Pachinko sur Apple TV+
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Gros enjeu pour Apple TV+, l’adaptation du bestseller de Min Jin Lee sur la quête identitaire d’une famille d’immigrés coréens tient ses promesses.

En tête des ventes du New York Times pendant près d’un an, dans les tops de fin d’année de Barack Obama... L’adaptation à l’écran du roman Pachinko était écrite ; mais l’exercice s’annonçait périlleux. Fresque intime de l’immigration, l’oeuvre balaye plusieurs décennies et explore, en creux, les relations complexes entre le Japon et
une Corée marquée par son annexion passée.

Qu’à cela ne tienne : Apple a décroché la timbale dans ce qui est annoncé comme une des productions les plus ambitieuses du streamer (avec un budget comparable à celui d’une saison de The Crown selon le Hollywood Reporter). Les lecteurs qui se lanceront dans la série remarqueront bien vite que celle-ci a abandonné la linéarité de la narration de l’ouvrage, qui lui conférait son épaisseur première.



À la place, elle est prise par ses deux extrémités. On suit d’abord Sunja, jeune Coréenne contrainte à l’exil au pays du Soleil-Levant dans les années 30. La scène suivante, la série fait un bond jusqu’aux années 80 et présente d’emblée le petit-fils de cette dernière. En construisant son scénario de la sorte, Pachinko trouve son point d’ancrage dans la relation que nourrit l’aïeule avec le jeune homme. La série se concentre ainsi sur le présent pour raccrocher les wagons et mesurer l’étendue des blessures d’antan. Tout en sobriété, l’interprétation de Youn Yuh-Jung (Minari) bouleverse. Son personnage est le réceptacle de douleurs qui se libèrent dans des séquences amples et immersives, si l’on excepte quelques afféteries de style qui font tanguer la série vers un mélo un peu trop excessif.