Chaque jour, retour sur les temps forts de l’édition 2022 du festival du film romantique.
L’émotion du jour : Plus que jamais
Ce fut déjà l’un des moments les plus bouleversants du dernier festival de Cannes. L’ultime long métrage de Gaspard Ulliel. Un mélo suivant le cheminement intérieur d’une jeune femme atteinte d’une maladie incurable, dont il campe le compagnon, perdu par rapport à ses réactions. Et revoir ce cinquième long métrage d’Emily Atef (quatre ans après le très remarqué Trois jours à Quiberon autour de Romy Schneider) confirme la première impression qu’il avait laissée sur la Croisette. Que l’émotion puissante qu’il suscite va au- delà de la présence d’un Gaspard Ulliel habité à son casting, alors que le sujet de la mort plane tout au long du récit. Que Plus que jamais transcende son sujet pour devenir un film incroyablement solaire au fur et à mesure que celle qui voit la Grande Faucheuse fondre sur elle se réapproprie sa vie pour décider de quand elle choisira de la quitter. Et le fait que celle- ci soit incarnée par Vicky Krieps, magistrale d'abandon et de puissance, n’y est évidemment pas pour rien. Un grand et beau film à découvrir le 16 novembre au cinéma.
La fantaisie du jour : La Petite bande de Pierre Salvadori
Il y a toujours une gourmandise à voir évoluer un cinéaste hors de sa zone de confort. C’est le cas ici avec Pierre Salvadori, un des auteurs majeurs de la comédie made in France qui s’aventure sur le terrain du film pour enfants avec pour jeunes héros, une petite bande de gamin de 12 ans qui fomente une stratégie pour faire sauter l’usine polluant leur village et en kidnapper le directeur. Et le résultat se révèle particulièrement savoureux. Pour sa manière de raconter cette histoire à hauteur d’enfants et non d’adulte. Pour sa façon d’y distiller la thématique centrale de son cinéma depuis toujours, de Cible émouvante à En liberté !: la fabrication du mensonge et ses dommages collatéraux, avec ce sens du burlesque réjouissant. Mais aussi et surtout pour sa justesse de la description de la violence et la cruauté dont peuvent faire preuve les enfants. A mille lieux d’un gentil film à l’eau de rose, La Petite bande tient ses jeunes spectateurs (et les plus âgés) en haute estime. A découvrir en salles le 20 juillet.
La chanson du jour : Total eclipse of the heart de Bonnie Tyler
Les tubes des 80’s ont la côte en ce moment. Du Running up that hill de Kate Bush dans Stranger Things aux Une autre histoire de Gérard Blanc ou Petite de Renaud entendus à Cannes, respectivement dans L’Innocent de Louis Garrel et Nos frangins de Rachid Bouchareb. Dans Deserto particular d’Aly Muritiba (le candidat brésilien à l’Oscar du film en langue étrangère 2022), c’est Total eclipse of the heart de Bonnie Tyler qui donne un relief tout particulier à la première rencontre entre ses deux personnages principaux : Daniel, un flic suspendu pour violence et Sara dont il est tombé amoureux via Internet et pour laquelle il décide un jour de traverser le Brésil afin, enfin de la rencontrer, après qu’elle a cessé soudain de répondre à ses SMS. Le tube écrit par Jim Steinman en 1983 (dont la meilleure utilisation au cinéma à ce jour reste sa ré-interprétation par Cate Blanchett et Bruce Willis dans Bandits de Barry Levinson) est celui de leur premier slow, de leur premier contact physique avant que Daniel découvre vraiment qui est Sara et que ce moment remette en cause au plus profond celui qu’il croyait être, à commencer par sa sexualité. Un film sur la déconstruction de la masculinité brésilienne qui passe par la sensualité des corps. Une mèche allumée par les 4’30’’ de Total eclipse of the heart.
Commentaires