DR

Le boutonneux à lunettes, accro aux nouvelles technologies, n'est plus le guignol de service. Désormais, c'est lui le héros !

Collé derrière un écran d'ordinateur toute la journée, le teint blaffard, capable de réciter par coeur toute l’œuvre de Tolkien ou de jouer à Warcraft pendant des heures, le Geek n'a pas toujours eu bonne réputation. Génie scientifique mal aimé, pas très sociable, préférant n'importe quel film de science fiction à un bon match de foot, il a souvent été relégué au rang du bouffon de service, dans le petit monde des séries US. Un personnage marginal, au comportement autistique, trop maigrichon pour se battre, mais très pratique pour résoudre une situation de crise.

Mr Robot : la presse US s'enflamme pour la saison 2

Mulder s'appuyait ainsi sur ses Lone Gunmen dans X-Files. Syndey Bristow avait son Marshall dans Alias. Et NCIS compte toujours sur sa chère Abby. De précieux sidekicks, mais toujours cantonnés au second plan de l'histoire. Hormis quelques rares exceptions (MacGyver et Code Quantum), le Geek n'était jamais considéré comme un héros potentiel. Et quand la télé US osait le mettre au centre du récit, c'était pour mieux le ridiculser. N'est-ce pas Code Lisa ?

No video provider was found to handle the given URL. See the documentation for more information.

Les séries US ont eu beaucoup de mal à sortir de la caricature grossière de ce fan d'informatique au physique ingrat. Le pur "loser", en opposition au beau gosse musclé et cool. Mais au début des années 2000, les Geeks ont commencé à prendre le pouvoir... en coulisses. Judd Apatow, Paul Feig, Seth Rogen, JJ Abrams ou encore Joss Whedon se sont imposés comme les nouveaux rois du petit écran américain. Alors logiquement, ils ont fait évoluer l'image du Geek à l'écran. On se souvient ainsi de la mythique série Freaks and Geeks (celle qui a révélé James Franco, Jason Segel et tant d'autres), véritable ode à ces personnages marginaux et mal considérés.

DR

Et puis le Geek a pris une autre dimension. Tout à coup, il est sorti de son bureau en sous-sol, pour botter des culs sur le terrain de l'action. Il a fini d'être le simple "tech" de service, parlant dans l'oreillette. Il est devenu le héros. Chuck, à partir de 2007, a fait beaucoup pour la cause. Un passionné d'informatique, un nerd mal dans ses baskets, qui devient agent de la CIA et qui explose tout sur son passage : une petite révolution.

L'originale Temperance Brennan de Bones est une autre preuve de cette évolution. Brillante scientifique, rationnelle à l’extrême, et complètement asociale, elle est l'archétype de la parfaite Geek devenue femme d'action. Et que dire de Walter O'Brien, génie au QI démentiel, qui sauve le monde chaque semaine avec son équipe de "nerds", dans Scorpion ?

DR

Aujourd'hui, les Geeks sont partout sur le petit écran. On les retrouve au centre des meilleures comédies, comme Silicon Valley, la série HBO acclamée par la critique depuis deux ans. Et bien sûr The Big Bang Theory, qui a fait de ces gentils bigleux les meilleurs amis du public américain, offrant aux Geeks une immense victoire populaire sans précédent.

DR

Car oui, paradoxalement, les Geeks sont devenus populaires. Tellement populaires, que la culture geek, hier décalée, est aujourd'hui la norme. Les zombies (The Walking Dead), les Aliens (Star Trek), les super-héros (The Flash) ou l'heroic fantasy (Game of Thrones) sont désormais les références absolues de la télé US. Des cartons assurés et des cibles prioritaires pour les chaînes.

Et Mr Robot symbolise ce triomphe total. L'anti-héros incarné par Rami Malek incarne à merveille cette victoire du "nolife" mal fichu, sur la perfection dictée par la société. Il a littéralement pris le pouvoir, aussi bien à la ville (sacrée Meilleure série de l'année aux Golden Globes), qu'à l'écran. Alors que la saison 2 démarre ce mercredi soir aux USA, le Geek n'a certainement jamais semblé aussi costaud !