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Agente immobilière au chômage, Constance revient dans sa ville natale car un poste s'y libère. Quand une concurrente de 20 ans lui passe devant, la quadragénaire prend les choses en main.
Jusqu’où ira Constance pour décrocher un emploi ? Comme l’annonce le titre, le premier film de Sébastien Marnier épouse le point de vue buté de son héroïne, jusqu’à l’absurde et la névrose. Dans un écrin formel très sobre, baigné d’une lumière estivale étouffante et mis sous tension par les synthétiseurs post-Carpenter de Zombie Zombie, ce portrait de femme "prête à tout" distille progressivement son malaise. Tandis que Constance échafaude son plan de reconquête professionnelle, la chronique déprimée d’un retour aux sources provinciales se double d’un thriller psychologique chabrolien. Dans le rôle de cette quadra qui préfère aiguiser ses dents plutôt que de se faire boulotter par la concurrence déloyale de la jeunesse (plus séduisante, moins coûteuse), Marina Foïs est bluffante. Avec ses cheveux peroxydés de femme fatale et sa tenue de jogging kitsch d’éternelle ado, l’ex-Robin des Bois compose le genre d’anti-héroïne mi-humaine mi-monstrueuse qu’affectionne tant Isabelle Huppert : c’est un bloc de volonté granitique niché dans un corps fluet, un Terminator en talons hauts. Mise en valeur par un solide casting, sa présence tour à tour espiègle et glaçante, presque burlesque par moments, donne à ce film (un peu trop) rondement mené ses brisures imprévisibles. Eric Vernay
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Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Le portrait aussi inquiétant que pathétique d'une désaxée. Un premier long réussi.
Thriller ou drame psycho-social? Irréprochable ne tranche pas, il emprunte aux deux genres. Même baigné de couleurs chaudes, il distille un malaise qui se répand peu à peu dans le récit, comme un poison, il crée une tension latente, comme si tout pouvait basculer dans la seconde ou comme si le pire allait brusquement advenir.
Sébastien Marnier ne rivalise pas avec Polanski, mais il réussit un premier long inquiétant, insaisissable. Un film, en fait, à l'image de cette héroïne qu'on sent susceptible de vriller en un éclair. Elle s'appelle Constance et elle revient dans la maison de sa mère hospitalisée, en province, après que son patron parisien l'a virée. Un sale type son patron, il l'a harcelée. Constance espérait retrouver un emploi dans son ex-agence immobilière, mais le directeur lui a préféré une jolie jeunette. Elle bout intérieurement, jalousant sa rivale et semble prête à tout pour décrocher un job. À tout, vraiment à tout?
Le cinéaste dessine un personnage fascinant, tout en failles névrotiques, et inconsciente de l'amoralité de ses actes. Un cadeau en or pour Marina Foïs, qui effectue une prestation... irréprochable. Sociopathe à la dérive, elle fait à la fois flipper et pitié, suscitant une véritable empathie. On se laisse berner avec joie, et avec effroi, d'autant que le scénario, retors, réserve sur la fin de saisissantes surprises. Un régal.
Du bon son
Le réalisateur a confié la B.O. à Zombie Zombie, groupe électro français influencé par le cinéma de genre, de George Romero à John Carpenter.
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Les apparences sont trompeuses dans ce premier film dont le titre se révèle, on le découvre peu à peu, un contresens parfait. Constance, l'héroïne, est avant tout une femme... instable. La vie, il est vrai, la malmène : forcée de quitter Paris, où elle a perdu son travail, elle revient vivre en province, dans la maison de sa mère, hospitalisée. Déjà sans un sou, elle doit abandonner tout espoir de retrouver son poste dans l'agence immobilière qu'elle avait quittée pour la capitale. Une jeune fille vient d'être embauchée. Alors, Constance fait tout pour la rencontrer et devenir sa meilleure amie. Comprenez l'inverse...
Avec cette femme tout droit sortie du cinéma réaliste, qui évoque a priori le chômage et la crise, le jeune Sébastien Marnier file ailleurs : vers le thriller psychologique. D'une victime sociale, il fait un personnage qui pourrait devenir une menace. On sent le plaisir du cinéaste à jouer avec le spectateur, à prendre ses attentes à revers. Il y a un peu de Chabrol dans cette atmosphère qui s'appuie sur la quiétude provinciale pour mieux faire surgir l'inquiétude et des comportements étranges, extrêmes. Le plaisir, plus mineur, d'un simple film de genre l'emporte parfois. Les acteurs y mettent de la conviction, Marina Foïs en tête : l'actrice apporte tout son capital de sympathie au personnage de Constance et sait pourtant comment devenir inexorablement glaçante. — Frédéric Strauss