A l’occasion de la diffusion sur Canal + ce soir du remarquable film de Stéphane Demoustier, portrait- express de sa non moins épatante héroïne, nommée vendredi aux César
« Mon premier film de chevet, c’est Napoleon Dynamite »
C’est en classe de cinquième grâce à une amie qui souhaite devenir réalisatrice que Melissa Guers fait sa première cure intensive de cinéma et craque pour la comédie culte de Jared Hess. « Mais plus je regardais de films, plus je me disais que je saurais le faire aussi bien que leurs actrices » se souvient- elle en éclatant de rire. Pour autant, même si elle suit durant une année des cours au conservatoire, ce métier lui paraît longtemps inaccessible.
« La Fille au bracelet a été mon premier casting »
C’est une blessure au doigt qui va faire basculer ce destin vers ce monde qu’elle pensait ne pas être fait pour elle. « J’ai eu droit à 20 points de suture ! Privée de partiels en fac de lettres à la Sorbonne, j’en ai profité pour regarder les annonces de casting. » Or Stéphane Demoustier avait posté sur Facebook celle pour trouver son héroïne de La Fille au bracelet, tenant à confier ce rôle à une jeune fille vierge de toute expérience devant la caméra. Melissa Guers répond à cette annonce. Elle est l’une des premières candidates au rôle que le réalisateur voit et l’évidence se fait quasi instantanément jour. « C’est la seule qui, dès le début, supportait les silences » explique t’il. « Elle avait une intensité qui détonait. Sa personnalité allait enrichir le personnage ». Melissa Guers décroche donc le rôle principal de La Fille au bracelet : Lise, une adolescente accusée du meurtre de sa meilleure amie et dont on va suivre le procès.
LA FILLE AU BRACELET: UN FILM DE PROCES IMPLACABLE [CRITIQUE]« Durant le tournage, j’ai tout fait pour retrouver le stress du premier jour »
Quand, avant le tournage, Melissa Guers demande à Stéphane Demoustier si Lise est coupable ou non, il lui explique que c’est à elle de choisir. « Comme je suis nulle pour ça, j’ai laissé ce flou… Mes certitudes variaient de jour en jour. » Son réalisateur lui donne cependant quelques films à regarder pour se préparer comme Le Procès de Jeanne d’Arc de Robert Bresson ou La Vérité d’Henri- Georges Clouzot « car l’héroïne campée par Bardot y est – un peu à la manière de Lise – autant jugée pour sa moralité que pour ses actes prétendus ». Melissa Guers entame le tournage, stressée. Et quand cette peur s’envole, elle redoute que la différence se voit à l’écran. Mais ses secrets de fabrication sont invisibles. « Melissa avait l’instinct du jeu et nous l’avons vue devenir actrice au fil du tournage », explique Stéphane Demoustier. « Au début, elle était totalement consumée par le rôle, au point de ne plus en dormir. Petit à petit, à force d’observer ses partenaires, elle a compris qu’il y avait une distance à tenir et que cela ne nuirait en aucun cas à la vérité de son interprétation. » Melissa Guers joue merveilleusement l’ambigüité de son personnage et porte le récit sur ses jeunes épaules. Au point qu’étrangement non- retenue dans la liste des pré- nominations au César de la révélation féminine établie par un jury de directeurs de casting, les votants l’ont, eux, choisie pour figurer dans celle des 5 nommées, en lice pour succéder à Lyna Khoudri, sacrée l’an passé pour Papicha. Rendez- vous vendredi soir sur Canal + pour connaître le nom de la lauréate.
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