Une sorte de Breaking Bad au féminin, à Moscou, ou l'histoire d'une mère de famille ordinaire... et proxénète !
Elle est encore en tournage et loin d'être terminée. Alors c'est un petit miracle qu'un épisode et demi d'An Ordinary Woman ait ainsi pu être projeté aux spectateurs de Séries Mania, hier soir, à Lille.
"Nous avons été très impressionnés par cette série, très particulière et très juste", a confié juste avant la séance, la directrice du festival, Laurence Hertzberg, qui souligne au passage à quel point la création russe, en matière de séries, et de plus en plus pertinente.
Il est vrai qu'An Ordinary Woman est une drôle de dramédie sociale, familiale, et aussi criminelle. Une sorte de Breaking Bad venue de l'Est, qui suit l'histoire de Marina, 39 ans, fleuriste en apparence, mais mère maquerelle à ses heures perdues. Une femme ordinaire donc, comme le dit le titre, mais pas tout à fait en réalité, puisqu'elle joue sans complexe avec la légalité, et encore plus avec la morale. Et c'est un euphémisme.
"Notre héroïne lutte surtout pour préserver sa famille", explique le créateur Albert Ryabyshev, qui a fait le déplacement à Lille, pour montrer son œuvre au public. "On vit plusieurs vies, sans s'en rendre compte en fait, et je crois que c'est vrai pour tout le monde."
Il est vrai que Marina n'est pas qu'une mère, ni seulement une épouse, ni seulement une fleuriste. Elle est tout ça à la fois, et même beaucoup plus. Semblant porter un masque en permanence, un masque différent pour chaque situation, elle est impassible, impossible à lire, totalement insaisissable. Et c'est ce qui rend son personnage tellement fascinant. N'a-t-elle jamais de remords ? De doutes ? D'émotions ? An Ordinary Woman, c'est une femme prête à tout, quoi qu'il en coûte, financièrement, humainement, ethiquement.
Dans cette ambiance déroutante, parfois macabre et bourrée d'humour noir, navigue une multitude d'autres personnages féminins, de tous âges, en quête d'indépendance. Une galerie de portraits des femmes russes d'aujourd'hui, souvent déconcertante, mais tellement jubilatoire.
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