Première/Gaumont

Le film de Luc Besson fête ses 35 ans. A l'époque, le réalisateur racontait sa création dans notre magazine, étape par étape, juste avant de le présenter sur la Croisette.

Le festival de Cannes 2023 s'apprête à démarrer, et il y a 35 ans, il battait son plein quand Luc Besson y a présenté Le Grand bleu. Fort de plus de 9 millions d'entrées en 1988, ce film avait pourtant débuté sa carrière de façon déroutante. Sa première projection sur la Croisette ne s'était pas déroulée aussi bien que prévu ! Le réalisateur, anxieux car sa fille était malade, a montré le film le 11 mai 1988 à des journalistes pas entièrement conquis : une partie de la salle a même sifflé l'équipe. Vexé, celui-ci répètera plus tard qu'il lui est toujours difficile de lire les critiques de ses films...

 

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Pourtant, à la fin des années 1980, le nouveau Besson était un événement. A tel point que Première l'avait choisi pour faire la couverture du numéro "spécial Cannes" (le n°134). Ce n'est pas le metteur en scène, qui posait en une, ni même l'une de ses stars  (Rosanna Arquette, Jean-Marc Barr, Jean Reno…). Non, pour la rédaction, la star de Cannes était un dauphin !

Après avoir intrigué les cinéphiles grâce au Dernier Combat (1983) et Subway (1985), Luc Besson racontait la création de son film le plus personnel, révélant qu'il avait eu envie de raconter cette histoire de champion d'apnée depuis sa jeunesse. Il livrait ainsi à Michèle Halberstadt, la rédactrice en chef du magazine, les étapes de fabrication du Grand bleu, de son enfance entre la Yougoslavie et la Grèce, élevé par des parents professeurs de plongée, au tournage de 10 mois dans les Cyclades (en grande partie), en passant évidemment par sa rencontre inoubliable avec Jacques Mayol ou le casting plein de surprises de ses acteurs (le refus amical de Christophe Lambert, son escapade hollywoodienne avec Rosanna Arquette, les entraînements qu'il a fait subir à "celui qui a eu la fâcheuse idée d'être (son) meilleur ami", Jean Reno...).

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La première fois que Luc Besson a vu Jacques Mayol, il avait 16 ans et assistait à l'une de ses plongées en Yougoslavie. Le jeune homme était fasciné. "Ce n'est pas le fait de le voir descendre dans le noir, sans respirer pendant quatre minutes, et subir des pressions énormes qui me faisait pleurer, c'est de me rendre compte que, dans ce qui me paraissait un cauchemar, lui se sentait bien ! Il avait la banane, le sourire, il était décontracté !" C'est tout cela qu'il voudra faire ressentir au public près de 15 ans plus tard. Quand Luc a pu parler du projet à son idole, une fois devenu réalisateur, Jacques lui a proposé de plonger avec lui, pour comprendre toutes ces sensations inexplicables. "Quand je suis ressorti de l'eau, il m'a souri et m'a dit : 'Tu as compris ?' J'ai dit que oui. Je n'avais rien compris, mais j'avais tout ressenti. C'est d'ailleurs ce sentiment qui lança le scénario."

Il fallut alors imaginer l'autre partie de l'histoire (inventée, celle-ci), puis créer des caméras assez résistantes pour filmer une partie de l'intrigue en profondeur, et enfin partir plus de 9 mois en tournage. "Physiquement, c'était assez dur", avouait Besson dans nos pages, en partie à cause de l'ambition folle de son film, qui demandait de changer souvent de pays (le Pérou, la Grèce, les Bahamas) pour mettre en boîte des séquences demandant parfois des centaines de figurants. Pour les séquences sous-marines, l'équipe était réduite au minimum (6,8 personnes entraînées à plonger), mais qui réclamaient une précision sans faille, pour des raisons de sécurité. C'est d'ailleurs par ça que l'équipe a commencé. "Trois mois plus tard, nous avions tourné près de quarante kilomètres de pellicule, avec du bleu partout", s'exclamait-il, amusé. Puis il fallait repartir en tournage pour toutes les autres séquences, les pieds sur terre, cette fois...

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