Oubliez le film de Disney, cette adaptation du classique de Rudyard Kipling sera plutôt sombre.
La Warner Bros vient de dévoiler la bande-annonce de Mowgli, projet qu’Andy Serkis porte depuis 2013 et qu’il dévoilera enfin cette année. Le 24 octobre, précisément. Première a pu poser quelques questions au réalisateur, célèbre pour ses incarnations en performance capture de Gollum, du Capitaine Haddock ou encore de César (la trilogie La Planète des singes), qui était visiblement ravi de pouvoir continuer à révolutionner cette technique tout en adaptant l’un de ses livres préférés.
Bande-annonce sombre et intrigante de Mowgli d’Andy Serkis
"Techniquement, c’est mon premier film"
Je travaille dessus depuis 2013, on l’a tourné en 2014. Puis il y a eu le projet concurrent de Disney (l'adaptation du dessin animé de 1968 en live par Jon Favreau, sortie en 2016, ndlr), alors entre temps j’ai pu tourner Breathe (un drame sans performance capture porté par Andrew Garfield et Claire Foy, dans les salles en 2017). Et comme je voulais développer davantage les techniques de performance capture, ça demandait beaucoup de temps. Designer les personnages, les animer… tout cela est très long.
Ca valait le coup d’attendre, de laisser passer la version de Disney, de ne pas être en concurrence. Je suis ravi qu’on ait pris le temps de peaufiner ce film, que le public ne soit pas assailli par deux adaptations du même livre. Les deux projets sont très différents et ça aurait été dommage de les dévoiler dans la foulée.
"Mowgli, c’est un énorme projet, pour moi"
Attention, spoilers ! Si vous n'avez pas vu La Planète des singes : Suprématie, Star Wars 8 et Black Panther, passez directement au paragraphe suivant.
Il sort à un moment charnière de ma carrière. La trilogie de La Planète des singes, c’est fini. Marvel, c’est fini. Star Wars, c’est fini. Et là, après avoir travaillé dessus pendant des années, ça y est, je viens de boucler Mowgli. On a terminé le film il y a seulement quelques jours et je me sens incroyablement bien. Il est prêt.
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"Mowgli sera plus proche du livre de Rudyard Kipling"
On voulait offrir au public une adaptation plus sombre du Livre de la Jungle. On propose une vision de l'histoire encore jamais vue au cinéma, en montrant la complexité de l’Inde durant l’occupation britannique.
Dans le détail, il n’y aura pas de Roi Louie, car il n’existe pas chez Kipling. Il y a les Bandar-log, le peuple des singes. Mais le roi, c’est une invention de Disney. Ils ont certainement eu l’idée en lisant le livre, mais il n’existait pas réellement dedans. Il y a par contre un éléphant, car ils sont importants dans le monde de Kipling. L’éléphant qu’on voit dans la bande-annonce représente l’âme ancienne de la jungle.
"Il n’y aura pas de chanson !"
Ah, si, je vous dis une bêtise : il y en aura dans les scènes de village. Des chansons indiennes traditionnelles. Il y aura donc bien de la musique, mais on n’entendra pas chanter les animaux.
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"On voulait que les animaux aient l’air réel"
Il ne fallait pas qu'on ait l'air de faire un documentaire animalier, évidemment. Nos créatures ont un design particulier… mais leurs émotions devaient être crédibles. Chaque animal devait refléter les expressions de son acteur. C’est déjà difficile à faire avec les singes (sur la trilogie La Planète des singes), mais c’est encore plus dur de demander à Christian Bale d’être une panthère, Cate Blanchett un serpent ou Benedict Cumberbatch un tigre, et que toutes ces incarnations soient cohérentes entre elles.
Pour créer Shere Khan, on est vraiment partis du visage de Benedict. Regardez bien la vidéo, ils ont les mêmes yeux ! (rires) Il y a un moment dans la phase de création où le visage de l’homme et celui de l’animal se confondent, c’est difficile à expliquer, mais c’est ce qui fait que l’émotion passe à l’écran. On ne pouvait pas se contenter d’un doublage d’une créature en numérique, ça aurait été ridicule, on n’y aurait pas cru. Le plus dur à animer, c’était le serpent. On aperçoit à peine Kaa dans la bande-annonce, mais donner vie à un serpent, c’est difficile. Presque tout passe par les yeux.
Baloo sera très différent de ce que les gens s’imaginent. Il sera plus comme dans le livre, plus autoritaire. Il a un côté militaire, c’est un sergent. Il enseigne la loi de la jungle à Mowgli de façon très dure.
Christian Bale joue Bagheera, le personnage qui est le plus émouvant, pour moi, car c’est le plus proche du héros. Christian a fait un travail incroyable sur ce film. D’ailleurs, Rohan Chand, le petit garçon qui joue Mowgli, est excellent au milieu d’eux. C’est un enfant, mais il a signé pour un rôle d’adulte !
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"On ne cesse de révolutionner la performance capture"
Le niveau de qualité de la performance capture a encore évolué. On n’avait encore jamais animé des animaux de cette façon. La Planète des singes, c’était une révolution dans ce domaine, et là, la proposition est encore plus ambitieuse. On a d’abord construit des décors gigantesques, puis le tournage a été très court, environ 3 semaines. On a filmé Rohan en train d’interagir avec les acteurs en combinaison de performance capture : grâce à de multiples caméras, on filmait les mouvements de leurs corps, de leurs visages.... C’était incroyablement précis. Une fois que toutes ces informations ont été numérisées, on a pu commencer à les créer. On avait fait venir les artistes pour commencer à fabriquer l’animation en numérique dans les décors du film, pour qu’ils soient plongés dans l’ambiance. On a peu tourné en extérieur, seulement quelques scènes dans un village en Afrique du Sud pour représenter celui de l’Inde. Mais on n’a pas pu tourner du tout dans la jungle, car il fallait qu’on ait un contrôle total sur la végétation, la faune, la météo… Nos décors étaient magnifiques. C’était vraiment impressionnant.
D’ailleurs, Mowgli pourrait bien faire parler de lui aux prochains Oscars. On ne cesse de révolutionner la performance capture, et cela entraîne des discussions à Hollywood autour des catégories "meilleur film" et "meilleur film d’animation". Car ce n’est pas de la pure animation, c’est entre deux et c’est vraiment intéressant.
"Après Mowgli ? Je veux continuer à faire ça !"
J’adore la performance capture, et j’aime montrer comment ça marche. Il y aura des bonus consacrés à la création des animaux dans les DVD et blu-ray de Mowgli. C’est un procédé captivant. Il y aurait même de quoi monter un film parallèle à partir des rushs des comédiens en combinaison. Et l’émotion passerait ! Je vous promets que ça marcherait.
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Après Mowgli ? Je veux continuer à faire ça ! De la performance capture, pour en pousser encore les limites, et de la mise en scène, bien sûr. Je ne peux pas encore parler de mon prochain film, mais je vais encore réaliser, c’est certain. J’adore ça.
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