Première
par Bernard Achour
En quelques plans dont un somptueux travelling avant parmi des montagnes de cartons, Propriété interdite réussit
le triple exploit d’émouvoir sans raison, d’inquiéter sans mobile et de harponner l’attention comme si l’intrigue venait déjà d’atteindre son point culminant. Mais elle ne fait que s’installer, et la suite, tout en détails habilement distillés (des ombres furtives, des conversations téléphoniques désespérées, des phénomènes à la frontière du surnaturel), ne fera qu’amplifier l’intérêt, puis le malaise, puis la terreur. Car, oui, le film d’Hélène Angel fait peur. Volontairement, intelligemment, élégamment, aussi bien par son atmosphère que par son exploration d’un deuil insoutenable que couronne un final impressionnant de sérénité cauchemardesque.