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Dans un tweet assez classe, Luc Besson défend le film le plus détesté de Cannes 2016

Depuis sa présentation vendredi soir en compétition officielle, The Last Face a battu tous les records. Le nouveau film de Sean Penn a reçu la pire note d'un film sélectionné à Cannes. Les critiques ont attaqué le film sur le plan politique (« vision nauséabonde » pour L'Obs - bam), moral (« le cri hystérique d’une superstar en plein ego-trip, qui instrumentalise la violence de deux des pires conflits qui aient ravagé l’Afrique » pour Le Monde - bim), et cinématographique (« un spectacle gênant » pour Liberation – BOUM).  Au sein de notre team cannoise, si certains trouvent les sifflets injustifiés et auraient bien aimé tempérer la violence générale, The Last Face arrive quand même beau dernier de notre classement de la compétition et hérite d'un surnom qui nous a bien fait rigoler The Last Fail...

La messe est dite ? 

Pas si vite. Un homme vient de pousser un coup de gueule sur Twitter. Et pas des moindres. Luc Besson, producteur et ami de Sean Penn, est monté sur ses grands chevaux, a mis son costume blanc et a pris la défense du cinéaste. 

 

Press killed Sean Penn's movie in #Cannes.
Sooo easy! Sean has courage that they will never have.
The film is a master piece.
I loved it!!
— Luc Besson (@lucbesson) May 21, 2016

Traduction : "La presse a tué le film de Sean Penn à #Cannes. Tellement facile ! Sean a plus de courage qu'ils n'en auront jamais. Le film est un chef d'oeuvre. Je l'ai adoré !"

Besson sait de quoi il parle : c'est un habitué de la furie cannoise et il connaît bien les accueils houleux de l'amphithéâtre Lumière (pas que d'ailleurs). En 88, Le Grand Bleu qui faisait l'ouverture se prenait une belle avoinée – avant de devenir l'objet d'un culte générationel. Quelques années plus tard, Fanfan La Tulipe produit par EuropaCorp, se faisait étriller avant de rester... le nanar découvert sur la Croisette. Pareil pour Les Cotelettes, autre mal-aimé cannois. (soyons honnêtes : Besson a également produit les sublimes westerns de Tommy Lee Jones adoré et est crédité au générique du Malick palmé d'or...).

Rassurez-vous, on ne cherche pas à réhabiliter le film de Sean Penn ici. Pas sûr que ce soit même possible. On pense juste qu'il y a toujours quelque chose d'un peu dégueulasse à voir la presse s'abattre comme un seul homme sur un film et un type qui se met à nu, se livre sur le plus grand écran du monde, devant le public le plus exigeant qui soit. C'est un cliché, mais parfois ces clichés-là sont bien réels. Durs comme un mur de brique. Que vient de se manger Penn. L'effet Cannes diront certains. On voit des films, on les juge et il faut parfois crier plus fort que les copains pour se faire entendre. C'est la règle du je(u). On la connaît et on la pratique comme les autres. Mais ça fait toujours un peu mal de voir un artiste se faire piétiner de cette manière. Encore plus quand il s'agit de Brad Whitewood Jr ; de Jeff Spicoli ; d'Edward Welch et d'Emmett Ray. Du réalisateur de Crossing Guard ou d'Indian Runner.

I stand by the film disait Sean quelques heures après la projection. « Je reste (seul?) avec mon film ». C'est lui qui s'est mis en danger, qui a son nom collé au générique, qui a pris tous les risques (du don de soi comme du ridicule, de l'argent comme de l'indigence) pour une cause qu'il défend depuis des années, avec une foi (aussi maladroite soit-elle) qu'on ne peut pas remettre en cause...  I stand by the film. Seul ? Plus maintenant. Besson est là – et rien que pour ça, pour ce tweet un peu cool (même si franchement, le "master piece" est excessif) et classe, merci Luc.