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On a classé les 20 plus grands films distingués par l’Académie avant la 89e cérémonie des Oscars.

Prenez la liste des lauréats de l’Oscar du meilleur film depuis la première cérémonie en 1929, c’est vertigineux. Une histoire du cinéma américain non pas parfaite (ce ne sont pas toujours les meilleurs qui gagnent) mais tout de même impressionnante et représentative des époques et mouvements successifs par lesquels il est passé.
En prévision de la 89e cérémonie des Oscars qui sacrera le 89e lauréat de cette liste dans la nuit de dimanche à lundi, nous avons choisi les 20 meilleurs films distingués par l’Académie et les avons classés du moins bon (façon de parler) au meilleur. Le gagnant de 2017 viendra-t-il enrichir ce classement ? Réponse lundi 27.

Les pires Oscars du meilleur film

20. Annie Hall de Woody Allen
4 Oscars en 1978

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Le film qui a tout changé. Pour Woody Allen, d’abord, clown à lunettes qui entamait ici sa métamorphose en auteur « sérieux » et ne tardera pas à s’envisager en héritier bergmanien. Pour les comiques du monde entier, ensuite, qui ont soudain vu s’élargir leurs horizons – aujourd’hui encore, tous les grands rigolos US, de Judd Apatow à Louis C.K, rêvent secrètement de tourner un jour une comédie romantique aussi miraculeuse et drôle et cool et sexy et tendre et irrésistible qu’Annie Hall. Bon courage les gars.

19. No country for old men de Joel et Ethan Coen
4 Oscars en 2008

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Le mot « Oscar » est synonyme de croûte académique ? Souvent, oui, mais pas quand les Coen entrent dans la course… Neuf ans plus tard, on ne s’est toujours pas remis du choc provoqué par cet Oscar inattendu, inespéré, remis aux frangins pour leur adaptation étouffante de noirceur du roman de Cormac McCarthy. L’un des chefs-d’œuvre de Joel et Ethan, qui fait souffler un vent métaphysique glacial sur les plaines désolées du Texas. Brrrr.

18. New York-Miami de Frank Capra
5 Oscars en 1935

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Peut-être pas le meilleur Capra : on peut lui préférer ses films « naïfs », type Monsieur Smith au Sénat et La vie est belle, ou ses comédies acides à la Arsenic et vieilles dentellesNew York-Miami demeure néanmoins le parangon de la screwball comedy, ce genre très particulier associant la vitesse du burlesque et la lenteur du mélo amoureux, les deux genres dominants de l’époque. L’Oscar fut d’autant plus mérité -et méritoire- qu’il couronna le progressisme de cette histoire de couple illégitime, se jouant en permanence des codes moraux de l’époque.

17. Impitoyable de Clint Eastwood
4 Oscars en 1993

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« C’est cool ! C’est vraiment cool (regard ému sur la statuette)… Je suis dans le coin depuis 39 ans et j’ai été très chanceux ». La salle a fini de rire lorsque Clint prend la parole sur la scène du Dorothy Chandler Pavilion du Los Angeles County Music Center. Mais qu’est-ce que l’Académie récompensait vraiment ce 29 mars 1993 en remettant l’Oscar du meilleur film à Impitoyable ? Le plus beau film de Clint, sommet de sa veine mélancolique et humaniste, racontant l’histoire d’un fantôme qui traverse l’écran le temps de quelques gun fights avant de rejoindre l’obscurité ? Une réflexion sur un genre moribond que les votants voulaient sanctifier avant de le (re)voir disparaître une bonne fois pour toutes ? Ou bien alors Eastwood lui-même qui, à cet instant-là, était enfin devenu « fashionable » - fréquentable, à la mode - comme il le dit dans son discours de remerciement et qui bouclait la boucle d’une carrière avec ce film dédié aux deux géants qui lui avaient mis le pied à l’étrier (Siegel et Leone) ? Les concurrents n’étaient pas très menaçants ce soir-là (Howard’s End ? Des Hommes d’honneur ? Le Temps d’un week-end ? Sérieux ?) mais 1/ Eastwood ne retrouvera plus jamais ce niveau là (non, même avec Mystic River) et 2/ voir Clint prendre sa revanche avec ce titre devant ce parterre qui l’avait trop méprisé reste une source de joie immense !

16. French Connection de William Friedkin
5 Oscars en 1972

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Avant French Connection, les polars urbains violents et « gritty » ne gagnaient pas d’Oscars. Après non plus, d’ailleurs… Mais au début des années 70, il y avait un truc dans l’air qui faisait que l’énergie inouïe avec laquelle William Friedkin brutalisait le genre pouvait rencontrer les faveurs de l’Académie. Le fait qu’il ait mis en boîte la plus grande course-poursuite de l’histoire du cinéma a sans doute aidé.

15. Le Pont de la rivière Kwaï de David Lean
7 Oscars en 1958

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Fort d’une carrière prolifique dans son Angleterre natale (Brève rencontreOliver TwistMadeleineLe mur du son), David Lean prend une autre dimension en franchissant l’Atlantique où il va réaliser trois superproductions (suivront Lawrence d’Arabie et Le docteur Jivago) qui marqueront l’histoire du cinéma mondial. Première d’entre elles, Le Pont de la rivière Kwaï, adaptation du best-seller de Pierre Boulle, est aussi réputé pour ses qualités artistiques que pour son tournage chaotique -durant lequel un assistant réalisateur périra. Le mythe de ce réalisateur génial et tyrannique est né. Il est encore vivace aujourd’hui.

14. Le Parrain, 2ème partie de Francis Ford Coppola
6 Oscars en 1975

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Après l’Oscar du Parrain et la Palme d’or de Conversation secrète, Coppola poursuit son destin de titan avec cette suite, la première de l’histoire du cinéma à comporter le numéro 2 dans son titre, et l’une des plus complexes jamais tournées. Un prolongement, à la fois sequel et prequel, qui entend « corriger » le premier film en en abolissant la dimension romantique et en finissant de portraiturer Michael Corleone en sociopathe sanguinaire. Monumental.

13. West Side Story de Jerome Robins et Robert Wise
10 Oscars en 1962

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Crée pour les planches et inlassablement repris sur toutes les scènes du monde depuis plus d’un demi-siècle, West Side Story est aussi (surtout) resté dans l’histoire comme un des chefs d’œuvre du cinéma. Dès les premières secondes du film, la crainte de ne voir guère plus que du théâtre filmé s’évanouit devant le ballet de la caméra et l’explosion du Technicolor. La puissance à la fois lyrique et sauvage de la musique de Leonard Bernstein, la violence et la grâce des chorégraphies de Jerome Robbins sont décuplées par l’ampleur, le mouvement et l’espace de liberté qu’offre le cinéma. Le film de Robert Wise et Robbins, seul musical de cette liste, est une référence importante pour les Oscars 2017 dont l’enjeu majeur n’est pas de savoir si La La Land va remporter un Oscar, mais combien peut-il en rafler.

12. La Garçonnière de Billy Wilder
5 Oscars en 1961

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Pour les Oscars, c’est le meilleur film de Billy Wilder avec Le Poison –trois statuettes majeures chacun. Plus fort qu’Assurance sur la mort et Boulevard du Crépuscule. Loin devant Certains l’aiment chaud. Tourné en 1960, à l’aube de son déclin artistique, La Garçonnière fait partie de ces films tardifs où se mêlent noirceur existentielle, férocité du trait et maîtrise technique totale. Jack Lemmon et Shirley MacLaine, dans leurs meilleurs rôles, y jouent les amoureux les plus délicatement contrariés vus à l’écran -et en Scope. Chef d’œuvre ? Chef d’oeuvre.

11. La Liste de Schindler de Steven Spielberg
7 Oscars en 1994

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Sept Oscars, trois Golden Globes, sept Bafta, 321M$ de recettes mondiales (un exploit, vu le sujet difficile, la durée pharaonique et le traitement en noir et blanc) : La Liste de Schindler est le film de tous les records pour Steven Spielberg, qui a porté cette histoire en lui pendant dix ans. Avec son scénario ciselé par Steven Zaillian, son score composé par John Williams et sa photo assurée par Janusz Kaminski (tous trois oscarisés, en plus de Spielberg), La Liste de Schindler est la quintessence de ce que l’industrie pouvait offrir de mieux dans les années 90. Les Oscars ne s’y sont pas trompé.

10. Danse avec les loups de Kevin Costner
7 Oscars en 1991

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Star contestée des années 80 (ses détracteurs lui reprochaient son inexpressivité), Kevin Costner passe derrière la caméra en 1990 et met tout le monde d’accord avec ce coup d’essai-coup de maître : un western d’une beauté et d’un lyrisme fous, long de trois heures, qui fait la synthèse entre l’héritage de John Ford et les effluves libertaires des anti-westerns seventies. Le climax de la carrière de son auteur-interprète. Le soir des Oscars 91, il se paye même le luxe de battre Les AffranchisDanse avec les loups est-il un meilleur film que Les Affranchis ? Hum, c’est un vaste débat. Mais un meilleur « film à Oscar » que Les Affranchis, ça, oui, incontestablement.

9. Titanic de James Cameron
11 Oscars en 1998

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Depuis Ben-Hur, c'est la première fois qu'un film gagnait autant d'Oscars. Onze en tout. Une manière pour l'Académie de couronner le triomphe mondial du "plus grand succès de tous les temps" ™ ? Pas seulement. James Cameron a canalisé l'hubris hollywoodien des origines avec ce film gigantesque, démesuré de tous ses côtés (budget, durée, construction, effets spéciaux). Qui, au fond, n'est qu'une histoire d'amour presque bête entre un mec et une nana. Il fallait vraiment être Cameron pour sentir qu'en rajoutant un iceberg entre eux ça pourrait cartonner.

8. Ben-Hur de William Wyler
11 Oscars en 1960

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C'est quoi, du cinéma total ? C'est un film de 3h30, c'est la réactualisation du grandiose du muet aux techniques modernes (le film est tourné en Ultra Panavision 70) c'est Charlton Heston surhumain, c'est la course de chars supervisée par Sergio Leone dans un stade de 460 mètres de long, c'est une partition de Miklós Rózsa qui allait être pillée par tout le monde, c'est un sujet révisionniste qui appelle forcément le spectaculaire (l'Evangile réécrite sous l'angle épique par un écrivain ex-confédéré), c'est onze Oscars raflés d'un coup (un record que partageront plus tard Titanic et Le Retour du roi, autres exemples de cinéma total). C'est Ben-Hur. Amen.

7. Qu’elle était verte ma vallée de John Ford
5 Oscars en 1942

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Ironiquement, John Ford n’a jamais remporté l’Oscar pour un western. Pas si surprenant dans la mesure où les préférences de l’Académie -qui porte bien son nom- sont toujours allées aux genres « nobles » (drames, comédies dramatiques, superproductions historiques). Avec ce portrait d’une pauvre famille de mineurs du Pays de Galles, Ford cochait toutes les bonnes cases : sujet consensuel, humanité grandiloquente des personnages, puissance iconique des images… Beau et tragique comme du Dickens, Qu’elle était verte ma vallée est une illustration insurpassable du classicisme au cinéma.

6. Rocky de John G. Avildsen
3 Oscars en 1977

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A la fin du film, Rocky perd, et c’est ça qui est beau. Mais dans la vraie vie, Stallone gagne, et c’est encore plus sublime. L’un des meilleurs films des années 70, l’un des plus beaux Oscars de l’histoire des Oscars, qui rejoue « in real life », avec un véritable happy end à la clé, le parcours de l’étalon italien, outsider à la gueule cabossée surgi de nulle part. Notons que Rocky triompha ce soir-là de Taxi DriverNetworkLes Hommes du Président et En route pour la gloire et tirons-en la conclusion que c’était quand même pas mal, 1976.

5. Autant en emporte le vent de Victor Fleming
8 Oscars en 1940

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Fresque immense sur la chute d’une civilisation, saga familiale bouleversante, histoire d’amour qui rend fou, sublime portrait de femme, Autant en emporte le vent est un chef d’œuvre indépassable, incontestable, indémodable. Indétrônable aussi : près de 80 ans après sa sortie, il domine toujours le box-office mondial et reste le plus gros succès de l’histoire du cinéma. En 1939, il est également le premier long métrage en couleurs et, en 1940, offre le premier Oscar de l’histoire à une artiste noire – Hattie McDaniel, la « Mama » de Scarlett, sacrée meilleure actrice dans un second rôle, malgré les lois raciales en vigueur qui l’empêchèrent d’assister à la première du film à Atlanta. Mais « tomorrow (was) another day ».

4. Le Parrain de Francis Ford Coppola
3 Oscars en 1973

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L’un des rares films absolument parfaits de l’histoire du cinéma, comme, disons, Chantons sous la pluieRio BravoLes Aventuriers de l’Arche perdue et Piège de Cristal. C’est-à-dire un film dont chaque nanoseconde respire le génie pur, dont chaque photogramme pourrait être disséqué à l’infini, et qui procure un plaisir absolu, éternel. Comme, en plus, Le Parrain a eu l’Oscar, on peut en conclure que c’est le plus parfait des films parfaits.

3. Casablanca de Michael Curtiz
3 Oscars en 1944

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Sorti en limited release en 1942, Casablanca ne concourut aux Oscars qu'à la cérémonie de 1944 où il gagna trois trophées sur huit nominations. Il y aura encore un an de guerre pour abattre le IIIème Reich, et à l'époque Casablanca fait figure aussi bien d'oeuvre de résistance (spécialité du studio Warner, dont un employé avait été assassiné par les nazis en 1936, et qui produisit Les Aveux d'un espion nazi dès 1939) que de film-somme de l'Age d'or d'Hollywood : à travers les relations complexes du triangle Claude Rains-Humphrey Bogart-Ingrid Bergman les figures du film noir, de l'exotisme, du romantisme et de la guerre se mêlent, dans un coin du Rick's Cafe, ce vieux repaire de nos souvenirs où le tube s'appelle "As Time Goes By".

2. Voyage au bout de l’enfer de Michael Cimino
5 Oscars en 1979

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Un film surpuissant, colossal, d’une originalité et d’une ambition hors norme, à l’époque reçu comme un film de droite, et qui battit aux Oscars 1979 la version « de gauche » du film de vétérans vietnamiens (Retour, d’Hal Ashby). Une fois parvenu à ce sommet-là, où la vue doit être vertigineuse et l’air très rare, Michael Cimino allait ensuite passer le reste de sa carrière à chuter sans fin.

1. Lawrence d'Arabie de David Lean
7 Oscars en 1963

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"Nothing is written", répètent tous les personnages de Lawrence d'Arabie. Le regard de Peter O'Toole porte bien au-delà du cadre même de la pellicule 70mm, comme s'il cherchait à échapper à la boucle terrible de l'Histoire en créant la sienne propre. En menant sa guerre dans le désert, en devenant l'artisan de son propre destin. Nothing is written : le triomphe de Lawrence d'Arabie aux Oscars 1962 (sept sur dix nominations) face au Jour le plus long et Du silence et des ombres n'était pas écrit non plus.

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