Alexis Lloyd est une énigme dans l’histoire du cinéma. En effet qui aurait pu prédire que ce normalien, ancien énarque ayant travaillé à l’Ambassade de France à Athènes allait se tourner vers le cinéma, indépendant, qui plus est ?!Il commence, timidement, par la production en 1999 de The Darkest Light de Simon Beaufoy. Normal, presque banal, pour quelqu’un qui doit maîtriser les investissements sur le bout des doigts. Mais les choix qui suivront dans les années 2000 sont quand même pointus, voire osés : Peines d’amour perdues de Kenneth Branagh, Jimmy Grimble de John Hay ou encore Rédemption du sulfureux Michael Winterbottom.Et le voilà qui décide de passer derrière la caméra ! Après quelques essais dans le domaine du court-métrage, il sort son premier long-métrage en mars 2012. Et il choisit pour sujet : le sexe et les questionnements qu’il engendre. Mais, en érudit qu’il est, il opte pour une adaptation libre de la pièce de théâtre, La Ronde, d’Arthur Schnitzler, déjà adaptée au cinéma par Marcel Ophüls en 1950 ou Roger Vadim en 1964.Mais le normalien guette. Son premier film ne s’appellera pas La Ronde mais 30 Beats, en référence au tempo amoureux. L’énarque devenu réalisateur prétend que l’amour se construit en trois temps. Or, il met en scène pas moins de dix histoires de cœur. 3 x 10 = 30, CQFD. Ces dix histoires se déroulent sous une vague de chaleur qui plombe la ville de New York. Chaud ! Mais les images restent prudes. Chaque histoire a pour protagoniste l’un des acteurs de l’histoire précédemment montrée à l’écran, comme l’assemblage de dix courts-métrages, jusqu’à ce que la dixième histoire boucle la boucle.Un fin amateur de cinéma indépendant, cet Alexis Lloyd qui a sans doute eu une révélation en visionnant Amours Chiennes et 21 Grammes d’Alejandro Gonzalez Inarritu, construits sur le même principe d’histoires qui s’imbriquent jusqu’à sceller les destins d’inconnus autour d’un drame. Plus joyeux que son mentor, Lloyd fait du sexe – plutôt que la mort – le point de rencontre de ses personnages. Reste à savoir si, à l’instar du cinéaste mexicain, il fera du principe mathématique un dogme.