Affiches Films à l'affiche semaine du 13 novembre 2024
Paramount Pictures France/ Ad Vitam/ Metropolitan Filmexport

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
GLADIATOR II ★★★★☆

De Ridley Scott

L’essentiel

Ridley Scott réplique son péplum culte : le résultat est une série B démente, un sommet de divertissement ultra balaise. Et peut-être une bonne leçon de piratage du blockbuster.

Qui voulait voir une suite à Gladiator ? Personne. Pas vous, pas nous. Pas même Ridley Scott. C’est justement ça qui rend le film très intéressant : le fait que son réalisateur lui-même ne le tourne pas comme s’il accomplissait un fantasme vieux de vingt ans, mais comme un boulot comme les autres. En reproduisant assez banalement la structure de Gladiator 1er côté scénar (le héros, esclave puis gladiateur, etc.), la suite démontre d’ailleurs que le premier film se suffisait très bien à lui-même. Mais Scott sait aussi et surtout que tant qu’à refaire son propre film, autant qu’il soit le plus kiffant possible. Autant mettre des babouins et des requins dans l’arène, autant mettre en scène des empereurs romains comme des voyous dégénérés, plus proches de Brighton Beach que du Palatin, autant laisser faire l’abattage hallucinant de Denzel Washington, qui joue son personnage de self made man parti à la conquête du pouvoir comme un réplicant d’Alonzo Harris plutôt que Frank Lucas. Le tout donne naissance à une série B ultime, comme les péplums de la grande époque, sans volonté méta ou méprisante. Une forme de piratage du blockbuster contemporain, en même temps qu’une leçon à méditer en matière de grand spectacle.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

LE ROYAUME ★★★★☆

De Julien Colonna

Le Royaume n’a rien d’un conte de fées. Son intrigue a beau se dérouler dans un cadre idyllique (la Corse), s’ouvrir par une rencontre qui flirte avec le mystique (les retrouvailles entre une adolescente, Lesia et son père Pierre- Paul, chef de clan), et suivre les règles de la tragédie (le destin de bandit auquel nul bandit n’échappe), elle frappe d’abord et avant tout par son réalisme. En adoptant le point de vue de l’adolescente, témoin d’une histoire qui lui échappe en permanence, Le Royaume se démarque du film de gangsters traditionnel. Le maquis devient la toile de fond d’une relation père-fille, et la violence de ces vies se retrouve décadrée, comme mise sur le côté pour laisser plus de place au film familial intimiste. Au final, Le Royaume sculpte le portrait de ce bandit impénétrable et charismatique, à l’aura renforcée par le regard que lui porte sa fille. Une réussite majeure.

Nicolas Moreno

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NO OTHER LAND ★★★★☆

De Basel Adra, Hamdan Ballal, Yuval Abraham et Rachel Szor

Depuis plusieurs années sous couvert d’un projet de lieu d’entraînement militaire, les Israéliens rasent les habitations de la communauté palestinienne de Masafer Yatta installée dans une région montagneuse au sud de la Cisjordanie. Des expropriations violentes et expéditives qui défient les lois de l’humanité. Ce documentaire militant est réalisé par deux Palestiniens et deux Israéliens. Une parité revendiquée censée éviter tous procès d’intention. Et de fait, il y aurait lieu de s’interroger puisque le point de vue du film est uniquement tourné du côté des victimes. Et le film de prendre l’allure d’un néo-Rio Bravo, où les agresseurs sont des présences quasi fantomatiques perpétuellement menaçantes. Au centre du cadre, Basel Adra, jeune habitant de Masafer Yatta, armé de son seul téléphone documente en quasi direct cette violence, à ses côtés, Yuval Abraham, journaliste d’investigation israélien scandalisé par les agissements de son pays. Et l’humanité se loge précisément à cet endroit, dans ce dialogue ininterrompu et sage entre deux amis qu’un apartheid tente de séparer.

Thomas Baurez

 

PREMIÈRE A AIME

FINALEMENT ★★★☆☆

De Claude Lelouch

Ce film ne réconciliera en rien les anti- Lelouch avec son cinéma. Mais pour les autres, il marque un soulagement. Le retour en forme d’un réalisateur qu’on aurait pu croire définitivement perdu après deux ratages complets (La Vertu des impondérables et L’Amour c’est mieux que la vie) . Une œuvre comme un retour aux sources. Parce que son héros est le fils des personnages de Lino Ventura et de Françoise Fabian dans l’un de ses classiques, La Bonne année. Et parce que son récit dialogue avec celui d’Itinéraire d’un enfant gâté : un avocat qui plaque tout pour se reconstruire après un burn out et entreprend une balade à travers la France pour y parvenir. Amour, hasard, coïncidences et aphorismes sur la vie et la mort comme seul lui peut les inventer sont ici au programme. Du 100% Lelouch donc mais porté par un Kad Merad, dont  la dextérité à se glisser dans la peau de ce personnage au fil de ce voyage peuplé de musique et de chansons crève l’écran. Tout n’est pas parfait dans Finalement, loin de là. On y frise régulièrement le grotesque bien involontaire. Mais l’enthousiasme de gamin de Lelouch emporte bien des choses sur son passage. 

Thierry Cheze

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EN TONGS AUPRES DE L’HIMALAYA ★★★☆☆

De John Wax

Le titre forcément intrigue. Mais il décrit pourtant à la perfection la situation vécue par son héroïne : la mère d’un enfant souffrant d’un trouble autistique, perdue, désarméeu moment de passer la quarantaine quand, se séparant de son compagnon et sans revenu fixe, elle va devoir apprendre à vivre seule tout en enseignant l’autonomie à son enfant. Aux commandes de ce long métragz, John Wax, le co- réalisateur de Tout simplement noir avec Jean- Pascal Zidi, fait un sort au classique « film à sujet » avec ce parti pris de glisser de l’humour dans des situations forcément poignantes sans que jamais cela paraisse artificiel. Grâce à la qualité de l’écriture évidemment mais aussi à la pertinence du choix de son interprète principale. On connaît depuis son seule en scène Dernières avant Vegas le talent comique d’Audrey Lamy. On avait eu trop peu d’occasions (Polisse, Les Invisibles, La Brigade…) d’admirer son aisance à gravir des pentes plus dramatiques comme elle s’y emploie ici avec une fluidité, une justesse, une amplitude qui portent le film vers des sommets.

Thierry Cheze

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GOOD ONE ★★★☆☆

De India Donaldson

Good one, voilà un titre qui dans l’entame de ce premier long, Grand Prix du Champs Elysées Film festival, sied parfaitement à son héroïne, ado de 17 ans, douce, discrète, arrangeante. Et la grande réussite d’Indiana Donaldson tient dans sa manière de raconter un moment de bascule. Cette goutte d’eau qui fait déborder un vase que nul n’avait vu se remplir, lors du week- end que passe Sam avec son père et son meilleur ami. Deux divorcés auto- centrés en pleine crise de la quarantaine dont elle se fait la confidente avec beaucoup de patience. Jusqu’à ce qu’une phrase déplacée du pote de son père sonne comme un coup d’arrêt brutal, que son père refusera d’entendre quand elle ira se confier à lui. Good one raconte le sexisme ordinaire derrière la bonhommie de personnages masculins sur lequel la cinéaste fait évoluer le regard par petites touches, avec un minimalisme qui renforce la puissance de son propos dont la violence d’abord invisibilisée vous saute à la gorge.

Thierry Cheze

SE SOUVENIR D’UNE VILLE ★★★☆☆

De Jean- Gabriel Périot

Auréolé du César du meilleur documentaire pour son précédent film Retour à Reims (Fragments), Jean-Gabriel Périot s’intéresse cette fois au siège de Sarajevo qui a plongé entre 1992 et 1996 la capitale de Bosnie-Herzégovine sous les bombes et les assauts incessants. La grande originalité est ici de réunir dans un premier temps des images du siège filmées à l’époque par de jeunes cinéastes soumis à l’urgence et la sidération… puis de montrer dans une seconde partie ces mêmes cinéastes commenter leurs propres images avec trente ans de recul. Il en résulte une œuvre passionnante et temporellement vertigineuse, où les souvenirs de la guerre laissent place à une ville désormais apaisée dont les habitants n’apparaissent pas seulement comme des survivants mais comme des êtres s’étant fièrement réapproprié leur histoire. Périot, présent dans certains plans larges, fait ainsi émerger l’espoir depuis un ancien chaos.

Damien Leblanc

DESERT OF NAMIBIA ★★★☆☆

De Yôko Yamanaka

Elle a un carré court et un air revêche fixé sur le visage. Kana, une jeune Japonaise tout juste sortie de l’adolescence, semble errer perpétuellement dans sa propre existence. Entre les moments partagés avec ses deux amants — qui réussissent tous deux l’exploit de l’ennuyer —, et les situations cocasses que lui offre quotidiennement son métier d’esthéticienne, Desert of Namibia s’attarde tout du long à capter ces petits moments d’entre- deux, pas tout à fait amusants ni vraiment mélancoliques. Tout se passe comme si la réalisatrice de ce film à la photographie soignée, Yoko Yamanaka, s’intéressait moins à ses personnages qu’à ces instants de flottement pour mieux tirer le portrait d’une jeune génération qui habite entre deux mondes — celui de l’enfance et celui, plus austère, des adultes. Un bel exercice de style loin des clichés sur le Japon actuel, en dépit de quelques longueurs.

Emma Poesy

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

LA VALLEE DES FOUS ★★☆☆☆

De Xavier Beauvois

Alors que la faillite guette son restau et que son alcoolisme l’éloigne peu à peu des siens, un fou de voile décide, pour se reprendre en main, de relever un défi singulier. S’inscrire à la course virtuelle du Vendée Globe, mais dans les conditions d’un vrai skipper en s’isolant pendant 3 mois sur son bateau dans son jardin…Dans la filmo variée de Beauvois, entre des réussites aussi majeures que Le Petit lieutenant et Des hommes et des Dieux, cette Vallée de fous occupe une place à part. Jamais il n’y a autant fendu l’armure et osé un registre aussi ouvertement mélodramatique. Et s’il touche régulièrement juste accompagné par un Jean- Paul Rouve très investi, il se perd aussi dans des scènes trop fabriquées (le clin d’œil raté à la scène du delirium tremens du Cercle rouge) et dans le dosage de l’émotion au fil des deux bien trop longues heures de son récit qui poussent à la surenchère lacrymale. Le type même du film qu’on aurait aimé… aimer plus.

Thierry Cheze

UNE PART MANQUANTE ★★☆☆☆

De Guillaume Senez

Au Japon en raison d’une coutume juridique, de nombreux enfants se retrouvent, après un divorce, élevés par un seul parent, sans aucune possibilité de garde alternée. C’est de ce sujet que s’empare Guillaume Senez pour son troisième long après les excellents Keeper et Nos batailles.  Romain Duris y incarne Jay, un chauffeur de taxi français qui, après sa séparation avec sa compagne japonaise, a décidé de rester à Tokyo en espérant recroiser un jour sa fille dont il n’a pas pu avoir la garde. Le hasard rendra un jour la chose possible quand celle- ci grimpera un jour dans son taxi sans se douter son identité… Une part manquante raconte alors la manière dont Jay met tout en œuvre pour la retrouver chaque jour sans que son ex belle- famille ne le découvre. Il y a dans le geste de Senez un mélange de rugosité et de délicatesse qui tue dans l’oeuf toute facilité larmoyante, avant que tout se délite dans une dernière ligne droite maladroite en totale contradiction avec ce qui précède.

Nicolas Moreno

 

Et aussi

E. 1027, Eileen Gray et la maison au bord de la mer, de Béatrice Minger

On aurait dû aller en Grèce, de Nicolas Benamou

Les Ours gloutons au Pôle Nord, de Alexandra Majova et Katerina Karhankova

Les Reprises

Retour à la raison, de Man Ray