Affiches Films à l'affiche mercredi 8 novembre 2023
The Walt Disney Company France/ Gaumont/ Universal

Ce qu’il faut voir en salles

L’ÉVÉNEMENT
THE MARVELS ★★☆☆☆

De Nia DaCosta

L’essentiel

Le dernier film du Marvel Cinematic Universe est un space opera prévisible et difficile à appréhender sans être abonné à Disney+.

Dans The Marvels : les trois superhéroïnes du film partagent le même nom et la même source de pouvoir, hacune avec son style particulier. La belle blonde christique (Brie Larson), la jeune Noire astronaute (Teyonah Parris, déjà dans Candyman) et l’ado fangirl (Iman Vellani, héroïne de la série Miss Marvel). Mais autant le dire d'emblée : si vous n’avez pas vu ces autres reflets du MCU que sont les séries WandaVision et Miss Marvel,  il sera très difficile de ne serait-ce qu’accepter les principes de départ de The Marvels et de rentrer dans le film. Il a beau se résumer à une aventure de space opera très simple (une grande méchante veut sauver son monde mourant en employant des moyens pas cool), jamais The Marvels ne réussit à s’affirmer en toute indépendance. Et tout en montrant que décidément, les autres films du MCU sont bien trop longs, sa courte durée (1h45) permet aussi de le réduire aux dimensions d’un épisode de Star Trek : The Next Generation en encore plus cheap, avec ses maquillages nanars, ses fonds verts bâclés, son exotisme pulp et ses répliques impossibles à prononcer sérieusement.

Sylvestre Picard

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PREMIÈRE A BEAUCOUP AIME

LA PASSION DE DODIN BOUFFANT ★★★★☆

De Tran Anh Hung

Dodin Bouffant fait goûter une sauce à une jeune apprentie. Elle doit en deviner la composition et, à chaque élément trouvé, la sauce se recompose à l’écran. En une séquence magnifique, Tran Han Hung vient de résumer la puissance de son nouveau film. Dodin Bouffant sera une œuvre sur la culture française (la cuisine comme art total, suprême), autant qu'un portrait de personnages (qui doivent apprendre, s’aimer, (s’)apprivoiser) et qu’un fastueux précis de mise en scène. Inspiré par un roman de Marcel Rouff, le réalisateur de L’Odeur de la papaye verte s'empare de la figure de ce gastronome fictif et croise la fable épicurienne, le regard documentaire sur l’art culinaire et une love story sotto voce. Sa maîtrise est celle d'un sculpteur d'image qui saisit la moindre émotion et façonne son histoire dans une matière faite de durée, d'odeurs et de goûts. Il sublime une nature morte à laquelle il redonne constamment vie.

Gaël Golhen

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SIMPLE COMME SYLVAIN ★★★★☆

De Monia Chokri

Sophia est prof de philosophie. Sylvain est ouvrier du bâtiment. Elle est cette bourgeoise qui fait refaire sa résidence secondaire. Il est son menuisier. Leur rencontre fait des étincelles. Ils entament une relation adultère, qui devient officielle. Pour lui, elle plaque tout. Son mari, son appartement, sa réputation. Mais peut-on s’aimer vraiment lorsque l’on est si différents ? Autour d’eux, le monde entier semble conspirer pour qu’ils ne finissent pas ensemble. Derrière le couple épanoui que forment Sophia et Sylvain, le poids de nos préjugés à tous. Disons-le d’emblée, la question est vue et revue. Sauf que Monia Chokri, avec son humour qui décape, assume d’explorer un fantasme devenu un poncif. C’est drôle, très drôle. Aussi drôle que son génial et insolent premier film, La Femme de mon. Chez Monia Chokri, les névroses ont toujours du bon. 

Emma Poesy

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PREMIÈRE A AIME

L’ABBE PIERRE- UNE VIE DE COMBATS ★★★☆☆

De Frédéric Tellier

Comment est-ce qu’une personne ordinaire devient un mythe ? C’est le principal angle du film de Frédéric Tellier : nous montrer la construction de la légende du fondateur d’Emmaüs à l’aide de scènes que vous n’aviez jamais vues à l’écran. Voilà donc un frère trappiste à la vie mortifère, un soldat de 1940 qui découvre le sexe en campagne, un curé passeur de juifs dans les Alpes, un député populo flambant de rage face à l’inertie du gouvernement... Impossible de séparer la vision d’un film du contexte dans lequel on le voit : dans la France de 2023, voir l’abbé Pierre traiter les députés de la France des années 50 de grosses feignasses face à la misère, ou contempler les compagnons d’Emmaüs affronter la police venue les déloger aux cris de « sale flicaille » provoque un drôle d’effet. En voulant raconter un mythe, L'Abbé Pierre, une vie de combats est en fait un vrai film en colère, qui se cogne à son cadre de biopic calibré.

Sylvestre Picard

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CA TOURNE A SEOUL- COBWEB ★★★☆☆

De Kim Jee-woon

Jusqu’où peut-on aller pour toucher du doigt la perfection ? C’est autour de cette interrogation que gravite le délirant Ça tourne à Séoul qui nous embarque au cœur du tumulte d’un plateau de cinéma dans le Séoul des années 70. Le réalisateur Kim, névrosé depuis qu’il ne parvient pas à retrouver sa gloire d’antan, décide dans un élan de folie pure de retourner les séquences finales de son prochain film. Commence alors une course contre la montre pour fignoler son chef-d’oeuvre. S’enchaînent cris, pleurs, menaces, coups, mêlant acteurs aux égos surdimensionnés, producteurs cupides et officiels gouvernementaux aigris. Et quand vient la mise en place d’un plan séquence sur du France Gall (Poupée de cire, poupée de son), Kim Jee-woon nous livre un tableau tel que le Radeau de la Méduse pourrait paraître insipide. Un véritable uppercut.

Lucie Chiquer

GOODBYE JULIA ★★★☆☆

De Mohamed Kordofani

Ingénieur aéronautique de formation, Mohamed Kordofani fait des débuts remarqués de cinéaste avec ce premier long-métrage en forme de variation autour du mélodrame américain, qui raconte le destin de deux femmes que tout oppose, une Soudanaise du nord et une du sud, qui vont se retrouver liées à la suite d’un accident malencontreux impliquant une série de mensonges redoutables… En assumant à fond les stéréotypes de la confrontation (nord et sud, pauvre et riche, islam et catholicisme), le film dessine un portrait de femmes déchirant qui emprunte aussi bien au cinéma de Douglas Sirk qu’à celui de Souleymane Cissé. Et en parallèle, il déploie une parabole géopolitique embryonnaire sur la situation du Soudan, qui permettra au public d’en apprendre un peu plus sur ce conflit relativement méconnu en France.

Yohan Haddad

PIERRE FEUILLE PISTOLET ★★★☆☆

De Maciek Hamela

« Il n’y a pas de rêves, seulement des explosions », dit l’une des passagères du van qui convoie des Ukrainiens fuyant les bombardements russes, pour se réfugier dans la Pologne voisine. Ce documentaire, le premier du polonais Maciek Hamela, prend la forme d’un road-movie et témoigne des premiers jours de la guerre voulue par Vladimir Poutine. Les combats sont hors-champ (la caméra ne sort quasiment pas de l’habitacle), la détresse, elle, s’affiche plein cadre. Les hommes et les femmes se succèdent sur le siège arrière, dévoilant un quotidien brisé. Pour autant chacun ici continue de croire à une réconciliation possible. Alors que ce conflit ne cesse de s’intensifier, ce film dont le titre même rend compte de son absurdité, renvoie toutefois au sein du chaos, une lueur d’espoir. Percutant.

Thomas Baurez

PAR LA FENÊTRE OU PAR LA PORTE ★★★☆☆

De Jean- Pierre Bloc

Que vous reste-t-il si votre employeur veut se débarrasser de vous à tout prix pour satisfaire les actionnaires ? Ce documentaire couvre les années de lutte des salariés de France Telecom suite à la vague de suicides historique de 2009. Le film décrypte les mécanismes élaborés par la direction pour harceler les salariés et les forcer à quitter l’entreprise « par la porte ou par la fenêtre » selon les termes de Didier Lombard, le PDG. Le documentaire propose un état des lieux glaçant, tout en montrant le combat mené par les militants et les syndicats pour de meilleures conditions de travail et la reconnaissance par la justice du harcèlement subi au sein de l'entreprise. Malgré son dispositif conventionnel, le film possède une vision citoyenne, impliquant plusieurs intervenants d’horizons différents (romanciers, sociologues, historiens) pour chroniquer le procès.

Elias Zabalia

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PREMIÈRE A MOYENNEMENT AIME

YALLAH GAZA ★★☆☆☆

De Roland Nurier

A Gaza, les habitants vivent depuis 2007 le blocus exercé par Israël. Dans ce documentaire, Roland Nurier entend raconter l’impact sur le quotidien des Palestiniens qui y vivent. Le réalisateur mêle témoignages de spécialistes, de professionnels investis dans la défense de ce territoire, de militants et même d’un…professeur de danse palestinien. Mais le tout, sans jamais contextualiser lesdites prises de parole. Vu la complexité du sujet et les récents événements tragiques et meurtriers, ce parti pris laisse plus que songeur.

Emma Poesy

 

PREMIÈRE N’A PAS AIME

FIVE NIGHTS AT FREDDY’S ★☆☆☆☆

De Emma Tammi

On attendait évidemment avec impatience l'adaptation au cinéma de la série de jeux vidéo qui, en  seulement deux semaines aux Etats- Unis, s'est imposé comme le plus gros hit pour un film d’horreur en 2023 avec plus de 100 millions de dollars de recettes. Et la déception dépasse largement l’attente. Tout commence par une entame interminable pour présenter les personnages et la situation. Mike, hanté par la disparition jamais élucidée de son petit frère, une dizaine d’années plus tôt, qui pour ne pas perdre la garde de sa sœur de 10 ans dont il a la charge, accepte un poste de gardien de nuit dans un restaurant désaffecté qui avait connu son heure de gloire dans les années 80, grâce à ses quatre mascottes, animatroniques que, ô surprise, Mike va voir prendre vie et se déplacer après minuit. Pendant près de deux heures, le jeu va surtout consistet ici à pister le grand absent de ce Five nights at Freddy’'s : le scénario. Car des rebondissements qu’on devine un quart d’heure en avance aux flashbacks mal orchestrés jusqu’à une dernière ligne droite qui mériterait de figurer au panthéon de Malaise TV, tout frôle le zéro pointé. N’osant jamais franchir le cap de l’horreur un peu gore par peur de limiter son public, Five nights at Freddy’s se révèle d’un ennui abyssal.

Thierry Cheze

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Et aussi

Le Germe du renouveau, de Andy Anison

L’Hiver d’Edmond et Lucy, de François Narboux

Retour à Visegrad, de Julie Biro et Antoine Jaccoud

Spleen, de Fabien Carrabin

Reprises

L’Armée des 12 singes, de Terry Gilliam

Delicatessen, de Jean- Pierre Jeunet et Marc Caro