 !"
Oscars : En 1997, le discours de Frances McDormand était déjà féministe et puissantÀ la gauche de McDormand, Sam Rockwell, qui joue l’idiot du village dans le film, jubile : "Tu marches même comme lui !" L’actrice confirme : "Ah t’as remarqué ? Je fais super bien John Wayne. Dommage que Martin ait coupé les plans où je lui ressemble le plus…"
Quelques heures plus tard, au micro de Première, McDonagh revient sur la querelle cinéphile qui l’a opposé à son actrice. "J’ai juste coupé un plan avec la silhouette de Frances dans l’embrasure d’une porte, en contre-jour, très John Ford. C’était un peu too much. Mais plus globalement, le problème que j’avais, c’est qu’à mes yeux, John Wayne est un gros connard fasciste. Une immense star, bien sûr, mais quand même un sale type. Désolé, hein ! Mais j’étais coincé : impossible d’aller contre le désir de Frances. Je la regardais marcher, bouger, et je voyais bien qu’elle pensait à lui..."
Oscars 2018 - Qu'est-ce que l'"inclusion rider" défendue par Frances McDormand ?
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