Après Le Bachelor, Jonathan Cohen parodie cette fois Koh-Lanta.
L’irrésistible Jonathan Cohen transforme La Flamme en Flambeau et réinvente le concept en parodiant cette fois Koh-Lanta. Au programme, plein de nouvelles têtes (Kad Merad, Gérard Darmon, Jonathan Lambert, Jérôme Commandeur, Laura Felpin, Mister V…) et pas mal d’anciennes (Ana Girardot, Géraldine Nakache, Adèle Exarchopoulos, Leïla Bekhti, Camille Chamoux…). Grosse pression pour Cohen, qui doit renouer avec l’énorme succès de la saison 1.
J’ai cru comprendre que vous êtes encore en montage [l’entretien a eu lieu le 11 mai dernier] ? Pas trop l’enfer ?
Franchement, c’est chaud. Là je suis en mix de l'épisode 5 sur 9. Après ça va, ça avance plutôt pas mal, je suis dans les délais. Mais c'est un taff de fou de monter de la comédie.
Surtout qu’on imagine qu’il y a beaucoup d’improvisation dans Le Flambeau, et donc beaucoup de matière qui ne sera pas utilisée.
Ouais, des heures et des heures !
Comment trouve-t-on le timing comique dans le montage ?
En se fixant un cap et en n’hésitant pas à couper des tonnes de blagues. Il y a des scènes où j'ai enlevé un nombre incalculable de vannes pour en privilégier d’autres, mais aussi pour qu’on ne perde jamais le fil de l’action. On doit rire, mais il faut toujours avancer. C'est comme ça que j'aime les comédies, quand il n'y a pas de rétroviseur : on fait une blague, on passe à autre chose. Pour que l'action n'en pâtisse pas et qu'on ne perde pas en rythme.
Jérôme Commandeur, qui joue le présentateur de l’émission façon Denis Brogniart, me confiait avoir été frappé par l’importance du jeu sur le tournage. Il raconte que les acteurs devaient presque vraiment jouer ce faux Koh-Lanta.
Exactement. Cette saison 2 est une comédie basée sur les enjeux. Pour tous les personnages, les enjeux sont over importants, comme dans ce genre d'émission où il veulent tous absolument gagner et se dépasser. Donc on était obligés d'être au même niveau dans les épreuves. Et c'est là que ça devient drôle : ça pousse les personnages à agir en fonction de leur propre stupidité.
Je n’ai vu que les deux premiers épisodes pour le moment, mais j’ai l’impression que vous allez encore plus loin dans la connerie des personnages et dans leur folie. Il fallait forcément pousser les potards à fond ?
En tout cas, on avait envie de vraiment se différencier de la saison 1, qu'il n'y ait pas de redondance. Ça m'aurait tué que les gens se disent : « Ouais OK, en fait c'est la saison 1 mais remaniée ». Donc il y avait cette volonté d'upgrader la comédie, mais chez tous les personnages. De bien servir tout le monde pour que ce soit très équilibré.
La série américaine dont La Flamme s’inspirait, Burning Love, a eu droit à une saison 2 aux États-Unis, avec le même concept. Pourquoi avoir choisi de vous en éloigner et de parodier Koh-Lanta ?
Oui, aux États-Unis, ils avaient fait une saison 2 avec une Bachelorette. C’était le même système que la saison 1, mais avec une femme. On a essayé de faire ça, et puis on a arrêté parce que ça tournait en rond. On le voit bien avec la saison 2 de Burning Love : elle chute beaucoup en qualité parce que tout ça devient redondant. Mais pour nous, ça voulait dire mettre six mois de travail à la poubelle ! On a dû très vite se retourner pour garder le même timing de diffusion, et on a choisi de partir sur une parodie de Koh-Lanta, un type d’émission qui a des codes hyper clairs et connus de tous. C’était l’évidence : les caractéristiques des personnages sont très marquées, et puis il y a ce truc assez kiffant où tout le monde est à bloc pour gagner, tout le monde est prêt à tout. Et ça, c'est du caviar pour de la comédie. Mais pour tenir le rythme, a passé six mois à bosser comme des malades sur l’écriture et on a tourné dans la foulée.
Il y a beaucoup de nouvelles têtes dans Le Flambeau, à la fois des acteurs et actrices confirmés et d’autres qui viennent de YouTube ou Instagram. Avec des styles très différents… Comment s’assure-t-on que tous ces univers de comédie se rejoignent ?
Pour le choix des acteurs, c’est beaucoup de ressenti, en fait. Tu sais instinctivement qui sera compatible. Et après, il faut réussir à mettre tout le monde au diapason, amener les comédiens vers notre univers et ce qu'on veut raconter. Mais ça se fait à la fois avec un grand sérieux et dans une grande lachade. Ça passe par la confiance réciproque, l’amusement et la cohésion de groupe.
En France, les séries comiques avec ce genre d’humour et qui rassemblent un large public sont finalement assez rares. Pourquoi La Flamme a autant marché ?
Je crois que c’est un ton que le public n'a pas l'habitude de voir dans le panorama de la comédie française, qui est souvent très comédie humaine, « comédie de la vie », si vous voulez. Le genre d’humour qu’on manipule dans La Flamme et Le Flambeau est très anglo-saxon. Et on a plus l’habitude de le voir dans des sketchs ou sur YouTube, pas dans une série avec autant d’épisodes. Il y a eu H à l'époque, bien sûr, mais je serais incapable de citer autre chose dans ce goût-là… En tout cas, je pense que les gens avaient besoin d'avoir cet humour-là dans leur quotidien.
Dans l'épisode de Hot Ones avec Kyan Kojandi, il y a un moment où vous devenez très sérieux sur votre rapport à votre célébrité et au fait que la « cohenmania » pourrait s’arrêter aussi vite qu’elle est venue.
J'ai 42 ans, ça fait pratiquement 20 ans que je fais ce métier et je suis passé par tellement d'étapes avant d'avoir la chance d'avoir un peu de lumière sur moi… Le fait de durer n’est pas entre mes mains. Il faut être hyper humble par rapport à ça parce que c'est la réalité. Je profite, c'est dément et je donne le maximum de ce que j'ai. Mais je sais qu’on est que des moments dans la vie des gens et je ne veux jamais oublier ça. Je ne veux pas me faire croire que ça va durer toute la vie.
Mais c’est peut-être aussi ça qui fait votre popularité, au-delà de votre vista comique hallucinante. Même en promo sur un plateau de télé, vous gardez un côté « mec normal », sain.
Sûrement parce que je suis trop vieux pour me la raconter. Je n’ai jamais eu de rage, j'ai accepté la vie comme elle était avec son lot de frustration et d'échecs. J'ai connu plus d'échecs dans ma vie que de réussites ! Je bosse à fond, mais j'essaie de rester zen par rapport à ça. Je suis dans un rapport simple au travail et à mon « statut ». Après, ça n’empêche pas que quand les gens me disent qu’ils m’aiment, ça me bouleverse. Je trouve ça complètement fou.
Le Flambeau, Les Aventuriers de Chupacabra, à partir du 23 mai sur Canal+, trois épisodes par semaine. Neuf épisodes en tout.
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