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Est-ce l’époque frileuse en diable qui veut ça ? Malgré des tombereaux d’hémoglobine, quelques effets spéciaux du style exorciste new-look (une jolie blonde qui fait des vrilles au plafond) et des décors postindustriels censés représenter le cloaque absolu, on reste de marbre dans son fauteuil. Les scènes sanguinolantes provoquent même l’hilarité chez les plus de 15 ans… Ce qui ne retire rien à l’efficacité du projet.
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Si l’on s’écarte de la ringardise du Vendredi 13 de 2009 on est bel et bien face à une nouvel exemple de cinéma sans personnalité, balisé aux clichés du remake qui échoue à s’orienter vers une stratégie propre. Mais que faire, ont dû se demander les producteurs et les scénaristes. Plaire aux seniors qui ont adulé la série et qui achèteront aveuglément leur ticket ? Séduire les mômes d’aujourd’hui qui sont, malgré les interdictions d’âge, le coeur de cible de ce type de production ? Faire un produit dur et sans concession dans l’air du temps ? Capitaliser sur l’excentricité du mythe qui avait donné naissance à une panoplie de produits dérivés dignes d’un jouet Mattel (série télé, figurine...) ? Mais diable, que faire de cette idée géniale qui consiste à remaker l’un des slashers les plus originaux et les plus rentables des années 80 ?
Tout simplement pas grand chose ! Incapable de s’accaparer une personnalité propre. Incapable de se réapproprier le ton des films originaux - celui sérieux du 1 ou celui cocasse et fantaisiste post Freddy 3. Incapable de retrouver la force narrative et picturale du remake de Massacre à la tronçonneuse - le premier grand remake horrifique des années 2000, qui avait donné le ton aux suivants. Freddy, les griffes de la nuit se contente d’exister, entre rêve et réalité, quelque part dans la tourbe cinématographique du fade. -
par Jérôme Dittmar
Toutes les critiques de Freddy : les griffes de la nuit
Les critiques de la Presse
Largué, Bayer sauve vaguement sa chemise lors du final, quand un tapis se transforme en mare de sang sous les pieds de l'héroïne, ou lors d'une confrontation libidineuse avec le croquemitaine. Mais ça ne pèse pas lourd quand auparavant Freddy a passé son temps à jouer à l'ouvrier sidérurgique (kyrielle de plans sur ses griffes provoquant des étincelles) ; qu'il s'est ridiculisé en empruntant une voix cancéreuse à faire pâlir Christian Bale dans The Dark Knight ; ou qu'il a éventré une actrice de Melrose Place et un fan de Brian Molko, pendant que leurs copains cherchaient des infos sur un ersatz de Google. Puisque update oblige, les personnages sont connectés, ce qui ne les empêche pas d'êtres déconnectés et ennuyeux à regarder - sauf Rooney Mara, bientôt chez Fincher. Restent malgré tout des réminiscences (cruauté, humour, décadence), pour faire illusion et pas trop cracher sur Craven. Mais devant ce degré zéro de la mise en scène, cette bande son bouche-trou, ce récit qui s'épuise dans un bilan inutile de son personnage, c'est peu. Freddy Krueger 2010 ne ressemble à rien, il a une tête d'alien et ne ferait pas peur à une fillette de six ans. Ni rire personne.
(...) ce remake n'apporte rien de plus, ne se distingue pas de son modèle par une quelconque surenchère dans la violence, ne contourne aucun des clichés du genre.
La seule chose notable est un déplacement dans la description de la monstruosité de Freddy. L'ancien tueur d'enfants est devenu un pédophile, incarnant aujourd'hui ce que les fantasmes des sociétés contemporaines ont érigé en absolu de la monstruosité.
Loin de condamner les errements passés de la communauté petite bourgeoise, le film en fait une apologie bien-pensante assez immonde et dénuée de toute ambiguïté.