James McAvoy
20th Century Fox

Dans X-Men Apocalypse, James McAvoy endosse pour la troisième fois le costume du professeur Xavier. Mais c'est la première fois qu'on a failli se fâcher avec notre Ecossais préféré.

Lire notre critique d'X-Men Apocalypse

Il y a une forme de crispation dans votre jeu. Quelque chose d’indéfinissable, comme si vous n’étiez jamais tranquille. Ça porte vos personnages.
Hum…

Ça ne vous plaît pas ?
Ben… On m’a déjà dit ça, on m’a demandé si je prenais des excitants. Le truc qui me reste à apprendre, c’est la relaxation. Certains acteurs arrivent à se détendre. Moi j’essaie. Et sûrement que parfois, ça ne marche pas de tout donner comme je le fais… (Silence. Il est visiblement irrité) Bon, j’ai faim, je vais prendre quelque chose à manger (Il va au mini-bar de la chambre d’hôtel, cherche pendant deux minutes, prend des amandes grillées, s’assied à nouveau). Donc ?

Je disais que vous étiez contracté à l’écran. Vous l’avez pris comme une critique je crois, alors que c’était juste une remarque. Je voulais savoir d’où ça venait.
Ouais (Il grogne). Je ne sais pas d’où je tiens ça. Certains n’aiment pas cette façon de jouer.

Si ça peut vous rassurer, ce n’est pas mon cas.
Merci, c’est gentil (il se détend un peu). Bref, il y a des gens qui préfèrent des acteurs figés. Certains réalisateurs aussi, c’est très emmerdant putain. C’est pas mon style. Un réalisateur avec qui j’ai bossé a détesté mon jeu.

Qui ?
Je ne vous le dirai pas. Dès le premier jour, il m’avait dans le nez. Il m’a carrément montré des vidéos d’acteurs en me disant : « Tu dois jouer comme ça ». Pas question, va te faire foutre ! Je n’ai rien changé, de toute façon je ne sais pas faire autrement. Si tu n’aimes pas ma façon d’aborder le personnage, fallait me faire virer.

C’était votre pire tournage ?
À l’aise. Venir tourner ses scènes en sachant que le mec de l’autre côté du combo trouve que ton boulot est nul, y a rien de plus déprimant.

Avec Bryan Singer, c’est plus simple ?
C’est un mec bien. Il comprend profondément ce qui marche dans ces films, ce qui divertit les gens. Bryan vit et travaille avec ces personnages depuis seize ans, il contrôle tout.

Rencontre avec Bryan Singer

En parlant de réalisateurs, vous avez dernièrement tourné avec M. Night Shyamalan.
Oui, pour Split, un film très intéressant et original. Complètement différent de tout ce que j’ai fait avant. Un truc à petit budget qui m’excite beaucoup.

Shyamalan a repris du poil de la bête avec The Visit.
C’était super, hein ? Vraiment flippant. Il a eu une période de creux mais je crois qu’il est reparti sur de très bonnes bases. Il est surprenant ce mec. Je ne peux pas parler de Split parce que c’est un projet très secret, mais c’est vraiment bandant, plein de surprises.

Venons-en à X-Men : Apocalypse. Ça a changé des choses, ce voyage dans le temps dans Days of Future Past ?
Oui, je n’ai pas le droit de vous dire quoi, mais oui (rires). Bonne chose, ça a effacé X-Men 3, c’est déjà pas mal ! Et le temps entre les années 70 et le présent a pu être modifié. À mon sens c’était plus intelligent de procéder ainsi plutôt que de rebooter la franchise.

Comme pour Les Quatre Fantastiques…
Hum, je ne l’ai pas vu donc je me garderai bien de faire des commentaires. C’est dommage, il y avait de super acteurs au casting. Je suis pote avec Jamie Bell, je suis désolé pour lui. De toute façon ils vont sûrement attendre cinq ans et le rebooter à nouveau ! (rires)

Il y a tout de même eu une respiration au milieu de ces reboots en séries : le petit nouveau Deadpool qui fait un carton malgré son classement R-Rated aux États-Unis.
J’ai fait Wanted qui était R-Rated, donc ça me parle. Je suis très content de voir que ça marche auprès du public. C’est un signe. Peut-être qu’il y aura plus de films sanglants adaptés de comics qui marcheront au box-office. Sauf qu’on sait que quand un truc fait de l’argent, il y a dix imitations derrière et aucune ne fonctionne. Ce succès est peut-être uniquement lié à Deadpool, un mélange dont on ne connaît pas vraiment la recette fait d’acteurs, d’histoire et de personnages.

Si tu mets TOUS les X-Men et TOUS les Avengers ensemble, ça devient n’importe quoi

Ce ne serait pas l’occasion d’unifier le ton de ces films et de mettre tous les personnages Marvel dans le même univers ?
Ça n’arrivera jamais, parce que trop d’argent est en jeu. 20th Century Fox devrait partager les revenus avec Marvel Studios. Et puis je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Le plus important - pour n’importe quel film - c’est d’être attaché aux personnages. Et plus il y en a, moins on peut s’attacher. X-Men ou Avengers sont déjà arrivés à la limite de ce qu’il est possible de faire. Si on dépasse ça, on finit par s’en foutre. Peut-être qu’on pourrait unifier les univers, mais si tu mets TOUS les X-Men et TOUS les Avengers ensemble, ça devient n’importe quoi.

Justement, dans Apocalypse une ribambelle de nouveaux mutants, bien plus jeunes, débarquent au casting. C’est un film sur la transmission ?
Il y a de ça. C’est aussi un film sur la famille. Des gens qui vivent ensemble depuis longtemps, des enfants qui s’ajoutent…

Donc c’en est fini de la persécution des mutants et de la métaphore du racisme ?
Comme ils ont modifié l’Histoire dans le précédent, le monde connaît déjà les mutants dans les années 80. Ils sont bien plus intégrés et acceptés. Il y a des athlètes mutants par exemple. La thématique a effectivement changé.

Charles Xavier aussi ?
Depuis X-Men : Le Commencent et X-Men : Days of Future Past, Charles a beaucoup évolué. Il se maîtrise plus qu’avant, en a fini avec sa période auto-destructrice. Il a fait la paix avec lui-même, comme on dit. C’est un enseignant qui croit que les enfants doivent être protégés à tout prix. Il ne cherche pas à sauver le monde, juste à transmettre des valeurs à ces gamins, un par un. Mais il a aussi une organisation militaire dans son sous-sol. Et il tuera des gens s’il le faut.

Et le personnage d’Apocalypse est son miroir déformant.
Oui, c’est son opposé, et c’est ce qui l’aide à le combattre. En étant vulnérable et ouvert, il devient plus fort. Et il a Jean Grey, une mutante au pouvoir dévastateur. Charles doit la contenir, la faire se sentir en sécurité pour que ce pouvoir soit canalisé et utilisé contre Apocalypse.

Vous êtes arrivé à la fin de votre contrat sur la franchise X-Men. Il y a de la négociation dans l’air pour d’autres films ?
Mon contrat est fini, ça y est. Je ne sais pas si je veux continuer. Comme toujours, il faudrait une bonne histoire. J’attends de voir ce que Simon Kinberg écrira. Si c’est un arc intéressant pour le personnage, je pourrais penser à m’engager sur plusieurs films. Mais ils ne veulent peut-être plus de moi, qui sait si Charles Xavier sera dans le prochain film. Et si c’est fini, c’était vraiment cool à faire.

X-Men : Apocalypse est aujourd'hui dans les salles