S’il devait y avoir une palme de la coolitude à Cannes cette année, Dope remporterait assurément le trophée. Réalisateur quasi-inconnu en France (seul son dernier film La Guerre des pères a eu droit à une mini-sortie en salles en 2011), Rick Famuyiwa nous emmène dans les ghettos de Los Angeles pour conter l’histoire d’un type d’ado très rare au cinéma : le geek black.Malcolm n’a jamais voulu être un gangster. Sapé comme un rappeur des nineties, ce frêle dandy d’Inglewood écoute du punk, roule en skate, et ambitionne de rentrer à Harvard. Comme tout bon nerd, il se fait régulièrement tabasser dans les couloirs du lycée, « zigzaguant entre les mauvais choix, et les choix encore pires. » Mais son destin prend un détour inattendu lorsqu’un dealer lui confie un sac bourré de « molly » : comment arriver à la case Grande Ecole sans se faire étriper par les hordes de voyous qui convoitent ses puissantes capsules de MDMA, si possible en raflant quelques dollars au passage ?Rick Famuyiwa n’a pas forcément le talent satirique d’un Spike Lee, l’élégance pop d’un Justin Simien (auteur du brillant Dear White People) ou le sens de la punchline de Judd Apatow. Sa mise en scène se perd parfois un peu dans les gimmicks inutiles (accélérés / ralentis, flashbacks tarantiniens, split-screen) ou le vouloir-dire social forcé sur la condition des afro-américains (le discours final en regard-caméra), c’est vrai. Mais malgré ces quelques détails maladroits, son teen-movie à la sauce « Black Studies » séduit. Tourné dans le même lycée que la série Freaks and geeks, il met à profit son casting stylé (Zoe Kravitz, des rappeurs comme A$AP Rocky ou Vince Staples, et la révélation Shameik Moore dans le rôle principal) pour construire de vrais personnages, tchatcheurs et attachants.Dans Dope, les wannabe rappeurs prennent des cours d’élocution « gangsta », les voyous géolocalisent leurs proie à l’iPad, les nerds dealent sur le Dark Web et plaisent aux jolies filles, qui leur vomissent parfois dessus, entre deux discussions sur les dates exactes sur l’âge d’or du rap et l’utilisation du « n-word ». Bref, c’est drôle, tendre, sexy, plein de gouaille. Et pour ne rien gâcher, Pharrell Williams est aux platines, pour une B. O. hip-hop endiablée, mêlant classiques nineties et embardées contemporaines. On hoche la tête en rythme, et avec le sourire. Because we’re happyyyy.Eric Vernay (ericvernay)Bande-annonce de Dope, qui n'a pas encore de date de sortie française :
Commentaires