Il souffle aujourd'hui ses 60 bougies. Alors que Tom Cruise a retrouvé les sommets du box-office grâce à Top Gun 2, on retrace la carrière de l'acteur à travers ses 10 meilleurs rôles, qui ont marqué 4 décennies hollywoodiennes.
Joel Goodson dans Risky Business (de Paul Brickman, 1983)
Encore baby Tom Cruise, mais déjà superstar ! Depuis deux ans à Hollywood (il a fait ses débuts avec un rôle mineur en 1981 dans Endless Love), l'acteur crève l'écran dans la peau de ce lycéen qui entame une relation passionnée avec une prostituée jouée par Rebecca de Mornay. Sa bouille de jeune premier et son sourire ravageur font sensation. Et son charisme explose lorsqu'il se met à danser au milieu du salon sur Ol’Time of rock’n’roll (glissant en chaussettes sur le parquet ciré) ! Il n'a que 21 ans et vient déjà de signer une scène de légende, que pastichera la pop-culture jusqu'à l'overdose dans les décennies qui suivront.
Pete "Maverick" Mitchell, dans Top Gun (de Tony Scott, 1986)
Ce n'est plus un adolescent, mais un beau gosse sexy d'Hollywood. Alors Tony Scott lui met un blouson d'aviateur sur le dos, de grosses lunettes de soleil sur le nez et il envoie Tom Cruise tutoyer les nuages à bord de son avion de chasse. Un premier rôle d'Action Hero dopé à la testostérone, qui va marquer sa carrière à jamais. A partir de là, Cruise sera pour toujours la star hollywoodienne de l'hyper spectaculaire, du démesuré, celui qui réalise les cascade les plus folles avec une classe inégalée.
Charlie Babbitt dans Rain Man (de Barry Levinson, 1988)
Entre son « film face à une légende » (La Couleur de l’argent, avec Paul Newman) et son film à Oscar (Né un 4 juillet), Tom Cruise tourne Rain Man, un film à Oscar face à un acteur de légende (Dustin Hoffman, en l’occurrence). Moins divertissant que le Scorsese, moins prestigieux que le Oliver Stone, pourquoi donc est-ce celui-ci qui se retrouve dans ce top et pas les autres ? Parce que le personnage de Charlie Babbitt est la mise en crise ultime de la persona eighties de Tom Cruise, cette caricature de yuppie reaganien tête à claques, qui va redécouvrir son humanité à la faveur d’un road-trip avec son grand frère autiste. Dustin Hoffman compte les cure-dents et récolte à l’époque toutes les louanges (et le fameux Oscar) mais on sait désormais que c’est Cruise qui bouleverse vraiment ici, quand il comprend qui était le « rain man » de son enfance et que son sourire (ce fameux sourire) se fige enfin.
Lestat de Lioncourt dans Entretien avec un Vampire (de Neil Jordan, 1994)
Il paraît qu'Ann Rice, l'autrice du roman orignal et du script de son adaptation cinéma, détestait tellement l'idée de voir Tom Cruise jouer Lestat - vampire français, pervers et dominateur inspiré par Alain Delon - qu'elle a passé tout le temps du tournage à réclamer que lui et Brad Pitt changent de rôle. "Personne ne m'a écoutée", concluait-elle. Ann avait bien dû d'admettre que l'acteur s'était emparé avec une réjouissante aisance du personnage, le rendant terriblement sexy, sans gommer le côté homo de Lestat au passage. Rice, consciente de l'homophobie hollywoodienne latente, avait écrit un premier jet du film en faisant de Lestat une femme. Aujourd'hui, Cruise monte sur le Burj Khalifa et fait de la chute libre la base de son jeu d'acteur... mais est-ce qu'il pourrait encore jouer un vampire pansexuel, limite pédophile ? Lestat restera son expérimentation la plus passionnante.
Ethan Hunt dans Mission : Impossible (de Brian de Palma, 1996)
Lorsque De Palma décide de relancer la franchise télé Mission Impossible et de la porter au cinéma, c'est Tom Cruise qu'il appelle. L'acteur accepte la délicate mission de devenir le successeur de Jim Phelps. Suspendu par un fil au cœur de la CIA ou courant sur le toit d'un TGV lancé à toute allure, il transcende le rôle de l'espion increvable et fait passer la saga dans une autre dimension. Celle du cinéma pop-corn absolu, qui survit au box-office depuis 25 ans et qui s'apprête d'ailleurs à passer la 7e (et même la 8e) vitesse !
Jerry Maguire dans Jerry Maguire (de Cameron Crowe, 1996)
Il nous a eu sur son "bonsoir". Face à la révélation Renée Zellweger, Tom Cruise s'offre une nomination de prestige aux Oscars et au passage un second Golden Globe du Meilleur acteur. Il faut dire que si cette comédie romantique autour du sport business est devenue culte, c'est largement grâce à lui ! Cassant son image d'Action Hero, l'acteur enfile une chemise d'agent au bord de la crise de nerfs. Toujours aussi charmeur, il affiche cette fois en prime une forme de fragilité qu'on ne lui connaissait pas encore. Une douleur existentielle qui lui va à ravir. Même en loser torturé, Tom Cruise fait rêver.
Bill Harford dans Eyes Wide Shut (de Stanley Kubrick, 1999)
Tant de choses ont été dites sur l’ultime long-métrage de Stanley Kubrick… Fruit d’un tournage interminable, qui dura 15 mois au lieu des 6 prévus, Eyes Wide Shut fut une épreuve pour Tom Cruise, qui dut repousser à deux reprises celui de Mission Impossible 2 et fit un ulcère qu’il cacha à Kubrick. Tout en jouant un couple qui se déchire avec son épouse d’alors, Nicole Kidman, une partition là encore très méta. Le divorce de Cruise et Kidman, deux ans plus tard, nourrira la légende sulfureuse du film pour l’éternité. Il restera aussi comme l’un des plus grands rôles de la star, qu’on aura jamais vu autant s’abandonner à un auteur.
Frank T.J. Mackey dans Magnolia (de Paul Thomas Anderson, 1999)
« Respectez la queue ! Et… domptez la chatte ! » Dans cette glorieuse ère post-Pulp Fiction où les plus grandes stars hollywoodiennes allaient s’encanailler dans des films d’auteurs « indé », Tom Cruise choisit de rejoindre la grande tapisserie chorale de P.T. Anderson en gourou masculiniste, qui ne frime plus du tout quand il finit par s’agenouiller auprès de son père honni, en pleine agonie. Un rôle méta, bien sûr (mais quel rôle de Tom Cruise ne l’est pas ?), encapsulant en une perf’ époustouflante et m’as-tu-vu quelques-unes des grands thématiques cruisiennes (la virilité, le spectacle, le rapport au père). On se souvient du monologue inaugural au son d’Ainsi parlait Zarathoustra, de la crise de larmes face à Jason Robards, mais la scène de l’interview, où Cruise tente d’impressionner une journaliste en se contorsionnant dans son slip kangourou, n’est pas mal non plus.
Vincent dans Collateral (de Michael Mann, 2004)
Si certaines stars ont peur d’écorner leur image en incarnant un méchant au cinéma, Tom Cruise a lui joué le jeu à fond quand Michael Mann lui a proposé le rôle du tueur à gages de Collateral, après la défection de Russell Crowe. Cheveux teints en gris, looké comme Robert de Niro dans Heat, Cruise reprend aussi sa méthode d’acting en travaillant secrètement comme livreur FedEx pour préparer son personnage. Complètement habité, il défouraille dans le Los Angeles nocturne magnifié par la caméra de Mann et enchaîne les scènes cultes, comme celle du club de jazz où il se montre aussi expert en Miles Davis qu’en dessoudage. Une master class, comme on dit en 2022.
Ray Ferrier dans La Guerre des Mondes (de Steven Spielberg, 2005)
Trois ans après Minority Report, le voilà de retour chez Spielberg. Cruise sombre avec ses personnages dans une noirceur au diapason d’un monde post-11 septembre fissuré de partout. Cette relecture de La Guerre des Mondes de H.G. Wells polarise à elle-seule cette angoisse sociétale. L’ennemi venu du ciel, rejaillit depuis les entrailles de New York. Ennemi intime et intérieur. Cruise, père divorcé un poil irresponsable, tente de sauver ses bambins de l’apocalypse et se mue en super-héros du quotidien. Il sourit moins, baigné dans un clair-obscur tenace. La propre histoire intime de l’acteur et le trauma originelle du divorce de ses parents, alimentent sûrement une composition d’une sobriété exemplaire. Hors caméras, cependant, l’acteur réputé inébranlable, pète un câble et saborde la promo du film de Spielberg jusqu'à sauter sur le canapé d’Oprah Winfrey ! Formé de longue date par le nouveau big boss de la scientologie, David Miscavige, le comédien est devenu le VRP number one de la secte, brouillant son rapport au réel et avec nous. D’aucuns jugent donc l’avenir de Cruise aussi sombre que dans La Guerre des Mondes... Débute un entre deux. Il y aura peut-être un désert à traverser... mais pas vraiment, Cruise re-contrôle tout.
BONUS
Les Grossman dans Tonnerre sous les Tropiques (de Ben Stiller, 2008)
Méconnaissable, bedonnant, chauve et franchement dégueulasse, il incarne un producteur hollywoodien incroyable dans cette comédie parodique déjantée. Une performance indescriptible. Les images parlent plus que les mots :
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