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En 1964, l’écrivain Isaac Asimov avait prédit ce qui nous arriverait cinquante ans plus tard, arguant que l’ennui serait le mal du siècle. Spike Jonze lui donne génialement raison à travers cette romance virtuelle traitée à la manière de la Sofia Coppola de Lost in Translation, Jonze partageant avec la réalisatrice cette même capacité à remplir le vide tout en laissant des blancs. Theodore (Joaquin Phoenix), le visage défait par la douleur, vit au ralenti, hanté par les images d’un bonheur évanoui et le souvenir de son ex (la si fragile Rooney Mara), dont il a perdu le regard. Le doux
rêveur n’ouvre la porte de son univers intérieur qu’à une amie artiste (Amy Adams) et se noie dans les nouvelles technologies pour oublier sa peine. Quelque chose en lui s’est brisé, qui demande à être réparé. Rien ne le rattache au monde réel, pas même les mots touchants d’un collègue qui, au détour d’un compliment, révèle une sensibilité qu’il avait sous-estimée. Rien ne vaut Samantha, cette obsédante voix de machine, suave et sexy (Scarlett Johansson, que l’on ne voit jamais à l’écran) qui semblait l’attendre depuis une éternité, à des années-lumière du chaos urbain. C’est un éclair qui a bouleversé le ciel gris de son existence et a réveillé des sentiments endormis depuis longtemps. Pourquoi aime-t-on instantanément ce héros et donc ce film ? Peut-être parce que personne ne joue mieux la cristallisation amoureuse que Joaquin Phoenix. Personne. Jonze avance avec ce personnage parce qu’en dépit du chagrin, il faut bien avancer. Et son film de respecter le rythme de l’horloge en panne, l’espace-temps entre passé proche et futur antérieur. De s’autoriser tout. De retrouver la sexualité métaphysique de Dans la peau de John Malkovich (faire l’amour à travers un autre corps) et d’en explorer une nouvelle avec plus d’imagination que n’importe quelle vidéo disponible sur YouPorn. De mélanger avec souplesse les gags les plus cons de la terre avec des jeux vidéo dégénérés. De bouleverser, aussi. Car derrière l’innocuité apparente, la maladresse des répliques ou l’humour poli jaillissent la cruauté et le spleen d’une fable sur une époque – la nôtre – qui apparaît sous cloche, repliée sur son passé, nimbée de neutralité et de doute. Une époque où nous autres, androïdes hipsters en quête d’intensité, nous devons composer avec l’iPhone, l’addiction aux réseaux sociaux et leur tendance à développer le narcissisme, et avec nos rêves de moutons électriques. Aussi, devant cette merveille, de battre notre coeur ne pouvait plus s’arrêter.
Toutes les critiques de Her
Les critiques de Première
Les critiques de la Presse
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Her ne parle pas d'amour mais de ce qui se passe lorsqu'il a disparu : la nostalgie, la cristallisation, la solitude, l'illusion. La cruauté de cette fable douce et somnambulique aux allures de grand sommeil, c'est que la flamme est éteinte. Ainsi, sans s'en rendre compte, sonné par la rupture, noyé dans les limbes du présent, le héros est passé du côté des machines aux sentiments endormis qui attendent d'être réveillées.
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Un film intrigant et troublant en diable.
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Il semblerait que certains thèmes ont été empruntés à Eternal Sunshine of the spotless mind, une nouvelle histoire sur la complexité des relations et cette incapacité à durer.
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Avec Her, merveille d'élégance narrative, métaphore élégiaque de la moderne solitude, Spike Jonze (...) va réussir à transmettre, à faire partager une très grande, une très belle histoire d'amour.
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Délicieusement divertissant mais légèrement troublant.
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(...) un chef-d'oeuvre d'intelligence, de sensibilité, de grâce, d'humour et de poésie.
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Une méditation exceptionnelle et mélancolique sur qui sommes-nous et où allons-nous ?
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Le metteur en scène ne s'efface pas (...) devant l'écrivain de cinéma, comme en attestent une visualisation inventive et une direction d'acteurs exemplaire.
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Dans ce monde aussi parfait que les humains peuvent l'espérer, le malheur reste possible. Les souffrances du (plus si) jeune Theodore font la vraie substance de Her. Par la grâce incertaine et touchante de Joaquin Phoenix, son inquiétude, sa mélancolie se propagent à tout le film qui vibre des incertitudes de cet homme quelconque, dans le destin duquel on peut presque lire notre futur.(...)
Spike Jonze, qui manie les concepts avec une discrète virtuosité, défait cette illusion avec une grande douceur, ramenant Theodore à sa pauvre condition et le spectateur à la réalité d'aujourd'hui, laissant ce dernier un peu plus riche en images et en idées. -
Drôle, inventif, mélancolique, "Her" porte bien son titre : c'est, à l'instar d'"Elle", de Blake Edwards, et sous ses airs trompeurs de branchouillerie pour hipsters, un modèle de film sur le fantasme masculin de la femme idéale.
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Un film croustillant qui évoque la peur du futur, un plaisir touchant et plein d’entrain.
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La comédie romantique 2.0 est de Jonze est à la fois euphorisante et déprimante, tendre et désespérée. Nous allons tous devenir des autistes à jouer seul dans le noir en pleurant un amour déçu, semble nous dire le réalisateur. Et alors, répond son héros accroché à ses rêves romantiques. Je peux aimer la voix qui me réconforte, qui me pousse et me guide à concrétiser des projets que je n’avais même pas imaginé possible. La plongée introspective d’une génération qui attend désespérément un Like ou une Notification nous rappelle «The Social Network» de David Fincher, sauf que «Her» nous offre aussi l’un des trésors du cinéma contemporain : le sourire qui renait dans le regard de Joaquin Phoenix, ici dans l’un de ses plus beaux rôles.
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Bienvenue dans les villes des futures générations pleines de grandes solitudes. Un excellent lm qui vient d’obtenir l’Oscar du meilleur scénario.
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Her est finalement un film sur la solitude, et l'amour «qui est aujourd'hui la seule folie socialement acceptable». Dans son penthouse, Theodore ressemble au Petit Prince, seul sur sa planète, qui apprivoise son renard informatique. «Tu seras pour moi unique au monde. Je serai pour toi unique au monde», dit la fable de Saint-Exupéry. Malheureusement pour nous, humbles mortels, aucune machine n'arrive à nous faire ressentir cela.
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Une histoire d'amour jusqu'alors impossible mais probable, après tout, dans un avenir proche, passionnante de bout en bout grâce à la réalisation au plus près de Spike Jonze.
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"Her" relève de ces défis, autant par leur sujet que leur mise en forme. La preuve, encore, d’une très grande réussite, hors des sentiers battus.
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Utopie ou dystopie, la love story de Spike Jonze nous rappelle que l'amour, cette "folie acceptée par la société", reste, bien plus que l'intelligence artificielle, la grande quête de l'humanité.
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Joaquin Phoenix envoûté par la voix de Scarlett Johansson dans une romance d'anticipation, intelligente et bouleversante. "Her" est d'ores et déjà l'un des plus grands films de l'année.
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Il n’y a que Spike Jonze, également scénariste du film, pour imaginer une histoire aussi folle. (...) Par petites touches, Jonze décrit une vie où l’information et la vie sociale sont à portée de doigt – ou de voix- mais où l’utilisateur est toujours seul face à sa machine, aussi évoluée soit-elle. Pour rêver, méditer et s’évader.
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c'est l'histoire d'amour la plus singulière et la plus déchirante depuis l'avènement des réseaux sociaux et des relations virtuelles.
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La force du film est de ne jamais montrer la jeune femme, dont la voix (celle de Scarlett Johansson en VO) est une merveille de grâce, de séduction et d’humour. Joaquin Phoenix passe de la mélancolie
à la joie, de l’égoïsme au partage, avec une puissance fascinante. Rarement on a vu au cinéma une histoire d’amour aussi folle et singulière et, dans le même temps, universelle. -
Une histoire triste qui nous permet de méditer sur l’avancée des nouvelles technologies, responsable de notre solitude, une allégorie sur les hommes seuls et leur peur des femmes.
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Un film futuriste incroyablement réaliste et à double lecture, voire plus. A chacun son interprétation concernant cette histoire d'amour aussi inattendue qu'incroyablement attachante. Dans tout les cas, c'est une love story qui ne laisse pas de marbre, c'est certain.
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Un film émouvant et troublant.
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Avec une réelle grâce, Spike Jonze orchestre une love story éthérée, mélancolique et bouleversante. Il offre à Joaquin Phoenix un personnage passionnant, strié de multiples failles. Scarlett Johansson obtient pour sa part le meilleur rôle de sa carrière.
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Une romance cinglante sur nos préoccupations égocentriques.
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Cette union atypique, Spike Jonze la dépeint avec style mais sans esbrouffe, au détour d'une pléthore de situations cocasses, de conversations philosophiques et d'authentiques moments demalaise au sein desquels chaque comédien trouve une occasion de briller.
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L’histoire la plus originale, hilarante et déchirante de l’année.
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Une histoire d’amour poignante qui mesure l’étendue de notre implication dans le monde virtuel.
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Mélancolique, bouleversant, à ne manquer sous aucun prétexte.
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Avec son nouveau film « Her », Jonze crée un splendide anachronisme où on pleure et rit, il est doux, sérieux et nous réchauffe
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Entre Simone et A.I Artificial Intelligence, Spike Jonze pose sa réflexion sur les rapports amoureux dans un univers de science-fiction fascinant de beauté verticale qui exalte et émeut, et finalement confine à l’universalité des sentiments.
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Spike Jonze a le don de nous plonger dans les replis tortueux de la psyché humaine. Il revisite, à travers cette fable virtuelle et mélancolique, les codes de la romance pour mieux souligner les contradictions d’une société (la nôtre) ultra-connectée mais inéluctablement déshumanisée. Joaquin Phoenix est une fois de plus bluffant de sensibilité, capable de mener le grand jeu de l’amour sans partenaire. Tout passe par son regard, mis dans tous ses états par une voix. Celle chaleureuse et envoûtante de Scarlett Johansson, qui sans jamais apparaître à l’écran, livre une de ses meilleures performances, dans ce film qui ne sera diffusé qu’en VO.
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Un fantaisie mélancolique d’une tendresse infinie, privée de son statut de grand film à cause de 20 minutes en trop.
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Spike Jonze livre une analyse fine des rapports amoureux et surprend constamment avec un scénario brillant récompensé par l’oscar du meilleur scénario. La performance de Joaquin Phoenix et la voix de Scarlett Johansson ne sont pas étrangers aux émotions qui se dégagent de cette oeuvre sensible.
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Une histoire d’amour insolite, imaginée et mis en scène par le réalisateur de Dans la peau de John Malkovich, qui même s’il traîne un peu en longueur, titille notre imagination avec ce troublant conte sur la solitude moderne aux frontières du réel et du virtuel.
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Plutôt que d’en faire une ode aux relations humaines perdues, Spike Jonze nous fait découvrir les nouvelles technologies comme une option amoureuse supplémentaire. Joaquin Phoenix est comme à son habitude au sommet de son art tout comme cette fable originale et audacieuse qu’il porte à bout de bras.
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Le scénario original écrit par Jonze, nommé aux Oscars, est une merveille, bourré de détails fascinants sans jamais se la péter, fait plutôt rare dans l’univers de la science-fiction – (...) Et puis, ‘Her’ est peut-être aussi le premier film romantique où l’on ne voit qu’une moitié du couple. Joaquin Phoenix, qui joue seul – la voix de Scarlett Johansson a été rajoutée en post-production –, livre ainsi une performance absolument bluffante, parvenant sans problème à nous convaincre de la puissance de son amour pour une oreillette. D’une grande sensibilité, doté d’un univers unique (et déjà mille fois parodié), ‘Her’ s'annonce comme l'un des films les plus audacieux de l'année, voué à devenir culte.
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Avec ce film qui souligne la tragédie de la solitude, Spike Jonze fait plus que captiver notre attention. Il nous envoûte.
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Malgré son cadre futuriste, Her est une comédie dramatique et romantique consacrée à l’histoire d’amour entre un homme et un système d’exploitation intelligent. Un film mélancolique et touchant, qui parvient à donner corps à cette relation inconcevable
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Une fable à peine futuriste qui explore avec une maestria modeste le frontière entre la chair et le virtuel. Spike Jonze est de retour, plus ambitieux et talentueux que jamais.
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Spike Jonze construit son amour impossible par la grâce d’une écriture dense et sophistiquée.
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Etre amoureux de la voix (synthétique) qui sort de son ordinateur ? Quand c'est Scarlett Johansson qui parle... Le film réussit mieux la description d'un futur numérique, pas si éloigné de notre présent, que la love story elle-même, pas du tout réinventée. Mais Joaquin Phoenix est plus sobre que d'habitude, et la mise en scène élégamment ouatée.
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Her n'est qu'une histoire d'amour impossible inutilement étirée, banale dans le fond, magnifique dans la forme. Suspendu aux murmures troublants de Scarlett Johansson, la voix de Samantha, Joaquin Phoenix donne chair et âme à une passion imaginaire. Il est le coeur battant d'un Los Angeles épuré, hors du temps, aux verticales vertigineuses piquées de passants solitaires, nimbées d'une brume dorée. Une image de rêve ou de cauchemar. Qui n'en finit pas.
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Los Angeles dans longtemps imaginé par Spike Jones (...) Théodore se demande si tout cela à une sens. Un peu comme nous.
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Her est un film désincarné non pas parce que l’amour de Theodore est abstrait – belle hypothèse posée par le film, hélas non suivie, que de tomber amoureux de l’idée même d’être amoureux – mais parce qu’il échoue à trouver le vaisseau susceptible de porter son propos. Sans enveloppe, le film ne se résume qu’à une triste succession de tirades plus convenues qu’émouvantes sur l’acte d’aimer. Sacrée déception.
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Or, malgré une bonne volonté manifeste à tordre les codes surannés de la comédie sentimentale, Jonze échoue à mettre dans le mille. C’est même un euphémisme puisque l’image n’est ici, à de rares exceptions près, que le support faiblard d’une relation qui trouve son expression seulement dans le dialogue.
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Ce qui commence comme une variation contemporaine sur le mélancolique "I Love You" de Marco Ferreri se transforme en sucrerie qui pourrait servir de clip à "Deeper Understanding", une vieille chanson de Kate Bush racontant la même histoire.
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Malgré la magnifique présence vocale de Scarlett Johannson le film ne convainc ni par son sujet (Lost in Translation s’est déjà bien débrouillé pour nous révéler l’errance) et encore moins par sa forme (esthétique délavée des appartements design, sans vie). Le tout assaisonné de parole métaphysique et du jeu sans émotion de Joaquin Phoenix.
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Peut-on en pincer pour son smartphone? Telle est la question que soulève le film de Spike Jonze. La réponse s'étire sur plus de deux heures. Cela fait beaucoup. Un court-métrage aurait suffi. Cette SF «light» a l'étrange froideur d'un mode d'emploi pour le dernier portable.