Le réalisateur de Moon et Source Code analyse le trailer de son premier blockbuster, Warcraft : Le Commencement.
La bande-annonce de Warcraft : Le Commencement est tombée vendredi. Cette adaptation de l'univers de jeux vidéo du studio Blizzard dont la sortie est prévue pour mai 2016 a pour mission d’exorciser la malédiction qui pèse sur les versions cinéma des jeux vidéo, invariablement pourries (sauf Silent Hill de Christophe Gans). Les studios Universal et Legendary ont eu la bonne idée de recruter Duncan Jones (Moon, Source Code) pour shooter ce gros film de fantasy épique où des orques et des humains se foutent sur la gueule. Pour Première, Duncan nous fait le commentaire audio du trailer.
"Est-ce que c'est La Planète des Orques : le Commencement ? Très bonne question. On utilise la même technologie que La Planète des singes en termes de motion capture. Ca a été notre source d'inspiration pour créer des orques crédibles. Pour pouvoir faire des gros plans, et surtout, SURTOUT faire passer de l'émotion à travers le regard des orques. C'est la clef des personnages."
"Les orques sont-ils les héros ? Non. Il y a deux personnages principaux : l'orque Durotan et l'humain Lothar. Je les aime tous les deux. Bien sûr je suis beaucoup plus fier des orques parce que le challenge technique était beaucoup plus grand. Il ne fallait pas se foirer. Le public va être bluffé. Mais Travis Fimmel a fait un boulot fantastique pour jouer Lothar. En plus il est hyper beau."
"J'espère que le boulot d'ILM sera reconnu à sa juste valeur. C'est Jeff White, le mec qui a conçu Hulk dans Avengers, qui a supervisé les orques. Bill Wenstenhofer, qui a bossé sur L'Odyssée de Pi, a fait aussi un boulot merveilleux. Jeff et Bill sont deux gros joueurs de World of Warcraft, donc c'était un passion project pour eux."
"Le film (NDLR : en projet depuis 2006) nous a demandé trois ans de développement. Je rencontre des acteurs qui ont déjà tourné trois ou quatre films depuis le tournage de Warcraft. Tu dois avoir une sacrée endurance pour tourner un blockbuster. Ca te demande des années entières de ta vie. C'est inimaginable."
"Quand j'ai pitché Warcraft à Blizzard, j'ai dit que je voulais transmettre mon expérience de joueur à l'écran. C'était cette sensation qu'il y a des héros des deux côtés du champ de bataille, de la Horde ou de l'Alliance, qu'il n'y a pas de camp du Mal ou de camp du Bien. Je voulais que la loyauté du public oscille entre les deux côtés, entre l'orque et l'humain. En tant que réalisateur, c'est ça le défi, mettre le protagoniste et l'antagoniste au même niveau."
"La nature même du monde de Warcraft impose de tourner des plans spectaculaires. Les créatures, les griffons, les portails magiques, les vagues d'hordes qui submergent les armées humaines ! Tellement d'occasions de faire du cinéma. Il y avait tellement de choses cool à choisir pour notre film."
"Mais même si l'action est là, il faut des personnages pour que l'on se sente concernés - d'où le plan sur le bébé orque tenu par Durotan. En tant que réalisateur, j'ai une tendresse pour les orques. Je dois être impartial, mais les acteurs qui jouaient les orques ont été plus soudés que les autres. Surtout parce qu'ils devaient porter des pyjamas gris argent ridicules avec des points blancs dessus. Et ils devaient rester sérieux devant la caméra."
"Quand je jouais à Warcraft, j'avais un personnage Horde et Alliance. Je jouais surtout des guerriers. Trop de capacités magiques, c'est trop compliqué pour moi. J'aime taper sur des trucs avec un gros marteau. Le terme à WoW, c'est « tank », le mec qui se met en première ligne et qui encaisse tous les dégâts pendant que les magiciens font leur business à l'arrière. Ca me vient de mes jeunes années où je faisais du jeu de rôle papier comme Donjons et Dragons. J'ai aussi beaucoup joué à un jeu qui s'appelle Shadowrun - d'ailleurs ça ferait un bon film, c'est un monde futuriste qui mélange science-fiction et fantasy - où là je jouais souvent une grosse brute qui défonçait des portes. C'est peut-être pour ça qu'on n’a pas beaucoup mis de magie dans cette bande-annonce. Mais il y a encore plein de choses à montrer. On a beaucoup de boulot d'introduction à faire auprès du public qui ne connaît pas Warcraft. Je crois vraiment que j'ai fait un film où les personnages sont intéressants. Mais si la fantasy ne t’intéresse pas, je ne peux pas grand-chose pour toi (rires)."
"Comment j'ai fait pour passer de Moon et Source Code à ça ? Pour ne pas me faire broyer ? J'ai pensé à Christopher Nolan. Le mec passe de memento à Insomnia puis à Batman. Si lui a pu réussir ça, je pouvais aussi le faire. Maintenant que j'ai terminé Warcraft, je passe à Mute (NDLR : Paul Rudd et Alexander Skarsgard mènent une enquête dans un Berlin futuriste). De la SF à petit budget. Je veux alterner entre le gros et le petit. Mute, j'y pense depuis 12 ans. J'ai passé mes formative years à Berlin à la fin des années 70 quand c'était encore la Guerre froide, quand la ville était coupée en deux, isolée. C'est l'ambiance du Berlin que je veux créer."
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