DR

Attention, la gueule de bois en question n'est pas celle des after cannois... Non, plutôt celle qu'on s'est prise à l'issue de la projection du film chinois en compétition, Nuits d'ivresse printanière. Après La-haut, les histoires d'amour antonionesques de Chinois en rupture de ban étaient un peu dures à avaler. On voit bien l'enjeu politique, capital : en 2006, après la présentation à Cannes d’Une jeunesse chinoise, Lou Ye avait écopé d'une interdiction de tourner en Chine de cinq ans. Une jeunesse chinoise abordait le soulèvement étudiant de Tian'anmen et comportait des scènes de baise ultra-réaliste. Ce qui avait fâché Pekin ; qui risque de ne pas se remettre des scènes de baise homo de son dernier film. Et donc de censurer encore plus Lou Ye. Nuits d’ivresse donc, raconte vaguement l’histoire de trentenaires déboussolés, possédés par une folie des sens où tout le monde baise avec tout le monde, où l’on pleure dans les karaokés et les bars à travelos, où l’on se poignarde dans les passage mal famés de Nankin… Des sentiments exacerbés, des dérives existentielles dans des ruelles mal éclairées, tout ça dans une mise en scène clandé (plans volés, cadres décalés) qui lasse... mais jamais n'émeut. On a déjà vu ça 1000 fois (Tsai Ming Liang, Weerasetakul...) et les arabesques narratives où les lignes de fuites des personnages n’y peuvent rien. Tout n’est pourtant pas à jeter et on retrouve quelques idées séduisantes, comme ces scènes de sexe jouées comme si le personnage avait envie de mourir. Ou cette idée des poèmes calligraphiés qui rythment mystérieusement le récit. Mais après la claque Pixar, on veut rester Là haut !On continuait la descente ce matin, avec le nouveau Coppola, Tetro. Pas très excitant, son film est une fantaisie bricolée à forte teneur autobiographique (un père et un oncle musicien, une famille d'artistes et un lourd secret que, non, je ne vous révélerai pas). Très déboussolant au début, notamment par le manque de soin apporté à l'image et par la façon dont la mise en scène fait profil bas, le film part en vrille et ne raconte pas grand-chose, se contentant d'être une caricature du cinéma arty old school et de compiler les citations de tonton Francis à ses artistes préférés (Michael Powell, Ophuls...). Tetro dégage le parfum endeuillé des films terminaux de cinéastes glorieux. Et la sensation n'est pas très agréable... Heureusement surnage Vincent Gallo, présence et charisme extraordinaire, qui confirme son statut d'icône pop. Autre motif de consolation : L'apparition de FFC en chemise jaune et chaussures vernies de couleur à l'issue de la projo. Présentation matoise, blagues sympathiques et, surtout, confirmation de ce que tout le monde savait : Frémeaux n'a pas voulu de Tetro en compétition... Juste pour rire, vérification ce soir à la soirée de la Quinzaine que Coppola a un problème de fringues... On vous tient au courant.