The Substance Depuis que Julia Ducournau a prié un soir de Palme d’or (Titane en mai 2021) de « laisser rentrer les monstres », les pontes du Festival de Cannes ont ouvert les portes de la bergerie. The Substance de Coralie Fargeat, comédie ouvertement gore a ainsi atterri au milieu des huiles, en compétition. |
Thomas Baurez | |
Libre Après les voleuses… le voleur ! Après le carton de son précédent long sur Netflix, Mélanie Laurent retrouve Prime video, la plate- forme d’un autre de ses succès, Le Bal des folles, pour raconter Bruno Sulak, cambrioleur de haut vol surnommé le « Arsène Lupin des bijouteries » qui a sévi entre 1978 et 1984. Libre n’a ni la puissance émotionnelle d’un Respire ou d’un Bal des folles ni l’aspect jouissivement explosif de Voleuses. |
Thierry Chèze | |
Juré n°2 Justin (Nicholas Hoult) est un jeune homme bien sous tout rapport. Un jour, il se retrouve juré dans une affaire de meurtre ultra-médiatisée. L'accusé, James (Gabriel Basso), est connu pour être un homme violent. Il aurait tué Kendall, sa compagne, après une dispute dans un bar, un soir de pluie. Pour la procureure Faith (Collette), c'est une affaire idéale. Le coupable est tout trouvé, et elle compte bien se servir de ce procès pour booster sa campagne électorale. |
Pierre Lunn | |
Totem La vie est douce, à sept ans. Sauf lorsque la maladie frappe à la porte. La petite Sol le sait : son père va mourir d’un cancer. L’air est lourd, grave, suffocant. Et pourtant, toute la famille se réunit pour fêter l’anniversaire de celui qui se rapproche un peu plus de la mort. Regarder Totem, c’est se remémorer un vieux souvenir d’enfance, celui où les cousins se bousculent dans une maison un peu trop petite, où les mères et les tantes portent toute la charge mentale du foyer, où le gâteau crame dans le four, où l’on s’égaye d’avoir son premier poisson rouge. |
Lucie Chiquer | |
3 | Sur un fil Depuis ses débuts voilà 15 ans dans Un prophète, Reda Kateb n’a eu de cesse comme acteur d’arpenter des univers où on ne l’attendait pas forcément. Et il en va de même pour son premier long métrage réalisateur où il plonge dans l’univers des clowns pour enfants malades par le prisme d’une jeune artiste de rue qui, après une grave blessure, va s’y reconstruire et trouver un sens à son existence. Kateb assume en effet à 100% le registre ultra- émotionnel dans lequel son récit évolue, sans chercher à le complexifier inutilement pour « faire auteur ». |
Thierry Chèze |
3 | Sur un fil Depuis ses débuts voilà 15 ans dans Un prophète, Reda Kateb n’a eu de cesse comme acteur d’arpenter des univers où on ne l’attendait pas forcément. Et il en va de même pour son premier long métrage réalisateur où il plonge dans l’univers des clowns pour enfants malades par le prisme d’une jeune artiste de rue qui, après une grave blessure, va s’y reconstruire et trouver un sens à son existence. Kateb assume en effet à 100% le registre ultra- émotionnel dans lequel son récit évolue, sans chercher à le complexifier inutilement pour « faire auteur ». |
Thierry Chèze |
1 | Rivière Manon, joueuse de hockey fraîchement arrivée à Belfort dans l’espoir d’y trouver son père, croise la route d’une bande d’amis un poil casse-cou. Une bonne base pour un coming-of-age, qu’Hugues Hariche gâche hélas par la faiblesse de l’écriture de ses personnages féminins. En voulant autant aborder le lesbianisme que le sport ou même la santé mentale, il s’emmêle les pinceaux et finit par enchaîner les banalités. |
Lucie Chiquer |
2 | Le Repli Interrogé par des chaînes d’infos américaines le soir du 13 novembre, le militant des droits de l’homme Yasser Louati est sommé par les journalistes de “condamner” les attentats au nom des musulmans de France. Le premier d’une longue liste d’incidents racistes. Et alors que la France s’enfonce dans l’État d’urgence et la recherche d’un “ennemi intérieur” (vocable emprunté à l’extrême droite), le réalisateur Joseph Paris passe ici avec lui au peigne fin les soubresauts identitaires de la décennie précédente jusqu’à l’avènement d’un puissant racisme anti- musulmans. |
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3 | L'art d'être heureux Il a toujours rêvé d’être reconnu pour ses œuvres sans que jamais la gloire ne vienne frapper à sa porte. Alors Jean- Yves, le peintre, héros du nouveau Stefan Liberski (Bunker Paradise) a décidé de changer de vie et de s’installer dans une petite ville normande afin d’y trouver l’inspiration pour créer son chef d’œuvre. Nul besoin d’être devin pour comprendre que rien de cela ne se produira et c’est précisément ce qui fait le sel de ce portrait d’un loser magnifique. |
Thierry Chèze |
Flow, le chat qui n'avait plus peur de l'eau En 2019, Gints Zilbalodis apparaissait sur nos radars avec un premier long méditatif et poétique, Ailleurs, réalisé entièrement seul sur son ordinateur - sacré exploit. Cinq ans plus tard, le réalisateur letton s’est cette fois entouré d’une large équipe pour donner vie au non moins insensé Flow, le chat qui n’avait plus peur de l’eau, film d’animation sans paroles qui met en scène un adorable matou se réveillant dans un monde où l’humanité semble s’être évaporée. |
François Léger | |
Anora De quelle manière le capitalisme impacte-t-il l’amour, le sexe, nos vies sentimentales ? C’est l’une des questions qui court tout au long de la filmographie de Sean Baker, de Tangerine à Red Rocket. Et qui anime aussi Anora, son huitième long métrage, couronné de la Palme d’or au dernier festival de Cannes, et qu’on peut facilement décrire comme une variation moderne et malpolie sur Pretty Woman – avec beaucoup de coke, de vodka et de weed pour remplacer la sucrerie hollywoodienne d’antan. |
Frédéric Foubert | |
3 | What a fantastic machine ! Et si c’était en traitant de la même manière des films de propagande nazie, du contenu pornographique sur Onlyfan, des discours de Daesh et la cérémonie de l’Eurovision que l’on pouvait saisir au plus juste la nature des images ? Avec What a fantatic machine ! (primé à Sundance) Axel Danielson et Maximilien Van Aertryck montrent comment, depuis ses origines, le cinéma est utilisé comme un outil de mensonge et de détournement. |
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3 | Souviens- toi du futur L’exposition Corps à corps, mettait en regard la collection de photographies de Marin Karmitz et celle du Centre Pompidou. Romain Goupil filme ici le fondateur de la société MK2 dans les allées de Beaubourg ou chez lui. Karmitz partage son amour pour les œuvres accumulées depuis une vingtaine d’année et qui dessinent en creux sa propre histoire. Une histoire, hantée par la Shoah donc la disparition. Que ce soient les visages dans les Shtetl d’Europe de l’Est de Vishniac ou les collages de Boltanski, un même récit traverse l’espace et le temps. Emouvant. |
Thomas Baurez |
1 | The Killer John Woo remake lui-même son plus beau film, 35 ans plus tard et à Paris. Autant arracher le sparadrap d'un coup, le résultat est désastreux : The Killer 2024 ressemble à un film Europa Corp des années 2000 (fun fact n°1 : Omar Sy joue un flic nommé Sey), où le style de Woo n'apparaît que par apparitions fugaces et frustrantes. Le pire étant l'absence de toute émotion, là où le Killer de 1989 était un mélo déchirant, une tragédie écrite au 9mm s'achevant dans les ténèbres et la mort. |
Sylvestre Picard |
3 | La Déposition Trente ans après avoir subi des abus sexuels commis par le curé de son village, Emmanuel se rend à la gendarmerie, il fait une déposition. Il dédouble l’acte d’un documentaire, tel un moyen trouvé pour confronter le monde à ce qu’il s’est passé dans son enfance : ses propres souvenirs avec les imprécisions qu’ils peuvent contenir, sa famille, la procédure pénale… Chacun des échanges entre Emmanuel et son père, de prime abord convaincu de l’innocence de l’homme d’Eglise, s’y révèle à ce titre particulièrement poignant. |
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3 | Fario C’est un jeune homme qui a perdu le désir, dans tous les sens du terme. De faire l’amour, d’abord : on le voit renoncer piteusement à coucher avec une inconnue rencontrée au hasard d’une soirée techno parce qu’il n’a pas d’érection. Puis, on le comprend peu à peu, Léo n’a plus vraiment envie de vivre non plus. Un matin, ce héros à la mélancolie flagrante doit quitter Berlin pour rentrer dans son village natal du Doubs et vendre les dernières terres de son père agriculteur, qui s’est suicidé quelques années plus tôt. Sur place, plus rien n’est comme avant. |
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3 | Chroniques chinoises Cinéaste expérimenté, apprécié entre autres pour Suzhou River ou Nuits d’ivresse printanière, Lou Ye signe un nouvel opus particulièrement captivant. Tout commence par la préparation d’un tournage de film qui reprend un projet interrompu dix ans plus tôt par un cinéaste. Mais le récit bifurque quand surgit la pandémie de Covid-19 et que l’équipe se retrouve confinée début 2020 dans un hôtel près de Wuhan et subit de violentes mesures sanitaires qui bouleversent le tournage. |
Damien Leblanc |
2 | Sitabaomba- Chez les zébus francophones Ly, paysan d’Antananrivo, vit dans une enclave rurale de la capitale de Madagascar. Son hameau est le dernier bastion de la paysannerie malgache, là où la culture du riz est le gagne-pain des travailleurs de la terre. Là, aussi, où la pauvreté est le terreau de la corruption et les hectares se négocient. En 2016, lorsque Madagascar reçoit le Sommet de la francophonie, le tapis rouge est déroulé à deux pas des parcelles de terre, désormais convoitées et contrôlées par un président, des généraux et des investisseurs étrangers. |
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2 | Challenger | |
3 kilomètres jusqu'à la fin du monde A Tulcea sur les rives du delta du Danube, la population est harnachée au poids des traditions. Chacun place sa morale où il l’entend. Dès lors, que peut un jeune garçon de 17 ans promis à un avenir dans la marine, s’il est, selon un euphémisme policier, « dans l’autre camp » (comprendre, homosexuel) ? En Roumanie l’homosexualité a été dépénalisée il y a vingt ans et il en faut plus pour que la loi s’accorde aux mœurs. Résultat, dès lors le visage de l’ado aura très vite l’apparence de celui d'un boxeur. |
Thomas Baurez | |
3 | Carla et moi Sans doute le charme de ce film indépendant US vient du fait qu’on n’en voit plus beaucoup du même acabit. Mais celui- ci opère dès la scène d’ouverture pour ne plus vous lâcher. Dès qu’apparaît son personnage central, Ben, chanteur de synagogue qui a perdu sa foi et…. sa voix après la mort de sa femme, dont il conserve scrupuleusement dans son téléphone les 762 messages vocaux qu’elle lui avait laissés au fil de leur vie commune. Ben incapable de ré- aimer comme de rechanter au cœur d’un environnement qu’on va vite découvrir très éloigné de la famille juive traditionnelle et stricte. |
Thierry Chèze |
Angelo dans la forêt mystérieuse En 2016, les enfants férus de lecture découvraient en librairie la petite bouille d’Angelo, en tournant les pages de la bande dessinée Dans la forêt sombre et mystérieuse. Huit ans plus tard, ces mêmes gosses devenus ados vont enfin le retrouver : son auteur Winshluss – nul autre que Vincent Paronnaud, co-auteur et co-réalisateur avec Marjane Satrapi de Persepolis et Poulet aux prunes – a décidé de lui offrir (en duo avec Alexis Ducord) une seconde vie en adaptant ses folles aventures à l’écran. |
Lucie Chiquer | |
Transformers: Le Commencement Comme toute franchise tenant à prolonger l’auscultation de son nombril, Transformers revient aux origines. Y avait-il urgence à raconter comment Optimus Prime et Megatron sont devenus ennemis jurés ? On vous laisse juge, mais le panache de ce film d’animation pourrait vous surprendre. Transformers : Le Commencement tente donc de remettre un peu d’ordre dans une mythologie tarabiscotée, où des robots extraterrestres se transforment en véhicules bien de chez nous. |
François Léger | |
Monsieur Aznavour Le « Monsieur » placé devant le célèbre patronyme indique d’emblée la déférence des deux auteurs à l’égard du chanteur de La Bohème. On entre dans ce biopic avec la certitude jamais démentie d’un panégyrique illustré. Le spectateur se retrouve ainsi lové dans un chromo validé par une descendance soucieuse de perpétrer l’aura d’Aznavour auprès des jeunes générations. Le duo Grand Corps Malade - Mehdi Idir, réalisateurs de deux succès publics fort estimables (Patients, La Vie scolaire) était à priori un choix judicieux pour lancer cette opération promotionnelle. |
Thomas Baurez | |
L'Amour ouf Il en a rêvé si longtemps… Et voilà enfin Gilles Lellouche aux commandes de cette adaptation du Jackie loves Johnser OK ? de Neville Thompson où le Dublin du roman laisse place au nord de la France. L’intrigue court des 80’s aux années 2000 et tient en une phrase : Jackie et Clotaire que tout oppose – une lycéenne studieuse et un petit voyou intrépide – tombent fou amoureux avant que la vie ne les sépare mais sans jamais, malgré tous les obstacles mis sur leur route, parvenir totalement à ses fins. |
Thierry Chèze | |
1 | C'est le monde à l'envers ! Et soudain tout bascula. Plus d’électricité, plus d’eau courante, plus de réseau pour communiquer. Et voilà le héros du nouveau Nicolas Vannier (Donne moi des ailes), trader obsédé par le fric contraint de quitter Paris avec femme et enfant pour se réfugier à la campagne dans une exploitation agricole acquise dans un pur but spéculatif mais que ceux qui y vivent et la font vivre n’ont aucune intention de quitter. Nul ne pourra remettre en cause la sincérité de Vannier dans ce plaidoyer pour la sauvegarde de la planète. |
Thierry Chèze |
3 | Croquette, le chat merveilleux Avec l’aide d’un ange, un chat ne cesse de se réincarner en divers animaux (raton laveur, poisson, cheval…) pour tenter de sauver sa maîtresse d’un complot orchestré par un savant fou, puisque celle-ci est une scientifique qui cherche à sauver les abeilles de la disparition… Et oui, Croquette le chat merveilleux est un film beaucoup plus complexe qu’il n’en n’a l’air, tout en remplissant son cahier des charges de comédie familiale (le mot est affreux, mais vous voyez le genre) bien pensée, correctement écrite, pleine de bons personnages, et plus intelligente que la moyenne. |
Sylvestre Picard |
2 | Les Voix croisées Arrivé en France vers 1960 et mort en 2022, le malien Bouba Touré signe, pour ce qui restera son ultime long métrage (en duo avec Raphaël Grisey) un documentaire ambitieux autour de la lutte des travailleurs africains venus en France. Dégâts du colonialisme, développement de l’agriculture au Mali et enjeux écologiques sont au programme de ce kaléidoscope mêlant les lieux et les époques un peu compliqué à suivre et qui aurait gagné, vu la quantité des sujets et les années traitées, à être traité en série. |
Thierry Chèze |
2 | Toucher terre Les passionnés de construction en terre crue seront comblés : un documentaire décortique ce sujet niche aussi bien grâce à l’expertise d’archéologues et d’architectes que d’une immersion au sein d’un chantier participatif. Les autres, par contre, auront un peu plus de mal à se passionner pour ces charmants édifices en terre : les témoignages leur sembleront éparses, le fil conducteur fragile, et le contexte historique trop vite effleuré pour réellement saisir les vertus éco-responsables de ce matériau… |
Lucie Chiquer |
3 | Le Sentier des absents Rares sont les documentaires attentifs aux « mères sans enfant », ces femmes forcées de naviguer le vide que laisse une mort périnatale. Pourtant, Eugénie Zvonkine en fait sa mission : suite à une IMG, elle décide dans un élan cathartique de récolter les témoignages de trois femmes rencontrées dans un groupe de parole, sans jamais couper sa caméra. Ainsi, elle leur laisse le temps d’exhaler la douleur, accompagnant le silence qui vient avec les larmes, bien plus évocateur que des mots. |
Lucie Chiquer |