Dans V comme Vian, diffusé ce soir sur France 2, loin du dandy de Saint-Germain-des-Prés, fêtard et provocateur, Laurent Lucas interprète un écrivain en proie aux doutes, dont le talent ne fut reconnu qu’à titre posthume.
Dans V comme Vian, diffusé ce soir sur France 2, loin du dandy de Saint-Germain-des-Prés, fêtard et provocateur, Laurent Lucas interprète un écrivain en proie aux doutes, dont le talent ne fut reconnu qu’à titre posthume. Le film retrace les quinze dernières années de la vie de Vian, qu’il a vécu avec l’énergie du désespoir. Un aspect assez méconnu de sa personnalité…Laurent Lucas : Je ne savais pas moi-même qu’il en avait bavé à ce point. Quand il dépose le manuscrit de l’Ecume des jours chez Gallimard en 1946, tout le monde s’accorde à dire que c’est un chef d’œuvre et qu’il sera le gagnant du prix de la Pléiade (concours littéraire organisé en interne par Gallimard pour récompenser ses jeunes auteurs, ndlr). Or il est décerné à l’obscure l’Abbé Grosjean. Boris est anéanti ! Prouver à Gallimard qu’il est un grand écrivain demeurera son obsession jusqu’à la fin.A priori, votre ressemblance avec Boris Vian ne saute pas aux yeux. Cela vous a-t-il étonné que le réalisateur Philippe Le Guay vous choisisse pour l’incarner ?Beaucoup. Mais, plus qu’une simple imitation physique, Philippe voulait mettre en scène la désinvolture et l’incroyable fantaisie de Vian. Comme j’ai un physique plutôt sombre, on ne m’avait jamais donné l’occasion d’exprimer cette dimension burlesque. J’étais ravi. Ce film n’est pas un petit biopic tranquille, il y a des séquences de dessins animés, certaines en noir et blanc, d’autres qui font au écho au cinéma muet… Tout cela sert à illustrer la fantaisie de cet artiste protéiforme.Comment êtes-vous devenu Vian ?J’ai lu ou relu ses œuvres, ses chroniques sur le jazz, les biographies qui lui ont été consacrées.Est-ce une pression supplémentaire d’incarner un personnage aussi célèbre ?Non. J’aborde toujours un rôle avec l’inconscience du comédien. Pour moi, jouer c’est de l’amusement. Je n’ai pas conscience du jugement qui arrivera après.Vian était aussi trompettiste de jazz averti et chanteur : deux challenges supplémentaires pour vous !À Montréal, où je vis désormais depuis huit ans, un ami trompettiste m’a appris à mimer le souffle, l’effort, le doigté. Pour le chant, j’ai travaillé en amont. Mais, quand il a fallu me lancer, j’ai vécu la pire journée de tournage de ma vie. J’ai ressenti une vraie panique d’ado ! Heureusement, Vian n’était pas un grand chanteur.Que représentait-il pour vous ?Comme beaucoup d’adolescents, j’ai découvert Boris en lisant L’Ecume des jours, le premier bouquin qui m’ait vraiment ému. Je me suis vraiment ouvert à la littérature grâce à lui. Je suis loin d’être le seul. Tout le monde aime Boris ! Quand j’ai annoncé que j’allais l’incarner, je n’ai reçu que des réactions positives.Interview Emmanuelle Touraine de Télé 7 Jours
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