Qu’est-ce qui vous a poussé à accepter ce rôle dans cette histoire de fous ?Pour accepter un projet, il faut un triptyque qui fonctionne : texte, metteur en scène et partenaires. Tout ici était réuni. La pièce est très bien écrite. C’est même cinglant. Je suis heureux de travailler enfin avec Jean-Luc Revol, que je connais depuis plus de vingt ans. Et j’adore Raphaëline Goupilleau ! Nous avions trois projets ensemble et c’est celui-là qui est sorti. Enfin, parce que Jean-Luc a su regrouper une troupe de talent, avec laquelle c’est un bonheur de jouer. Nous avons créé le projet en province et depuis septembre, nous formons une famille.C’est l’histoire d’une famille qui adore régler ses comptes en public. Pourquoi ces engueulades régulières ?Pour embellir la vie, ils ont mis en place un système. Ils se parlent au second degré, se mentent. Le problème, c’est qu’ils n’arrivent plus à savoir où est le mensonge et où est la vérité. Mathilde, le personnage que joue Raphaëline, a cette réplique à la fin de la pièce : « Si on commence à se parler sincèrement dans cette maison, tu le dis tout de suite, j’ouvre le gaz et je fume à côté. » Peut-on tout dire ? Lorsqu’il vous arrive un malheur, une maladie, vous ne pouvez pas l’annoncer brutalement aux autres. La pièce aborde l’incapacité de se parler sincèrement, quand on veut à tout prix donner du relief à la vie. Depuis toujours, le mensonge est un ressort de la comédie. Là, nous évoquons les petits arrangements avec la vérité au quotidien.Face à la tornade Mathilde, il faut à Arnaud, votre personnage, un sacré répondant…C’est un couple qui s’aime, mais c’est vrai que ma femme est dotée d’un tempérament explosif ! Raphaëline a un rôle tonitruant. Nos personnages se complètent bien, à la manière Poiret - Serrault. Rappelez-vous, dans La Cage aux folles, Serrault virevoltait et Poiret temporisait. Dans notre duo, Raphaëline est l’Auguste et je suis le clown blanc !Vous devez vous régaler avec les dialogues…Il y a des répliques très drôles. Une bande d’amis est venue nous voir le 31 décembre à Lyon, au théâtre de la Tête d’or. Au dîner, ils ressortaient les phrases. Je pense que certaines vont rester ! Mais on ne s’appuie pas dessus ! On joue les finesses, ce qui renforce le comique d’une phrase ou d’une situation. Au théâtre, la comédie est la discipline qui demande le plus de rigueur. Un quart de ton en dessous, un temps de trop, un effet trop appuyé… et le rire baisse. C’est une mécanique…Ce spectacle réclame une sacrée énergie !On s’embarque pour la durée de la pièce, une heure quarante à mener ! Pas question d’être fatigué, faut y aller, mouiller sa chemise. Mais pendant un grand moment, nous sommes six sur scène, ce qui nous porte. Un dîner de cinquante minutes assez joyeux à jouer ! Ce n’est pas un boulevard à proprement parler. Nos deux jeunes auteurs, Nicolas Poiret par son père, Jean, et Sébastien Blanc, également comédien, connaissent très bien le boulevard et ils en utilisent les codes en les décalant. Leur pièce est très moderne.
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