En juillet sur MUBI
ABACA

Parmi la liste des films programmés sur la plateforme ce mois-ci, nous avons sélectionné trois oeuvres incontournables d’horizons différents.

Le cinéma d’auteur est souvent peu représenté, et enfoui sous les films populaires, sur les grandes plateformes de streaming. Sur MUBI, c’est tout le contraire. Le service de vidéo à la demande regorge de chefs-d’œuvre, des années 1950 à nous jours (de Jean-Luc Godard à Ingmar Bergman, en passant par Michael Mann et Andreï Tarkovski). Et il est alimenté sans cesse : chaque jour un nouveau film arrive, et un autre disparait. 

MUBI s'est associé avec Première pour vous proposer de découvrir gratuitement son catalogue pendant 30 jours. Pour terminer de vous convaincre, voici une sélection trois chef-d’œuvre arrivés en juillet sur la plateforme. 

DECOUVREZ MUBI GRATUITEMENT PENDANT 30 JOURS AVEC PREMIERE

Retour à Howard Ends de James Ivory (1992)

Hasard du calendrier Mubi, les très recommandables éditions Le Bruit du Temps, proposent en librairie une nouvelle traduction du célèbre roman d’Edward Morgan Foster dont James Ivory tira une magnifique adaptation ciné en 1992 avec Helena Bonham Carter, Anthony Hopkins et Emma Thompson. Retour à Howard Ends est l'occasion de plonger au sein de la bonne société anglaise du début du XXe siècle et de suivre l’itinéraire croisé de trois familles représentant différentes couches sociales et idéologiques de l’Angleterre édouardienne. Dans ce monde en déliquescence qui entend tout de même faire bonne figure, le personnage incarné par le génial Anthony Hopkins évolue de groupe en groupe tel un dandy ironique (Le silence des agneaux a été tourné  un an auparavant). La mise en scène gracieuse de l’américain James Ivory se fond parfaitement dans ce cadre corseté et fissuré. Succès aidant, Ivory réembauchera le duo Hopkins-Thompson pour Les vestiges du jour, un an plus tard. 


 

My Dinner with André de Louis Malle (1981)

Œuvre culte et distinguée, réalisée par le français Louis Malle au cœur de sa période américaine. Il faut prendre le titre du film au pied de la lettre, ce Dinner with André se déroule en temps réel, le temps d’un repas entre deux dramaturges dans un restau newyorkais. Nous sommes en 1981, la contre-culture sixties et seventies, peuvent être regardées à distance tout en restant prégnantes. Imaginez une séquence d’un film de Woody Allen qui s’étirerait jusqu’à devenir le film lui-même et vous aurez à peu près le tableau. C’est Malle qui se rapprocha de l’homme de théâtre André Gregory, ici acteur et auteur de ce projet expérimental. Sa mise en scène discrète composée uniquement de champ, contre-champ s’efface derrière la parole incarnée par les deux êtres en présence : Gregory donc et Wallace Shawn (héros justement du dernier Woody Allen, Rifkin’s Festival) On boit littéralement leurs paroles, chargées des préoccupations du moment qui – magie spatio-temporelle -  préfigurent le gouffre intellectuel et idéologique dans lequel nous sommes peu à peu tombés : lobotomisation des esprits, nivellement par le bas, travestissement des émotions… Bref, si vous avez un compte Mubi cet été, entre deux plongeons dans la piscine, nous vous recommandons chaudement ce petit bain d’intelligence.    


 

La religieuse de Jacques Rivette (1966)

Dans les sixties au sein d’une France gaulliste, il ne faisait pas bon jouer avec la prose de Diderot et montrer sur grand écran les pseudo-frasques d’une religieuse en pleine crise de foi. Jacques Rivette, un des pères fondateurs et théoriciens de la Nouvelle Vague, en fera les frais. Sa Religieuse subira ainsi les foudres d’une censure aveugle qui condamnera le film avant même qu’il ne soit tourné. Le scénario est ainsi passé de commission en commission frappé du sceau d’une interdiction future. Rivette résiste. Godard, son pote, plus en vue, imagine même une mise en scène théâtrale du scénario pour prouver sa pureté. Rien n’y fait. Ou plutôt, si. Rivette trouve des partenaires financiers et tourne celle qu’il rebaptise, Suzanne Simonin, la religieuse de Diderot. Le film sort à l’été 1967. Interdit aux moins de 18 ans, tout le monde veut évidemment voir la nonne lubrique. Cette lecture des choses serait forcément grossière car cette Religieuse, magnifiquement interprétée par Anna Karina, n’a rien d’un objet sulfureux. Il suit l’itinéraire contrarié d’une femme prisonnière d’un couvent qui va connaître plusieurs révélations morales. C’est beau, profond… Scandaleux ? Assurément pas. L’audacieux Guillaume Nicloux en a fait un remake en 2013. Scandaleux ? Un peu.