Son oeuvre est redécouverte à la lumière du mouvement "Black Lives Matter". Arte diffuse ce soir Je ne suis pas votre nègre, un documentaire sur les années de lutte pour les droits civiques dont sa prose est l’unique commentaire.
En résonance avec le soulèvement international contre les violences raciales et policières, Arte propose de découvrir dans une soirée spéciale le magistral documentaire de Raoul Peck, Je ne suis pas votre nègre (sorti en salles en 2017), ainsi que le documentaire Un héros américain – L’histoire de Colin Kaepernick, la star du football américain, sur le sportif qui a posé un genou à terre en signe de protestation contre les violences policières aux États-Unis. Je ne suis pas votre nègre revisite les années sanglantes de lutte pour les droits civiques, à travers notamment les assassinats de Martin Luther King Jr., Medgar Evers et Malcolm X à partir des textes de l'écrivain noir américain James Baldwin (1924-1987) que dit JoeyStarr en VF (et Samuel L. Jackson dans la version originale). Depuis la mort de George Floyd, la voix de cet auteur et de ces réquisitoires sur la question raciale est de plus en plus citée. James Baldwin était un témoin et un combattant des violences policières envers la communauté noire.
Marqué notamment à 19 ans, par les émeutes de Harlem, James Baldwin s'interroge sur ce que signifie être noir aux États-Unis et sur les relations entre les Noirs et les Blancs. À Paris, où il s’installe à partir de 1948, il sera plus libre, même si son incarcération injustifiée dans la prison de Fresnes le conduit à réfléchir sur le rapport de la France à la colonisation. Il écrira notamment Go Tell It on the Mountain (1953), Notes of a Native Son (1955), Giovanni's Room (1956) et surtout La prochaine fois, le feu (1963), un appel à la modération. Mais les tensions raciales dans son pays d’origine où la ségrégation tarde à être abolie le poussent à rentrer. Il rejoint le mouvement des droits civiques. Aux côtés de Martin Luther King, Medgar Evers ou Malcom X, il est un des acteurs majeurs de la lutte contre la discrimination. Il débat sans relâche sur les plateaux de télévision – comme on le voit dans le film de Raoul Peck- pour expliquer aux Blancs les conséquences du racisme. En 1964, le Civil Rights Act, vient enfin reconnaître leurs droits aux Noirs.
Mais les assassinats de Martin Luther King, Malcolm X, Medgar Evers, redonnent à James Baldwin l’envie de s’installer dans le sud de la France. Dès 1970, c’est de Saint-Paul de Vence qu’il s’attelle à son grand projet Notes for Remember this House, le récit des vies et des assassinats de ses amis. Il laisse un manuscrit inachevé de trente pages dont Raoul Peck s’est servi pour le film. En 1974, il publie Si Beale Street pouvait parler, l'histoire d'un couple noir dont la vie va se transformer en enfer quand le garçon va être accusé, à tort, d'un viol que Barry Jenkins a adapté récemment au cinéma. Baldwin meurt en 1987.
Je ne suis pas votre nègre est diffusé ce soir sur Arte à 22h15.
Commentaires