Erroll Flynn, Kevin Costner, Russell Crowe, Vincent Cassel, John Cleese... Tous ont joué ou doublé un Robin des Bois inoubliable.
Robin des Bois de Ridley Scott, avec Russell Crowe et Cate Blanchett, sera diffusé ce soir sur TF1. Robin de Locksley, dit Robin Hood ("Robin au capuchon"), autrement dit Robin des Bois en France : à l’énoncé de son nom, on passe instantanément de l’Histoire au Mythe. Nottingham, la Forêt de Sherwood, Maid Marian, le Shérif, le Prince Jean et Richard Cœur de Lion … Robin est un héros sur mesure, tellement anglais et en même temps universel : chevalier déchu luttant contre l’usurpateur pour le vrai roi, guerrier habile à l’arc (le fameux longbow des archers anglais), séducteur de princesse… Robin est un archétype ; en "volant les riches, il donne aux pauvres" ; il est l’aune par laquelle se mesurent cent autres héros de tous les pays (on dira du ninja Ishikawa Goemon qu’il est le Robin des Bois japonais, ou de Jesse James qu’il est celui du Far West).
"Robin des Bois est une aventure médiévale d’une densité assez folle"
La première apparition de Robin des Bois au cinéma pourrait remonter aussi loin que 1908, avec le petit film Robin Hood and his Merry Men, réalisé par l’anglais Percy Stow, qui aurait été également le premier à avoir porté à l’écran Alice au Pays des merveilles en 1903. Depuis, le personnage a connu une bonne centaine d’adaptation (moins que Sherlock Holmes ou Napoléon, toutefois) : chaque génération a son film ou sa série télé Robin des Bois. En revenant sur dix Robin différents, retour sur près de quatre-vingt ans de collants verts et de concours de tir à l’arc au cinéma.
Russell Crowe : "Nous avons montré Robin des Bois comme un homme"
Douglas Fairbanks
Sa forêt de Sherwood : Robin des Bois (1922), réalisé par Allan Dwan (La Reine de la Prairie). Premier film à avoir une première hollywoodienne, paraît-il. Le film a connu une suite sur les aventures de Richard Coeur de Lion : le premier spin-off hollywoodien ?
Crédibilité en collants : 95%. Il s'agit quand même de Douglas Fairbanks (Le Signe de Zorro, Le Voleur de Bagdad), dont on peut dire sans crainte qu'il s'agit du premier véritable acteur d'action d'Hollywood.
Errol Flynn
Sa forêt de Sherwood : Les Aventures de Robin des Bois (1938), de Michael Curtiz. Outre Errol Flynn, on y trouve Olivia de Havilland et les infâmes Basil Rathbone et Claude Rains.
Crédibilité en collants : 99%. Le film est tellement fort que toutes les versions antérieures y font plus ou moins référence. Dans le rôle-titre, Flynn se surpasse et son duel final avec Basil Rathbone enfonce bien des films contemporains.
Brian Bedford/Dominique Paturel
Sa forêt de Sherwood : Le dessin animé Robin des bois (1973), produit par Disney et réalisé par Wolfgang Reitherman.
Crédibilité en collants : 70% (même si dans cette version, Robin ne porte pas de collants). Dessin animé ignoré par beaucoup de puristes, surtout quand on le compare aux chefs-d'oeuvre de Disney, et ce malgré le talent de Reitherman (un des vieux de la vieille de Disney, il a signé Merlin l'Enchanteur ou Le Livre de la jungle). Il conserve pourtant deux énormes qualités : la paire de méchants du film, à savoir le Père Siffleur, un serpent conseillant (mal) le Prince Jean, un mollasson boudeur et capricieux qui joue au gros bébé dès qu'on lui parle de sa mère ("Môman!").
Sean Connery
Sa forêt de Sherwood : La Rose et la flèche (1976) de Richard Lester. Outre Sean Connery, on y trouve Audrey Hepburn, Robert Shaw, Nicol Williamson, Ian Holm, Richard Harris... Connery y joue un Robin vieillissant, de retour des croisades, qui ne revient à Sherwood que pour mieux y mourir.
Crédibilité en collants : 50%. Il faut dire que ce film crépusculaire et plutôt méconnu de l'excellent Lester (Le Froussard héroïque) est loin du swashbuckling réjouissant des autres versions. Ici, on assiste à la fin d'un homme plutôt qu'à la naissance d'une légende.
John Cleese
Sa forêt de Sherwood : Bandits, Bandits (1981) de Terry Gilliam. Un petit garçon se retrouve propulsé dans tout l'histoire et la mmythologie du monde pour aider une bande de nains allumés à voler un mystérieux trésor...
Crédibilité en collants : 30%. Plus un caméo référentiel qu'un Robin des Bois à part entière, mais ce film est le premier long-métrage de Gilliam en dehors des Monty Python, et il semble y tracer les brouillons de tous ses thèmes antérieurs. Comment dire non à un film où Sean Connery joue Agammemnon et Ian Holm joue Napoléon ?
Kevin Costner
Sa forêt de Sherwood : Robin des Bois, Prince des Voleurs (1991) de Kevin Reynolds. La première tentative pour donner une relecture contemporaine à la légende de Robin.
Crédibilité en collants : 50%. Le film vaut surtout pour la prestation hallucinante d'Alan Rickman, qui cabotine comme si on avait pris toute sa famille en otage. Le reste du casting est improbable mais on passe un bon moment à les reconnaître : Morgan Freeman, Christian Slater, Mary Elizabeth Mastrantonio, Michael Wincott...
Cary Elwes
Sa forêt de Sherwood : Sacré Robin des Bois ! (1993) de Mel Brooks. Une parodie, comme son nom l'indique. Crédibilité en collants : 90%. Mélangeant allègrement le Robin des Bois de Curtiz et celui de Kevin Reynolds, Mel Brooks livre son dernier grand film. Cary Elwes, sans doute choisi pour son habileté à l'épée dans Princess Bride de Rob Reiner, fait un Robin tout en collants (d'où le titre originale, Robin des Bois : des hommes en collant) dont les flèches sont des missiles Scuds, où Marianne a une ceinture de chasteté magique et dont la nourrice protège la virginité à coups de fusil de chasse...
Vincent Cassel
Sa forêt de Sherwood : Shrek (2001) d'Andrew Adamson et Vicky Jenson.
Crédibilité en collants : 60%. Doublé par Vincent Cassel, "Monsieur" Hood (en français dans le texte) kidnappe brièvement la princesse Fiona, puis improvise avec ses joyeux drilles une petite scène de comédie musicale. Avant que l'ogre Shrek ne mette de l'ordre dans tout ça à coups de tatane. Fait partie des nombreux clins d'oeils de Shrek, surtout remarqué à cause de notre chauvinisme. Car aucun Anglais n'aurait supporté de voir Robin devenir Français.
Jonas Armstrong
Sa forêt de Sherwood : La série télévisée Robin des Bois (2006) produite par la BBC. Oui, on triche un peu.
Crédibilité en collants : 75%. A la différence de la série Les Nouvelles Aventures de Robin des Bois (1997) avec Matthew Porretta, qui comprenait des éléments fantastiques (lisez : des SFX cheap à la Hercule ou Xena), la série (qui a duré trois saisons) était plutôt crédible et pleine d'action, avec un Robin très bien interprété par le jeune Jonas Armstrong, revenu des Croisades avec un arsenal sarrasin, arc court et cimeterre.
Russell Crowe
Sa forêt de Sherwood : Robin des Bois (2010) de Ridley Scott. Avec Cate Blanchett, Danny Huston, la française Léa Seydoux, Mark Strong, William Hurt, Max Von Sydow. Ouf !
Crédibilité en collants : 0%. Russell Crowe plaisantait ravant la sortie du film sur le plateau du Grand Journal en disant que les hommes ne portaient pas de collants dans l'Europe du douzième siècle finissant. Et que le but de Ridley Scott était une crédibilité historique totale, en montrant comment les Anglais avaient refusé l'absolutisme et poussé le roi à établir la Magna Carta. Ridley Scott est très doué, mais quand même, "Print the legend" et le reste ? Refuser les collants, Russell, c'est refuser l'esprit de Robin des Bois.
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