Première
Elle a un carré court et un air revêche fixé sur le visage. Kana, une jeune Japonaise tout juste sortie de l’adolescence, semble errer perpétuellement dans sa propre existence. Entre les moments partagés avec ses deux amants — qui réussissent tous deux l’exploit de l’ennuyer —, et les situations cocasses que lui offre quotidiennement son métier d’esthéticienne, Desert of Namibia s’attarde tout du long à capter ces petits moments d’entre- deux, pas tout à fait amusants ni vraiment mélancoliques. Tout se passe comme si la réalisatrice de ce film à la photographie soignée, Yoko Yamanaka, s’intéressait moins à ses personnages qu’à ces instants de flottement pour mieux tirer le portrait d’une jeune génération qui habite entre deux mondes — celui de l’enfance et celui, plus austère, des adultes. Un bel exercice de style loin des clichés sur le Japon actuel, en dépit de quelques longueurs.
Emma Poesy