Première
par Philippe Rouyer
Dans un contexte très différent, Copie conforme renoue avec le ton des meilleurs films de Kiarostami. À chaque nouvelle séquence, le cinéaste ajoute de la complexité pour faire d’un argument simplissime (la rencontre d’un homme et d’une femme) un fascinant jeu de masques. Dans la première scène, le protagoniste prétend qu’en art, une bonne copie peut valoir un original. Le film prouve qu’il en est de même en amour. Peu importe la véritable nature des liens qui unissent cet homme et cette femme. Vieux mariés ou futurs jeunes amants, ce qu’ils vivent est authentique et interroge notre propre expérience du couple. Outre le talent des deux acteurs principaux, dont le surprenant chanteur d’opéra William Shimell, dans son premier rôle au cinéma, il faut saluer le brio de la mise en scène. Associant décors familiers (un café, une ruelle, une église) et rencontres impromptues (avec une noce, des touristes, une aubergiste), elle joue de tous les artifices habituels du cinéma pour faire surgir des émotions bien réelles.