Gary Ross réfléchit à l'impact de son film, dix ans après. "Tristement, je crois que ses thèmes ont plus de résonnance aujourd'hui que quand on l'a fait."
TMC reprogramme ce soir Hunger Games, qui fête ses dix ans de succès au cinéma. Son scénariste et réalisateur, Gary Ross, qui était avant cela connu pour Pleasantville et Seabiscuit, revient sur sa fabrication, son énorme carton (près de 700 millions de dollars de recettes dans le monde) et ses influences auprès du Hollywood Reporter. Il explique par exemple avoir eu envie d'adapter roman de Suzanne Collins quand il a vu que ses enfants le dévoraient et en parlaient tout le temps. Il se souvient aussi d'avoir été bluffé par le talent de Jennifer Lawrence dans le rôle principal de Katniss Everdeen, ou confirme que Woody Harrelson a d'abord refusé le rôle de Haymitch avant qu'il ne parvienne à le convaincre d'intégrer ce film pensé comme le premier volet d'une saga.
Il y aura bien un nouveau film Hunger Games, adapté du livre préquelSurtout, Ross revient sur l'aspect politique et violent des livres, justifiant une nouvelle fois le fait d'avoir montré peu de sang à l'écran pour éviter d'être censuré et pouvoir proposer Hunger Games à un public plus large. Cette histoire de "Jeux de la faim" avec des adolescents, organisés à la télévision dans un monde post-apocalyptique aux richesses inégalement réparties, est devenue un exemple de franchise "Young Adults" réussie. Son imagerie a d'ailleurs été réutilisée lors de vrais conflits sociaux, son symbole de rébellion étant notamment repris par des milliers d'anonymes lors des manifestations pour la paix organisées en Thaïlande. Dix ans plus tard, le réalisateur considère que c'est cet aspect qui fonctionne le mieux dans son film, toutes les réflexions politiques ayant selon lui encore plus de résonnance aujourd'hui qu'à l'époque.
Hunger Games - le film appelle à l’indulgence (critique)"Je crois que l'une des raisons pour lesquelles cette franchise a eu autant de succès, c'est que la nouvelle génération sent qu'elle doit se battre pour sa survie tout le temps, alors que cette considération paraissait lointaine pour certaines personnes, explique-t-il quand il est interrogé sur ce qui a selon lui fait le succès de Hunger Games. Elle doit se battre contre le changement climatique, l'autoritarisme... cette génération ressent véritablement ces menaces, ce danger. Les livres de Suzanne parlaient de ça, et ça a raisonné en eux. C'est l'une des raisons pour lesquelles je voulais faire ce film. (...) Tristement, je crois que les thèmes de ce film ont plus de résonnance aujourd'hui que quand on l'a fait. Quand Donald (Sutherland, qui joue le Président Snow, dictateur de Panem dans Hunger Games, ndlr) parle de manipulation des masses par l'utilisation de faux espoirs, ça nous fait davantage frissonner. Tout l'aspect carnaval/télé réalité, qui montre une certaine version de la vérité, puis qui dépasse ses créateurs, c'était annonciateur de notre actualité. (...) Sur ce film, j'ai appris que l'ampleur d'un projet n'empêche pas de lui donner une valeur émotionnelle, qu'une certaine vérité peut remplir sa narration. J'ai appris aussi que le pouvoir de la performance de Jennifer était plus important que n'importe quel effet visuel, et que le fait de tourner un tel blockbuster, c'est super, à condition de se demander ce qu'il y a dedans. C'est la leçon que j'ai tirée de tout ça. Je suis très fier d'avoir détourné quelques obligations et d'avoir finalement réussi à en faire un film très intime."
Commentaires