Affiches Films à l'affiche semaine du 21 août 2024
Pathé/ Metropolitan Filmexport/ Diaphana

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
EMILIA PEREZ ★★★★☆

De Jacques Audiard

L’essentiel

Une comédie musicale multi- primée à Cannes sur un narco- trafiquant mexicain décidant de changer de sexe ! Audiard surprend, épate et enchante avec un quatuor d’actrices flamboyante, dont LA révélation Karla Sofía Gascón

Entrer dans Emilia Perez est la promesse d’un voyage inouï, spectaculaire, trépidant pendant 2h10. Le récit s’ouvre sur Rita, une avocate précaire forcée de mettre son talent au service de la défense de criminels qu’elle enrage de réussir à faire acquitter presque à tous les coups. Et dont la vie bascule la nuit où elle se fait kidnapper par ce narcotrafiquant, Manitas, pour l’aider à changer de sexe et devenir Emilia, la femme qu’il a toujours été au fond de lui, après s’être fait passer pour mort auprès de sa famille. Drogue, violence, transition de genre… Emilia Perez s’inscrit pleinement dans son époque donc mais ici, les sujets sont au service du film et pas l’inverse. Nulle trace de message à marteler. Juste du cinéma. Rien que du cinéma. D’une fluidité scénaristique dingue au vu de la multitude de rebondissements qui s’y produisent, d’un premier degré assumé et tellement rafraîchissant dans une époque de cynisme roi et d’une qualité musicale renversante. Un film qui ne gonfle pas ses muscles mais ouvre les cœurs.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

ANZU, CHAT- FANTÔME ★★★★☆

De Yôko Kuno et Nobuhiro Yamashita

Anzu, chat errant devenu chat-fantôme est devenu en grandissant bien loin d'un Totoro empli de sagesse. Dumbphone autour du cou, juché sur un scooter qu'il conduit sans permis, il alterne les petits boulots et les petites arnaques alors que son objectif de vie est d'écluser de la bière devant les machines à pachinko avec les gamins du village ou avec ses potes yokai (esprits japonais)... Au crayonné férocement rageur du manga original de Takashi Imashiro, son adaptation sur grand substitue un visuel, plus lumineux et coloré. Et on adore passer du temps avec ce gros malpoli d'Anzu au fil d’un récit célébrant la glande et piratant les odes à l'effort et au surpassement de soi.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A AIME

THE CROW ★★★☆☆

De Rupert Sanders

La formule magique John Wick a-t-elle réussi à arracher le reboot/remake de The Crow du development hell alors que le projet zonait dans les brumes DTV depuis des décennies ? Le résultat est moins John Wick que prévu, même si le climax du film (le héros massacre au katana une dizaine d'hommes de main dans les escaliers d'un opéra, de façon ultra violente) résonne beaucoup avec l'écrasante saga de Keanu. En fait, ce mélange étrange, et pas désagréable, de thriller urbain bourrin sur fond de romance émo- surnaturelle, traversée de références à l'imagerie des cinéastes « esthétiques » des 80s fait plutôt penser au joli Constantine de Francis Lawrence  C'est que la meilleure idée de ce projet (outre les abdos de Bill Skarsgård) est d'avoir engagé Rupert Sanders. Même si ce Crow-là , un peu cassé, un peu rafistolé, se situe à l'opposé de la beauté de son remake de Ghost in the Shell, on ne pas s'empêcher de trouver ça plus fascinant et réussi que la moyenne.

Sylvestre Picard

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BLINK TWICE ★★★☆☆

De Zoé Kravitz

Par un concours de circonstances, deux copines, qui bossent comme serveuses dans des galas mondains, se retrouvent invitées sur l’île privée d’un magnat de la tech, en compagnie d’une poignée de riches fêtards. Les deux jeunes femmes n’en reviennent pas de leur veine : l’île est paradisiaque, la bouffe délicieuse, le milliardaire adorable, le champagne coule à flot et les joints sont un peu plus gros chaque jour. Petit à petit, pourtant, les repères temporels commencent à se brouiller… Ça va mal tourner, quelque chose va déraper dans ce premier long métrage de Zoé Kravitz, on le pressent car on a notamment vu Get Out ou Promising Young Woman, au croisement desquels se situe Blink twice, qui pourrait figurer dans la queue d’une comète ayant commencé sa course au moment des débuts de #MeToo. Mais malgré l’overdose de références, malgré cette grosse sensation de déjà vu, malgré même les nombreuses inflexions scénaristiques passant au forceps, le film agrippe le spectateur, par sa séduction clippesque très assumée et l’énergie rageuse de la métaphore filée par Zoë Kravitz autour du trauma, de la mémoire, de l’oubli, du pardon, et des larmes de crocodiles versées par certains prédateurs lors de repentances médiatiques bidons.

Frédéric Foubert

 

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GIRLS WILL BE GIRLS ★★★☆☆

De Shuchi Talati

Mira a 16 ans. Elève brillante, et donc forcément jalousée, d’une école formant les élites du pays dans une ambiance stricte, elle voit son cœur s’emballer pour un de ses camarades, venu de Hong- Kong. Et tout son petit monde va s’en trouver bouleversé, à commencer par sa mère, ex- élève de la même école, qui la pousse à réussir les meilleures études possibles pour ne pas vivre sa vie à elle, trop dépendante à ses yeux de son mari mais dont le trouble qu’elle ressent elle- même face à ce garçon va créer de la jalousie chez sa fille. Girls will be girls se révèle aussi pertinent dans l’exploration des débuts de l’éveil sexuel de son héroïne que dans la montée en tension dans ses rapports avec les autres garçons de l’institut qui, par dépit amoureux pour certains ou incapacité d’accepter qu’elle ait élue déléguée face à eux pour d’autres, vont pousser loin leur stratégie de harcèlement. Deux heures intenses, riche de sentiments contradictoires où Schuchi Talati épate par la fluidité de son écriture et la pertinence de son regard.

Thierry Cheze

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

PROJECT SILENCE ★★☆☆☆

De Kim Tae- gon

Un carambolage, un pont sur le point de s’effondrer, du brouillard à couper au couteau, quelques militaires désemparés, des chiens dressés à tuer sur commande et une poignée de survivants pour jouer la chair à saucisse : voilà à peu près le programme complet de Project Silence, film catastrophe à forte tendance série Z, projeté en séance de minuit lors du Festival de Cannes 2023. Rescapé d’une sortie VOD, ce huis clos en extérieur du Coréen Kim Tae-gon avait comme argument massue d’être éclairé par Hong Kyung-pyo, surdoué ayant travaillé sur trois Bong Joon-ho et le chef-d’oeuvre The Strangers. Malheureusement, son talent est ici noyé sous des effets spéciaux chaotiques (compliqué de croire à ces chiens en CGI) et des personnages stéréotypés dont le comportement défie trop souvent la logique. Mais le rythme solide et quelques scènes d’action mâtinées d’humour slapstick maintiennent l’intérêt.

François Léger

SYLVANIAN FAMILIES LE FILM, LE CADEAU DE FREYA ★★☆☆☆

De Kazuya Konaka

Ce mini film (dans lequel une petite lapine cherche le plus beau des cadeaux d’anniv’ pour sa maman) tout simple destiné au plus jeune des publics ne propose pas grand-chose d’autre que son apparence mignonne : et encore, on ne vous en voudra pas de trouver les jouets originaux encore plus kawai. Une animation en stop motion, avec les personnages en « vrai », aurait sûrement mieux servi la franchise que ces bouts d’histoire à la dérive.

Sylvestre Picard

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

ZENITHAL ★☆☆☆☆

De Jean- Baptiste Saurel

Réalisateur en 2012 du remarqué court métrage La Bifle, Jean-Baptiste Saurel a choisi pour son premier long métrage d’offrir une suite à cette extravagante comédie d’action. On retrouve donc, plus de dix ans après, le couple formé par Sonia (Vanessa Guide) et Francis (Franc Bruneau), homme qui était dans La Bifle terriblement complexé par la taille de son appareil génital. Le cinéaste (aussi réalisateur d’épisodes de la série Zorro) tient compte des évolutions sociétales survenues depuis 2012 et remet en question le patriarcat de manière potache, notamment à travers un grotesque gourou (joué par Xavier Lacaille) qui cherche à défendre la domination masculine. Malgré cette volonté de brocarder le machisme, le film souffre de ressorts comiques trop attendus et paraît déjà daté alors même qu’il souhaitait moderniser son propos. Et le thème de la frustration sexuelle de se muer en frustration cinématographique.

Damien Leblanc

HIJO DE SICARIO ★☆☆☆☆

De Astrid Rondero et Fernanda Valadez

Comment échapper à la violence systémique engendrée par les cartels ? C’est à cette question que ce film tente de répondre, non sans redondance, en suivant sur plusieurs années le destin d’un jeune Mexicain après la mort de son père, tueur à gages déchu. Mais difficile de ne pas tomber dans le déjà vu. D’autant plus que le récit, fugace et dénué de tension, effleure son sujet et ne parvient pas à cultiver le mysticisme introduit en début de film. On en ressort finalement plus indifférent qu’envoûté…

Lucie Chiquer

RODEO ★☆☆☆☆

De Joëlle Desjardins Paquette

Dans le top des pères célibataires nouant un lien avec leurs filles, on retrouve le Paul Mescal d’Aftersun, le Harris Dickinson de Scrapper… Et puis loin derrière, le papa camionneur de ce Rodéo, Serge Jr qui préfère kidnapper sa fille et l’emmener en road trip. Difficile en effet d’éprouver de l’empathie pour cet homme qui enchaîne les décisions douteuses, voire les conneries grotesques (laisser un gun à portée de main de Lily, 9 ans…). Et, par ricochet, le résultat se révèle peu attendrissant.

Lucie Chiquer

 

Et aussi

Le Dernier bus, de Gillies Mackinnon

Reprise

Le Soldat bleu, de Ralph Nelson