Alors que leur film vient de franchir le cap des 9 millions d’entrées, Matthieu Delaporte et Alexandre de la Patellière reviennent pour Première sur un succès qui ne se dément pas depuis sa sortie en juin dernier.
PREMIÈRE : Le week-end dernier, Le Comte de Monte-Cristo a franchi le cap des 9 millions d’entrées et réunit encore quatre mois après sa sortie plus de 100 000 spectateurs chaque semaine ? Comment vivez-vous ce succès ?
Matthieu Delaporte : Comme quelque chose d'assez irréel…
Alexandre de la Patellière : On a connu des succès et des échecs. Mais ce qui est beau ici, c'est qu’on est porté depuis un an par un même mouvement. En octobre 2023, on était encore en plein tournage. Et tout s’est enchaîné. L’enregistrement de la musique à Londres, le montage, la présentation à Cannes, la sortie avancée de plusieurs mois… On n’aurait rien pu rêver de mieux à chaque étape. Et ça nous donne une énergie folle pour continuer.
MD : Même si on rêvait secrètement, ce succès reste mystérieux. Car on savait que depuis quelques années, un tel score était devenu vraiment inaccessible pour des films qui ne sont pas de pures comédies. On craignait un plafond de verre. Dans nos rêves les plus fous, on espérait tutoyer les 4,5 millions d’entrées du Cyrano de Bergerac de Jean- Paul Rappeneau. Aujourd’hui, on est au double ! On a du mal à mesurer ce qui se passe. Et on sait dès aujourd’hui que pour le reste de nos vies, on pensera tous à Monte-Cristo avec émotion. Et on n’oubliera jamais les risques qu’ont pris Dimitri Rassam et Pathé pour ce film.
Y compris la décision d’avancer sa sortie fin juin à une date qui, à cause de l’enchaînement Euro de football et JO, a fait peur à pas mal de distributeurs…
MD : Et je dois avouer que quand Emmanuel Macron a annoncé la dissolution avec des élections le week-end de notre sortie, on n’en menait pas large ! Mais Dimitri a eu raison.
ADLP : Pour autant, au fond, tout cela reste inexplicable, un mélange de chance et de prescience où tout le monde prend les bonnes décisions au bon moment. Ça rappelle que chaque film est un prototype et son aventure en salles non duplicable. Voilà pourquoi ce succès ne changera pas notre manière de travailler : faire des films qu’on a envie de voir.
MD : Au départ, on devait sortir en ce moment même, soit face ou presque à L’Amour ouf et on a pensé que ça ferait du mal aux deux films, qu’ils allaient se cannibaliser. Et on avait l’intuition, au vu de la durée de Monte-Cristo, qu’il allait lui falloir du temps pour s’installer et être un film de bouche-à-oreille. L’été moins riche en sorties le permettait. Et la présentation à Cannes a été la meilleure des rampes de lancement.
Les plus jeunes s’en sont tout de suite emparé, en allant pour certains le voir et le revoir à plusieurs reprises…
MD : Là encore ce n’était pas gagné. Car sur Les Trois mousquetaires, alors que les plus jeunes aimaient beaucoup le film en projection test, ils n’ont hélas pas vraiment été au rendez-vous en salles. Sans que là encore, on ne parvienne pas à savoir exactement pourquoi. Dans les retours qu’on peut avoir, on voit bien que le public de Monte-Cristo s'étend de 7 à 77 ans.
ADLP : On se situe aussi dans une période où entre le carton d’Un p’tit truc en plus et le démarrage canon de L’Amour ouf on a le sentiment qu’il y a un désir des spectateurs pour des films qui, chacun dans leur domaine, ne ressemblent pas aux autres. Et je crois que ça donne de l’espoir à tout le monde dans le métier.
MD : On a d'ailleurs énormément de retours d’acteurs, de réalisateurs, de producteurs qui nous disent qu’on a ouvert une brèche dans laquelle ils vont pouvoir s’engouffrer.
ADLP : On a vraiment senti énormément de bienveillance autour du succès de ce film. Et ce venant de toutes les chapelles du cinéma. Comme nous, on n’appartient à aucune, cela a rajouté à notre bonheur.
MD : La préparation du film a été très très dure. On a vraiment eu l’impression de mâcher des cailloux pendant un an avec Alex. Car il a fallu couper vingt ou trente pages, trouver des économies car tu n'as jamais assez d'argent… Et puis à partir du moment où le tournage a commencé où on a eu un bol de dingue avec la météo, tout nous a souri jusqu’à aujourd’hui.
Ce succès confirme aussi l'immense popularité de Pierre Niney auprès du public, non ?
MD : Clairement ! Mais ça aussi, par-delà son immense talent, tu ne le sais pas vraiment avant. Car Pierre n’avait jamais fait de succès à cette hauteur. Et parce qu’aujourd’hui a priori, aucun acteur ne fait venir les gens en salles…
ADLP : A l’exception peut-être désormais de Pierre !
MD : Il a en tout cas été moteur de ce succès. Un partenaire de combat incroyable. Il nous a aidés à emmener cette équipe. Il a été incroyablement généreux à chaque étape. Avant la sortie du film, on ne savait pas si on avait fait un grand film mais on savait qu’on avait un grand casting !
ADLP : Pierre a su aussi accompagner et défendre le film partout et pour tous les publics. Ce qui est devenu une part importante du métier. Et à ce titre, j’ai aussi très fier du marketing de Pathé. Les bande-annonces, les affiches, tout donnait envie !
MD : Et ce succès a été un soulagement. Parce qu’avec Alexandre, en voyant comme on avait réussi jusqu’à la sortie à passer un à un tous les obstacles, on s’était dit : là si ça ne marche pas, on ne sait pas ce qu’il faut faire !
Le Comte de Monte-Cristo sort aux Etats-Unis en décembre. Vous allez le défendre sur place ?
ADLP : On part ce lundi pour au moins une semaine entière et on y retournera peut- être en fonction des événements…
MD : On a une gourmandise à présenter le film à travers le monde. On a été en Turquie, en Angleterre, on va aller au Brésil. La presse étrangère est très bonne partout. Là aussi, on ne pouvait pas rêver mieux.
Vous vous êtes déjà remis au travail ?
MD: Oui mais on ne peut pas encore vraiment en parler en détails.
ADLP : On peut juste vous dire qu’on travaille en même temps sur un long métrage et une série…
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