Le réalisateur chilien se fait du souci pour son collègue.
Si David Lynch a échoué dans son adaptation de Dune, sortie en 1984, que dire d’Alejandro Jodorowsky qui n’a même pas pu aller au bout de son projet dans les années 1970 ? Une débâcle détaillée dans le documentaire de 2013, Jodorowsky’s Dune, qui hante encore le cinéaste chilien, qui s’en est confié récemment à Indiewire.
"Dune est un livre qui ressemble à du Proust. C’est de la science-fiction, mais c’est très, très littéraire. C’est très dur de trouver des images à transposer parce qu’un film repose sur l’optique. A l’époque où j’ai eu l’idée de le faire, nous vivions une crise écologique. Je ressentais ce que les gens ressentent aujourd’hui. Nous sommes face à un problème écologique, la Terre change, et votre président fou n’y croit pas. C’est ce qu’est Dune au départ".
Jodorowsky's Dune : histoire d'un film mauditJodorowsky se souvient aussi de son état d’esprit au moment de la sortie du film de David Lynch, qui s’était soldé par un flop douloureux. "Quand ils ont dit que c’était le moment de faire Dune, et David Lynch l’a fait, ça m’a rendu malade parce que c’était mon rêve. Le film a été présenté à Paris, et mon fils m’a dit : ‘il faut que tu vois le film’. J’en étais malade, malade. Puis j’ai commencé à regarder le film, et petit à petit j’étais heureux, tellement heureux parce que le film était merdique. J’ai réalisé que personne ne pouvait faire Dune. C’est légendaire".
Jodo n’a pas non plus oublié la promo du film de Lynch, qui utilisait son échec comme argument marketing ("Ca disait : ‘le film que Jodorowsky n’a pas réussi à faire'."). Ce qui ne sera pas le cas cette fois. “Ils ne veulent pas parce que c’est à moi que ça ferait de la publicité. Mais en secret, ils se disent : ‘maintenant on va faire cet énorme film que Jodorowsky n’a pas fait ! Et ce sera fantastique ! Le réalisateur est un génie’. Sauf que personne ne peut pas être un génie à Hollywood. Personne. Parce que c’est un business".
Le réalisateur de La Montagne sacrée n’est donc pas très optimiste pour la nouvelle tentative de Denis Villeneuve, qu’il y ira toutefois voir "avec plaisir, parce que sera différent. Ce ne sera pas la même chose. C’est impossible à faire".
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