Top 50 décennie cinéma Première
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Qui est premier du classement ?

Dans notre hors-série « C’était les années 2010 », actuellement en kiosque (et disponible sur notre boutique en ligne), nous faisons le bilan de la décennie qui vient de se clore. Au menu : des super-héros, des sabres laser, des cheveux bleus, du streaming et même un film muet. Et l’occasion de dresser le top 50 des meilleurs films de la décennie selon Première, que nous vous proposons ci-dessous.

Sommaire du Première Hors-Série n°11 : C’était les années 2010

50. Logan (James Mangold, 2017)

49. Winter’s Bone (Debra Granik, 2011)

48.  De rouille et d’os (Jacques Audiard, 2012)

47.  It Follows (David Robert Mitchell, 2015)

46. Vice-Versa (Pete Docter & Ronnie Del Carmen, 2015)

45. Boyhood (Richard Linklater, 2014)

44. L’Apollonide – Souvenirs de la maison close (Bertrand Bonello, 2011)

43. Cloud Atlas (Tom Tykwer, Lana & Lilly Wachowski, 2013)

42. Bone Tomahawk (S. Craig Zahler, 2016)

41. Her (Spike Jonze, 2014)

40. Inception (Christopher Nolan, 2010)

39. Les Nouveaux Sauvages (Damian Szifron, 2015)

38. Dragons 2 (Dean DeBlois, 2014)

37. Cogan: Killing Them Soflty (Andrew Dominik, 2012)

36. Mommy (Xavier Dolan, 2014)

35. Aquarius (Kleber Mendonça Filho, 2016)

34. Enter the Void (Gaspar Noé, 2010)

33. Take Shelter (Jeff Nichols, 2012)

32. Under the Silver Lake (David Robert Mitchell, 2018)

31. Blade Runner 2049 (Denis Villeneuve, 2017)

30. Une vie cachée (Terrence Malick, 2019)

29. City of Life and Death (Lu Chuan, 2010)

28. Un jour dans la vie de Billy Lynn (Ang Lee, 2017)

27. Agora (Alejandro Amenábar, 2010)

26. Inside Llewyn Davis (Joel & Ethan Coen, 2013)

25. Paddington 2 (Paul King, 2017)

24. The Master (Paul Thomas Anderson, 2013)

23. Your Name (Makoto Shinkai, 2016)

22. Faute d’amour (Andreï Zviaguintsev, 2017)

21. Mademoiselle (Park Chan-wook, 2016)

Warner Bros.

20. THE ARTIST (MICHEL HAZANAVICIUS, 2011)
Quoi de plus horripilant que ces petits Français qui jouent aux Américains ? En partant de ce constat, le trio Hazanavicius-Bejo-Dujardin décidait de raconter la mythologie US (ses acteurs, ses studios, leur génie et leur violence) d’un point de vue typiquement européen, c’est-à-dire avec ce qu’il faut de fascination et de regard critique. Ni pastiche 51, ni « à la manière de » bien de chez nous, The Artist se regarde non pas comme un coup d’éclat (qu’il fut, pourtant) mais comme le récit amer d’un amour lointain et empêché. Quoi de plus touchant que ces petits Frenchies-là ?

La Taupe
StudioCanal

19. LA TAUPE (TOMAS ALFREDSON, 2012)
Dans la foulée de son film de vampire, Morse, le très suédois Alfredson réussissait à traduire le cauchemar kafkaïen des romans du très british le Carré et confirmait son statut de cinéaste XXL. Sept ans ont passé, son récent Bonhomme de neige a fait fondre une grande partie de nos espoirs, mais force est de constater que, jusqu’à présent, personne n’a su capter comme ici la profonde mélancolie du romancier et le spleen de son George Smiley, agent secret et époux délaissé.

Le Loup de Wall Street Di Caprio
Metropolitan FilmExport

18. LE LOUP DE WALL STREET (MARTIN SCORSESE, 2013)
Dans une décennie marquée par ses œuvres de vieux sage apaisé (Hugo Cabret, Silence, The Irishman, son doc sur George Harrison), cet incroyable coup de jeune pour Martin Scorsese : une relecture cartoon et dégénérée des Affranchis, avec Wall Street dans le rôle de la mafia, mais sans code d’honneur, ni rédemption à l’arrivée. Un glaviot punk adressé à un monde jugé obscène, doublé de l’autoportrait d’un artiste kamikaze écartelé depuis toujours entre puritanisme et luxure. Meilleur film du XXIe siècle selon Paolo Sorrentino.

Top 2018 : 9. Critique d'Une Affaire de famille
Le Pacte

17. UNE AFFAIRE DE FAMILLE (HIROKAZU KORE-EDA, 2018)
Pendant quinze ans, Kore-Eda a emballé ses chroniques familiales avec un même sens de l’orfèvrerie, du chuchotement et de la tragédie miniature, qui font les grandes émotions. Pourquoi ce film-là a-t-il plus marqué que tous les autres ? La Palme d’or a fait office de caisse de résonance, sûr. Mais il y avait mieux : la sensation qu’un système arrivait à la fois à son sommet et à sa conclusion. Une sensation incarnée par cette troupe d’acteurs, souvent géniaux mais jamais autant que pour cette énième réunion. Quelques mois après le prix cannois, quelques semaines avant sa sortie en salles, disparaissait la mamie du clan, la splendide Kirin Kiki, et avec elle une certaine idée du cinéma de Kore-Eda.

once upon a time in hollywood
2019 Sony Pictures Entertainment Deutschland GmbH

16. ONCE UPON A TIME… IN HOLLYWOOD (QUENTIN TARANTINO, 2019)
Quelles chansons passaient sur KHJ Radio à Los Angeles le 9 février 1969 ? Combien de prises a nécessité le tournage du pilote de la série western Lancer ? Dans quelles salles pouvait-on voir The Wrecking Crew, le dernier Sharon Tate ? En empilant à l’infini des questions qu’il est le seul à se poser, QT tente de ralentir la course du temps et de faire en sorte que les sixties ne s’arrêtent jamais. Derrière le monument théorique, la spectaculaire réinvention artistique d’un cinéaste qui s’est parfois perdu dans l’autoparodie, et qu’on aime de nouveau à la folie.

Les Aventures de Tintin : Le Secret de la Licorne
Sony Pictures Releasing France

15. LES AVENTURES DE TINTIN : LE SECRET DE LA LICORNE (STEVEN SPIELBERG, 2011)
Les deux blockbusters les plus spectaculaires de la dernière décennie (l’autre est numéro deux de ce top) auront été signés par deux baby boomers, qu’on peut désormais appeler deux papys gâteau. Comme quoi c’est un métier. Ici, Spielberg proposait tout simplement d’oublier le « poids » de la caméra via les vertus de la motion capture, et imaginait un film d’aventures supersonique propulsé par sa seule énergie visuelle. Ni live, ni animation, cette expérience grisante reste par ailleurs la meilleure hypothèse formulée pour adapter le langage bédé à celui d’un écran de ciné. C’est un métier, assurément.

10- The Strangers (Na Hong-Jin, 2016)
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14. THE STRANGERS (NA HONG-JIN, 2016)
Na Hong-jin, survolté, quadrille un bout de province sud-coréenne à la recherche des origines du mal et en revient avec ce diamant noir, plein de bruit, de fureur et de transes démoniaques, qui commence comme Memories of Murder et finit comme L’Exorciste. Résultat : six millions d’entrées ! (en Corée, hein, pas en France). Il y aura eu les Indiens cannibales de Bone Tomahawk, les ados contaminés de It follows, les sabbats bergmaniens de The Witch, mais le cauchemar terminal de la décennie, c’est bien celui-ci.

The Impossible
SND

13. THE IMPOSSIBLE (JUAN ANTONIO BAYONA, 2012)
Une famille britannique débarque en Thaïlande pour les vacances et bascule dans le cauchemar, emportée par un raz-de-marée. Réinvention du cinéma catastrophe à grands coups d’effets spielbergiens, The Impossible oscillait entre la description hyperréaliste et physique du tsunami de 2004 et le quadrillage émotionnel du contrecoup. 95 minutes à suivre le destin d’une famille, dont un gamin et sa mère essayant de s’extraire du royaume des morts. Cinq ans plus tard, Quelques minutes après minuit confirmait comment le surdoué Ibère passait le conte au tamis émotionnel. Il n’y a plus qu’à oublier son sinistre Jurassic World : Fallen Kingdom et attendre tranquillement la suite.

Gravity
Warner Bros France

12. GRAVITY (ALFONSO CUARÓN, 2013) 
Si les films Marvel sont « des parcs d’attractions » (d’après Martin Scorsese), que dire alors de Gravity ? Sans doute le seul film de cette liste que l’on revoit aujourd’hui en essayant de retrouver les sensations que l’on a eues hier, en salles, quand on l’a découvert bouche bée, yeux écarquillés, lunettes 3D sur le nez. Particulièrement amusant de la part d’un cinéaste dont l’opus précédent (Les Fils de l’homme) avait été un carton en vidéo, et le suivant (Roma), un chef-d’œuvre à voir en streaming. D’un film à l’autre, Cuarón démontre, parfois par l’absurde, que c’est toujours mieux au cinéma.

Emily Blunt dans Sicario
Metropolitan Film Export

11. SICARIO (DENIS VILLENEUVE, 2015)
Deux ans après que son maître, Ridley Scott, s’est intéressé à la mafia mexicaine avec le stupéfiant, mal aimé et bien nommé Cartel, Denis Villeneuve observait à son tour l’empire du crime latino pour mieux révéler la face obscure des États-Unis. Derrière le western mené en jeep et en tongs, une fable terrifiante à propos d’une petite brebis (Emily Blunt dans le rôle de sa vie) égarée sur le territoire des loups, le tout arrosé d’ultra-violence, d’infra-basses et de supra-mise en scène. A-t-on vu plus beau morceau de classicisme américain depuis ?

Parasite
The Jokers

10. PARASITE (BONG JOON-HO, 2019)
En dix ans, la bulle Bong n’a fait que grossir, film après film, jusqu’à la démesure de ses escapades SF (Snowpiercer) et Netflix (Okja). Parasite, film d’intérieur qui explose les murs de la maison, marquait son retour en Corée et organisait un jeu de massacre social, politique et moral. Son sommet depuis Memories of Murder et un hold-up critique et public (première palme coréenne, et carton en salles en Corée et en France), que même lui ne s’explique pas. Avant Cannes, Bong estimait que son film avait peu de chances d’être récompensé à cause des « détails que seuls les Coréens peuvent comprendre à 100 % ». Quinze jours plus tard : « Je constate que parce qu’il parle du capitalisme, Parasite est devenu universel. » Pas mieux.

Interstellar
Warner Bros France

9. INTERSTELLAR (CHRISTOPHER NOLAN, 2014)
Développé pendant des années par Steven Spielberg, ce mélo SF est devenu pour Christopher Nolan l’occasion parfaite de se placer comme le seul héritier possible du wonderboy. Le costume trois-pièces remplaçait la casquette de base-ball mais l’ambition restait la même : offrir à son époque un cinéma de l’intime raconté à très grande échelle. Ici, les trous noirs sont aussi des symboles de deuxième chance pour les papas égoïstes et le sort de l’humanité se joue dans une chambre d’enfant démultipliée à l’autre bout du cosmos. Tout le génie conceptuel, quantique et symphonique de son auteur-star transcendé par la verve sentimentale qui lui avait toujours manqué.

Wild Bunch

8. LA VIE D’ADÈLE – CHAPITRES 1 & 2 (ABDELLATIF KECHICHE, 2013)
De la course déterminée qui ouvre le film à l’errance défaite qui le clôt, La Vie d’Adèle est un récit d’apprentissage tonitruant, un film d’amour hyperréaliste conçu comme un bleu Klein. Après le coup de boule Vénus noire, son énergie morbide et dévastatrice, Kechiche voulait un film solaire pour réconcilier tout le monde et récolter des prix. Pour les prix, c’est bon. Pour la réconciliation, c’est mort.

Le Vent se lève
Nibariki - GNDHDDTK

7. LE VENT SE LÈVE (HAYAO MIYAZAKI, 2013)
Le Vent se lève devait être le clap de fin de Miyazaki, avant qu’on apprenne qu’il allait finalement sortir de sa retraite. N’empêche : derrière le faux biopic de l’inventeur des Zéros japonais, le papa de Totoro mêlait sa trajectoire (un créateur dédié à son art) à celle de son père ingénieur, et parcourait un demi-siècle nippon miné par les destructions, le militarisme, les catastrophes écologiques et l’effondrement moral. Le cinéaste abandonnait les territoires fantastiques du conte pour un autoportrait et une confession (sur ses lâchetés et ses compromissions) qui touchaient au sublime. Le chef-d’œuvre terminal d’une décennie très animée.

The Tree of Life
EuropaCorp Distribution

6. THE TREE OF LIFE (TERRENCE MALICK, 2011)
Avant, il n’avait fait que quatre longs métrages en quarante ans. Depuis, il en sort un tous les deux ans. The Tree of Life est le film qui scinde en deux la carrière de Terrence Malick, ou plutôt la fracasse, un monument totalisant (la création du monde, le cosmos, l’au-delà et quelques instants d’éternité vécus par trois gosses dans le Texas des années 50), son 2001 à lui, génial et maladroit, sublime et « limite », grandiose et brinquebalant. Avant, Malick était déifié, adoré, intouchable. Depuis, il est bordélique, contesté, intarissable. Avec The Tree of Life, il est redevenu vivant.

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5. LA LA LAND (DAMIEN CHAZELLE, 2017)
Vantée, parfois moquée, pour ses vertus sucrées et nostalgiques, cette histoire (en)chantée faisait aussi le constat d’une époque en forme de mirage, où se débattaient deux jeunes hipsters ambitieux et amoureux (dans cet ordre). Et si rien de tout ça n’existait vraiment ? Ni les couleurs de leur romance, ni le pittoresque de leur ville, et encore moins la petite musique qui berce leurs émotions. De l’ouverture en fanfare à son faux happy end, de sa réception feelgood à son Oscar retiré des mains de ses producteurs, La La Land ne fut rien d’autre que le récit d’une immense (dés)illusion. Vraiment immense, oui.

Top 2018 : 1. Critique de Phantom Thread
Universal

4. PHANTOM THREAD (PAUL THOMAS ANDERSON, 2018)
Malgré son Londres 50s et embourgeoisé, son 70 mm réfrigéré et sa bande-son déglinguée, c’est probablement le film le plus chaleureux jamais tourné par son auteur – ce qui n’enlève rien à la beauté tordue de cette idylle sur fond d’omelette aux champignons. C’est une comédie romantique qui fait mine de s’ignorer (les deux s’aiment depuis le début mais ne se l’avoueront qu’à la toute fin) et multiplie les fausses pistes avant de dévoiler sur le tard son véritable caractère : paillard, caustique, lyrique. Le « fil fantôme » qui la parcourt, l’agrège et la rend à ce point désirable reste l’un des plus beaux mystères entrevus cette décennie.

DCM Filmverleih

3. LA GRANDE BELLEZZA (PAOLO SORRENTINO, 2013)
Dès l’intro, morceau de bravoure formelle et de frime musicale hallucinante, tout est là : l’existentialisme désenchanté, la pop culture et l’élégance sarcastique. C’est avec ce film que Sorrentino se forgeait définitivement son statut de clippeur existentiel et de cinéaste majeur du XXIe siècle – l’Oscar du meilleur film étranger a bien aidé. Et, s’il a depuis fait presque aussi bien (The Young Pope ou le diptyque Silvio et les autres), il n’a jamais fait mieux. Toutes ses facettes étaient concentrées dans cette fable littéraire et amère qui passait indifféremment de Bob Sinclar à Céline. Avec en prime l’explosion d’un acteur qui allait infuser le meilleur du cinoche rital (Toni Servillo) et la création d’un personnage, Jep Gambardella, reflet et révélateur d’une époque désenchantée.

mad max fury road george miller
Village Roadshow Films (BVI) Limited

2. MAD MAX : FURY ROAD (GEORGE MILLER, 2015)
Remise à zéro de la pyrotechnie hollywoodienne, cet objet inouï aura rapporté cinq fois moins qu’un Marvel lambda et essaimé environ vingt fois plus (dans la pub, le jeu vidéo, les arts graphiques, et même les films Marvel, d’ailleurs). Alliage parfait, impensable, entre cascades en dur et palette graphique numérique, force de frappe primitive et visions high tech, esprit sériel et réorganisation mythologique, Fury Road aura résolu en une grande course-poursuite dans le bush tous les grands dilemmes narratifs et esthétiques du divertissement de son époque. Bientôt, quand on essaiera de se remémorer ce que fut le cinéma des années 2010, ce seront ces images-là qui défileront devant nos yeux.

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1. THE SOCIAL NETWORK (DAVID FINCHER, 2010)
Le meilleur film de la décennie est sorti en octobre 2010… Ça ne signifie pas que les jeux étaient faits d’avance, non, ça souligne juste le génie prophétique de son auteur, David Fincher. En tentant un périlleux exercice d’histoire immédiate avec son « film sur Facebook » (comme on disait alors), « le Citizen Kane des films de John Hughes » (comme il disait lui), Fincher se mettait dans les pas des grands Preminger, des grands Lumet, jetant un regard panoptique sur la société américaine à un instant T pour y trouver la matière d’un vertige universel et intemporel – une tragédie digitale sur les amitiés trahies, les amours déçues et les ego blessés. Dix ans après, The Social Network se regarde à la fois comme l’instantané d’une époque, une matrice esthétique décisive, et un immense classique américain –  exactement comme Fight Club. Entre-temps, Facebook n’a pas cessé de grossir et les auditions de Mark Zuckerberg devant le sénat américain sont devenues l’un des feuilletons les plus fous du moment. On essaye parfois d’imaginer à quoi pourrait ressembler The Social Network 2, mais à quoi bon ? Le monde dans lequel on vit ressemble déjà à un film de David Fincher.

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