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"Certains réalisateurs font des films d'action, d'autres réalisateurs font des comédies, nous explique Tony Zhou dans sa nouvelle vidéo. Mais durant 40 ans, s'il y a bien eu un maître pour faire les deux à la fois, c'est Jackie Chan."Rares sont ceux qui parviennent à combiner aussi bien que lui les scènes de combat avec l'humour. Pour l'acteur-réalisateur-producteur-chanteur de Hong Kong en effet, l'action est la comédie. Les deux sont indissociables. En ce sens, c'est un héritier direct des pionniers du burlesque Buster Keaton, Harold Lloyd, ou du roi du cinéma d'action muet Douglas Fairbanks. Mais version arts martiaux. Comment rendre désopilante une scène de kung-fu ? Réponse en 10 points (de suture) :1/ Jackie Chan a un secret, avance le cinéphile Zhou. "Il se donne un désavantage dès le départ. Vous pouvez prendre n'importe lequel de ses films, il commence toujours les combats en situation d'infériorité par rapport à ses adversaires." Quelques exemples : il n'a pas de chaussures, il a les fesses par terre ou du scotch sur la bouche comme dans Rush Hour 2.2/ Bref, il n'est jamais le favori au départ. C'est justement pour cette raison qu'il doit se montrer créatif durant les violentes joutes auxquel il se soumet. "Il utilise tous les éléments autour de lui", donc pas forcément des armes conventionnelles comme les barres de fer ou les flingues. "Il peut se battre avec une chaise, une robe, des baguettes chinoises, un synthétiseur, du Lego, un frigo" et bien sûr un escabeau, comme dans le quatrième opus de Police Story.  3/ Autre caractéristique du cinéma de Jackie Chan : la clarté.  Il ne fait pas dans le combat illisible et mal éclairé comme dans Expendables 2 par exemple. Au contraire, tout doit être limpide durant les scènes d'action. "Si son adversaire est habillé en noir, il est en blanc. Si son adversaire est en blanc, alors il peut se saper avec style."4/ Le tout filmé sans mouvements de caméra trop saccadés ou coupes trop brutales, souvent en plans larges, pour garder chaque exploit de l'acteur dans le même plan. Ce serait dommage de minimiser ses acrobaties et autres cascades en charcutant les séquences au montage. 5/ Le problème avec cette technique de mise en scène, qu'on retrouve dans le domaine de la danse avec les musicals de Fred Astaire par exemple, c'est qu'elle prend beaucoup de temps. Jackie Chan étant un grand perfectionniste, il n'hésite pas à faire de nombreuses prises avant d'obtenir ce qu'il veut. "Aux Etats-Unis, on ne nous autorise pas à prendre autant de temps, parce que ça coûte trop d'argent", confesse Jackie Chan. Et sans doute quelques problèmes d'assurances également.6/ Voilà pourquoi ses films hollywoodiens comme Rush Hour ou Kung Fu Nanny sont moins bons et efficaces d'un point de vue burlesque que ceux tournés à Hong Kong : les cinéastes américains passent en général à côté de son tempo comique si particulier en surdécoupant les scènes d'action. Au lieu de les dynamiser, ça les affadit.7/ Autre astuce dans les scènes de combat de Chan : montrer deux fois le même coup de pied ou de poing, plutôt qu'une. L'effet de puissance en devient multiplié dans la rétine du spectateur, contrairement à ce qu'on voit dans les récents blockbusters US, qui préfèrent ne pas montrer le coup porté, en coupant à l'endroit exact où l'image montre l'impact. Ce qui donne un cinéma plus soft, plus confortable, sans doute adapté au grand public mais aseptisé.8/ Chez Jackie Chan, on met les mains de le cambouis. Contrairement à beaucoup de stars du cinéma d'action qui veulent paraître invincibles, Jackie Chan n'hésite pas à se faire mal. Très mal. Son visage n'est pas épargné. Ce dernier est même l'un des principaux atouts comiques de ses personnages. Car n'ayont pas peur des mots : fidèle à l'esprit du slapstick, le pauvre s'en prend plein le gueule.9/ De plus, Chan n'a pas peur du ridicule. Même se travestir en Chun-Li de Street Fighter ne le gêne absolument pas. 10 / Après avoir affronté tous ces obstacles, dans la sueur, le sang et la bonne humeur, Jackie a en général le droit à sa grande scène finale. Bien méritée : "Il ne gagne pas à la fin parce qu'il est un meilleur combattant, mais parce qu'il n'abandonne pas." Et jamais avec un flingue, s'il vous plait, on n'est pas chez les américains, il faut se respecter un minimum.