Première
par Gérard Delorme
Depuis la renaissance du studio Hammer en 2010, La dame en noir représente à la fois le film le plus novateur et le plus fidèle à l’esthétique de la vénérable compagnie qui, avant son déclin dans les années 80, avait marqué le cinéma fantastique et d’horreur. Sur le thème de la maison hantée, il perpétue une tradition dans laquelle les Anglais se sont distingués, notamment avec Les Innocents de Jack Clayton, adapté du « Tour d’écrou » d’Henri James. De même, La dame en noir est l’adaptation d’un roman de 1983, qui raconte l’enquête d’un étranger pour résoudre un mystère local : le fantôme d’une femme revenant se venger des villageois qu’elle estime responsables de la mort de son fils. James Watkins, l’auteur du très efficace Eden lake, a le bon goût de traiter l’histoire au premier degré. Dans une première partie, il installe une atmosphère de peur et de superstition qui rappelle l’âge d’or de la Hammer, lorsque Van Helsing débarquait dans le territoire de Dracula. L’ambiance passe de la menace à la terreur lorsque le héros pénètre dans la maison hantée, où il affronte tous les vieux trucs: le fauteuil à bascule qui oscille sans personne dedans, les portes qui s’ouvrent et se ferment toutes seules, les apparitions dans le miroir... Toute la panoplie y passe, amplifiée par des effets discrets mais inventifs. Daniel Radcliffe, très en forme, réussit sans problème son examen de passage post Harry Potter . Tout en restant dans un registre surnaturel qu’il connaît bien, il apporte un mélange de calme tragique et de maturité qui convient bien à son personnage de veuf.