Spellbound
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Le prochain film Apple Original par Skydance Animation s'est en partie dévoilé au festival d'Annecy. Nous avons rencontré la réalisatrice Vicky Jenson et le scénariste Brian Pimental.

Toujours très courus au Festival d'animation d'Annecy, les work in progress permettent de se faire une petite idée de ce que sera un film des mois (voire des années) avant sa sortie. On a ainsi pu avoir un court aperçu de Spellbound, long-métrage Apple Original par Skydance Animation - où John Lasseter a retrouvé un poste de directeur créatif après son départ de chez Disney et Pixar.

Prévu pour 2024, Spellbound sera un « conte de fées musical » dans lequel une princesse, Ellian, (doublée par Rachel Ziegler) gère seule le royaume depuis que ses parents (Nicole Kidman et Javier Bardem) ont été transformés en monstres décérébrés (l'aspect le plus cartoonesque du film) par un terrible sort. Depuis, la jeune femme est en quête d'une solution pour ramener son père et sa mère à leur forme humaine. « C'est une adolescente qui essaie de gérer une vie d'adulte », nous confie au lendemain de la présentation la cinéaste Vicky Jenson, connue pour être la co-réalisatrice de Shrek et de Gang de requin. « Elle a tellement de pression... Elle n'a pas la liberté d'être qui elle voudrait à cause de ce terrible sort. Donc son objectif est de le lever pour enfin avoir droit à une vie normale. »

Spellbound
Apple Original Films et Skydance Animation

Spellbound est un projet initialement développé par Ilion Animation, studio madrilène racheté entre deux par Skydance. Et les premières ébauches n'étaient pas forcément au goût de Jenson : « Les artworks me semblaient un peu déjà vus. On était sur des inspirations anglaises, celtes et vikings. Vu que nous étions physiquement à Madrid pour les découvrir, je me suis dit qu'il fallait se servir de la beauté de la ville pour repenser tout ça. C'est ainsi qu'on a décidé de partir des motifs de l'Espagne du XVIe, XVIIe et XVIIIe siècle. Visuellement, tout a évolué à partir de là. » Le film joue la carte de « l'émotion et de l'humour » (notamment avec les parents), ce qui a demandé pas mal d'ajustements. « C'est compliqué de mettre trop de choses drôles, parce qu'on peut vite perdre le cœur du film, qui est le destin de cette jeune femme. Mais la vie est pleine d'absurdités et d'humour. Tout est question d'équilibre. »

Des musiques signées Alan Menken

Pour sa première comédie musicale, Skydance Animation s'est offert les services du compositeur surdoué Alan Menken (La Petite Sirène, La Belle et la Bête, Aladdin...). « C'était à la fois très intimidant et galvanisant », assure Jenson. « On se sentait en sécurité, parce qu'Alan a ce superpouvoir qui lui permet de créer des musiques à la fois mémorables et intemporelles. On était entre de bonnes mains ! Mais au départ, le film ne devait pas être une comédie musicale : c'est le patron de la branche animation à l'époque, Bill Damaschke, qui a imposé l'idée. Dans le milieu de la comédie musicale, il se dit que quand les émotions sont trop fortes pour parler, alors il faut chanter. Et quand elles sont trop fortes pour chanter, il faut danser (Rires.) Ce qui fait complètement sens avec l'histoire qu'on raconte. »

« Et c'était d'autant plus important que notre personnage principal semble très optimiste. Ce n'est que quand elle chante qu'on comprend ce qui se passe dans sa tête. Sans chansons, ça aurait été très compliqué à exprimer, à moins de passer par un monologue », complète le scénariste Brian Pimental, qui assure par ailleurs que les méthodes de travail mises en place par John Lasseter chez Skydance Animation n'ont pas grand-chose à voir avec celles des autres grands studios américains. « On est tous autour de la table et tout le monde a voix au chapitre. C'était comme ça chez Disney quand j'y ai travaillé, mais dès que j'ai commencé à aller voir ailleurs, je me suis rendu compte qu'on me disait exactement ce que je devais faire. Pas de ça chez Skydance. »

Vicky Jenson : « Dans la plupart des studios, il est possible de faire des retours et de donner son avis. Mais très peu d'entre eux incluent les employés dans le processus de résolution des problèmes. John est arrivé à Skydance avec ce concept de story trust, qui permet de montrer son projet aux autres réalisateurs et scénaristes du studio pour qu'ils vous donnent leurs avis. C'est un formidable outil pour nous, parce que ça permet de profiter de l'expertise de tous ces gens, tout en prenant du recul sur le film. Ce qui n'est pas facile quand on a le nez dedans toute la journée ! Ca permet d'éviter des erreurs et d'améliorer son projet. Je n'ai jamais vu ça ailleurs que chez Skydance Animation. »

Spellbound sortira en 2024 sur Apple TV+.