Les candidats à l’élection présidentielle ont livré à Allociné leurs cinq films préférés. Entre les tops prévisibles de Philippe Poutou qui cite Ken Loach et Les Temps modernes et d’Eva Joly qui évoque Garde à vue et Le Parrain, ou les références dreyeriennes désormais bien connues de Nicolas Sarkozy, on tombe sur le top 5 de Jacques Cheminade, de loin le plus intéressant de tous.Le président du parti Solidarité et Progrès est un homme complexe qui gagne peut-être à être mieux connu. Outre ses envolées sur la conquête de Mars, Jacques Cheminade a des choses intéressantes à dire sur le cinéma. Ses cinq films préférés révèlent en effet un cinéphile averti aux goûts éclectiques, s’intéressant autant au cinéma japonais qu’au western américain, aux classiques du cinéma français qu’aux dernières avancées technologiques.Western, SF et 3DOutre le classique de Jean Renoir, La Règle du jeu, l’outsider de l’élection présidentielle cite notamment le chef d’œuvre de Kurosawa, Rashômon, dont le principe narratif, novateur à l’époque, repose sur la multiplicité des points de vue sur un même événement. Un film qui interroge la notion de vérité et de réalité, cité par un homme parfois suspecté d’être adepte de la théorie du complot…Amateur du western fordien (L’homme qui tua Liberty Valance), M. Cheminade est également pointu dans le domaine de la SF. Dans son top 5 figure en effet L’invasion des profanateurs de sépulture, série B paranoïaque de Don Siegel (1956) qui dénonce de manière métaphorique l’embrigadement politique, le fanatisme, la pensée unique dans l’Amérique post-Mac Carthy. Un film fondateur du genre qui a connu pas moins de trois remakes et qui démontre que le candidat qui voudrait conquérir Mars connaît ses classiques.Mais il n’ignore pas le cinéma contemporain pour autant et cite dans ses cinq film préférés un film en 3D - et pas n’importe lequel : La Grotte des rêves perdus de Werner Herzog, magnifique documentaire sur les peintures rupestres de la Grotte Chauvet qui reste peut-être à ce jour la plus belle utilisation de la 3D.Si l’élection présidentielle ne se jouait que sur les goûts cinématographiques, on voterait sans doute Jacques Cheminade.Voici son top 5, commenté :- La Règle du jeu, de Jean Renoir"En 1939, juste avant la guerre, Jean Renoir montre, entre dérision et drame, une société qui littéralement se délite. Les scènes de la chasse et de la fête au château, en contrepoint l’une de l’autre, cadrent la fin d’un monde. L’amour y devient impossible et un meurtre s’y transforme en accident. Le film, à l’époque, fut accueilli par des huées. Entre réel et virtuel, maîtres et domestiques, infantilisme et noblesse des sentiments, tout est bouleversé dans une société qui se bouleverse et aujourd’hui nous nous demandons, n’est-ce pas la nôtre ?" - Rashomon, d’Akira Kurosawa"Un même événement vu par des yeux différents, la vérité devenant recherche et poursuite au-delà des effets et des impressions."- L’homme qui tua Liberty Valance, de John Ford"L’effondrement d’une légende américaine, le souvenir rencontrant le présent d’un homme vieillissant, une société qui doit retrouver ses bases : celles d’un courage modeste se vouant à l’intérêt d’autrui."- L’invasion des profanateurs de sépulture, de Don Siegel"Le médecin d’une petite ville américaine face à l’invasion de créatures qui prennent l’apparence de ses proches. Il tente de prévenir les autorités de la ville mais on ne le croit pas. C’est une terrible métaphore du fascisme, après l’époque maccarthyste, qui envahit les êtres en les transformant de l’intérieur, d’un homme qui se heurte à l’opinion publique devenue au sens propre aliénée."- La Grotte des rêves perdus, de Werner Herzog"Un documentaire signé Werner Herzog sur la grotte Chauvet, en Ardèche. Un signe d’hommes ayant vécu il y a plus de 32 000 ans à nous autres aujourd’hui, par des figurations artistiques d’animaux, avec d’extraordinaires recherches de perspective que la 3D révèle dans leur plénitude."Vanina Arrighi de Casanova
- Cinéma
- News Cinéma
- Pourquoi on voterait Jacques Cheminade (si on ne parlait que de cinéma)
Pourquoi on voterait Jacques Cheminade (si on ne parlait que de cinéma)
Commentaires