Alex Garland a pris de nombreuses libertés.
Avec Annihilation, Alex Garland évacue dès les premières minutes toute velléité d’adapter au mot près le livre de Jeff VanderMeer, ce qui lui permet d’utiliser les bases de l’histoire pour partir vers un récit alternatif. Tentons de lister les principaux changements entre le film et le livre. Évidemment, ce qui suit contient de très nombreux spoilers sur le roman.
Annihilation est un classique SF immédiat (critique)
La frontière est invisible
Dans le livre, personne ne sait précisément où commence la Zone X (le Miroitement dans le film, « Shimmer » en VO). Elle est tout simplement invisible. Alex Garland s’est autorisé à lui donner des airs d’énorme mur luminescent, dont l’aspect est proche d’une bulle de savon.
Elles n’ont pas de nom
Contrairement au long-métrage, aucune des femmes de l’expédition n’a de nom et elles ne sont que quatre (au lieu de cinq dans l’adaptation) : une psychologue, une géomètre, une anthropologue et une biologiste. La linguiste, formée comme les autres, renonce avant le départ.
L’hypnose est très importante
Une bonne partie de l’intrigue de Jeff VanderMeer repose sur le fait que le groupe de femmes a été hypnotisé par la psychologue avant d’entrer dans la Zone X. À plusieurs reprises dans le roman, elle utilise certains mots pour plier les autres à sa volonté et orienter l’expédition. La narratrice - la biologiste - devient à un moment immunisée contre l’hypnose après avoir été contaminée par une étrange spore. Le film suggère (peut-être) que ses protagonistes ont elles aussi été hypnotisées, quand elles oublient avoir passé la frontière et être restées plusieurs jours dans le Shimmer. Mais rien de concret.
Le sens du titre change radicalement
Le film nous dit que le mot « annihilation », lorsqu’il est prononcé par la psychologue, déclenche un suicide immédiat chez le sujet visé. C’est de là que le livre tire son titre, alors que le film lui donne un tout autre sens en expliquant que le Shimmer tente d’annihiler les autres forme de vie, notamment humaines.
Tout un pan de l’histoire disparaît
L’intrigue du roman passe beaucoup de temps dans un tunnel (ou une tour, les personnages ne sont pas d’accord sur sa dénomination) enfoui dans le sol, composée d’un long escalier en colimaçon. L’expédition tombe dessus pratiquement dès le début et la biologiste y découvre que d’interminables phrases aux accents religieux - sans en être vraiment - sont inscrites sur les murs. Les mots semblent presque vivants, tout comme la tour. En bas, elle découvre finalement l’auteur de ces phrases, une créature qu’elle appelle le Rampeur et qui semble être l’ancien gardien du phare, transformé par la Zone X. Rien de tout cela dans le film Annihilation.
Pas de monstres visibles
À part le Rampeur (que la biologiste a un mal fou à décrire tant il change de forme rapidement), pas de trace de créatures comme dans l’adaptation ciné. La faune semble à peu près normale, à l’exception d’une sorte de monstre dans les marais. Son cri se fait entendre tous les soirs dans la Zone X, mais la biologiste ne le voit jamais vraiment.
Les vidéos sont remplacées par des carnets
Dans le phare, la biologiste découvre des tas de carnets des expéditions précédentes, qui sont visiblement bien plus nombreuses qu’elle ne le pensait. Elle finit par découvrir celui de son mari, qui lui a dédié la plupart des entrées. On ne sait pas si c’est bien lui qui a fini par revenir de la Zone X : son récit raconte qu’il a quitté le phare pour prendre un bateau et tenter de dépasser les endroits qui ont été cartographiés. Le long-métrage a remplacé les écrits par des vidéos, beaucoup plus visuelles (dans le roman, toute forme de technologie est bannie dans la Zone X, sans qu’on sache pourquoi).
La biologiste se sait contaminée par la Zone X
Depuis son incursion dans le tunnel/la tour, la biologiste se sait contaminée par une spore. Elle évoque ensuite une « lumière » qui brille dans son corps et sur sa peau, synonyme de changement. L’héroïne se bat durant le reste du livre contre cette infection, qu’elle réussi à ralentir en se blessant. Le premier tome du roman ne nous dit pas si la transformation ira à terme, ni même ce que la biologiste deviendra le cas échéant.
La fin n’a plus rien à voir
Si Alex Garland a décidé de faire revenir Lena dans le « monde réel », après un combat face à un étrange doppelgänger qui l’a au minimum transformée, la biologiste du livre décide de rester dans la Zone X pour éventuellement retrouver son mari. « Je ne rentrerai pas », écrit-elle dans son journal, qu’elle laisse dans le phare. Pas de double, pas de retour à la base.
Annihilation, disponible sur Netflix.
Commentaires