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Une affaire rondement menéeQuand Avi Arad prend la casquette de maitre d'oeuvre du Marvel Studios, l'homme d'affaire devenu producteur a des plans. Il voit loin. Rapidement il monte les X-Men avec Bryan Singer, puis Spider-Man avec Sam Raimi et Hulk avec Ang Lee. Pour le film de super héros, c'est une révolution. On craignait des blockbusters insipides, c'est tout le contraire. Mais à bien y repenser, l'intuition d'Arad avait un précédent. Si l'homme se contredira pas la suite en débauchant des tacherons sur certains projets comme Dardevil, l'idée d'amener des auteurs sur des films de cette envergure datait du Batman de Tim Burton, et même en remontant plus loin au Superman de Richard Donner. DC, le précurseur, avait donc encore une fois un temps d'avance. Sauf que comme d'habitude, il n'a pas su sentir le vent tourner avec ce renouveau du genre au cinéma. Il réagira tardivement, mais laissera passer un gros morceau, sa Justice League of America, doublée par Avengers.Pour monter ce projet d'envergure réunissant en salles Captain America, Iron Man, Thor, Hulk, Hawkeye, Black Widow, Loki et Nick Fury, Marvel, Arad et la Paramount ficellent un important plan financier. Afin d'imposer avec cohérence et ambition leur film, ils visent une stratégie de communication et de marketing inédite en lançant plusieurs opus dédiés aux principaux héros des vengeurs. A l'aide de brèves séquences le plus souvent post générique introduisant Samuel Jackson dans le rôle de Nick Fury, leader du S.H.I.E.L.D, le studio crée ainsi un univers partagé. Après avoir annoncé son but dès 2005, Marvel passe donc à l'action en 2008 avec Iron Man, puis Hulk (version Louis Leterrier), Thor et Captain America. Il faudra à peine quatre ans pour tout installer, et cinq pour que sorte enfin Avengers. Du vrai papier à musique, sans accrocs malgré une nette avance dans les charts d'Iron Man.L'homme providentielLa première force du projet est de reprendre, à une exception près (Ed Norton laisse sa place à Mark Ruffalo dans le rôle de Hulk), le casting des autres films ; la plupart des acteurs ayant par ailleurs signé pour plusieurs titres, dont 9 pour Samuel Jackson. La seconde est annoncée en avril 2010, lorsqu'on chuchote le nom de Joss Whedon aux commandes du projet. Père de Buffy et geek invétéré, Whedon est aussi célèbre et respecté pour ses scénarios de comics que ses séries télé. Il est donc l'homme providentiel. Son officialisation enthousiasmera les foules, et la présentation de l'équipe au complet lors du Comic Con de San Diego en 2010, met le public en liesse. Arad et Marvel ont ainsi blindé leur projet, avec Whedon comme capitaine, impossible que le film trahisse l'esprit d'origine, même si on pourra avoir plus de réserves sur son co-scénariste, Zak Penn, auteur des plus mauvais films Marvel (X-Men 3, Hulk 2, Elektra).La suite n'est qu'une longue campagne promotionnelle à coups de teaser, de photos et d'annonces. Car tout doit être prêt pour faire monter la sauce l'année où DC sort le troisième opus très attendu de Dark Knight. Les deux studios se battant à renforts de trailers explosant les records d'audience sur iTunes, où ils sont respectivement diffusés en exclusivité. La JLA n'est pas prête, mais la baston continue. Pour Marvel désormais détenu par Disney, elle pèse lourd, pas moins de 220 millions de dollars hors publicités (250 pour Warner et son nouveau Batman). L'enjeu est important mais le succès est déjà dans la poche, au moins sur ses terres américaines. Sur le film, avant même son lancement, Whedon a annoncé que l'édition vidéo contiendrait 30 minutes supplémentaires coupées au montage. De quoi relancer une machine qui a su relever le défi du film de groupe avec allure et humour. Plus étonnant, à quelques jours de la sortie française, Robert Downey Jr et Mark Ruffalo confirment le tournage de dernière minute d'une nouvelle scène à paraitre dans le montage final. De quoi tenir en haleine jusqu'à la sortie. Pendant ce temps là DC et Warner comptent les points, rêvant d'une JLA bien compliquée à faire naître. Et Marvel tourne déjà ou presque les suites d'Iron Man, Thor et Captain America. Sans parler de Spider-Man bientôt en salles. Si avec ça le super héros n'a pas de beaux jours devant lui.Jérôme DittmarLes épisodes précédents :Episode 1 : la guerre de cent ansEpisode 2 : la bataille perdue de DC ComicsAvengers, le grand art du blockbuster : review