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Les critiques de la Presse

  1. Fluctuat

    Autrefois petit prince du cinéma indé new-yorkais, Tom DiCillo revient avec un conte moderne sur le showbiz, les peoples et les paparazzis. Entre comédie, satire sociale et mythe revisité, son Delirious s'avère surtout être un film indécis et plus cynique qu'il ne le voudrait. Dommage.
    - Exprimez-vous sur le forum DeliriousComme chacun sait, le glamour n'est plus ce qu'il était. Fini de rêver, le réel est partout, ce qui, dit comme ça, a de quoi paraître complètement absurde, irrationnel. Pourtant inutile de relire Baudrillard pour savoir que la simulation du réel a atteint un pic qui ne cesse d'être dépassé par les médias, comme un challenge au surplus de réel dont les tabloïds et la presse people sont le promoteur numéro un. Les stars doivent donc sortir de leurs écrins, elles aussi ont droit au prosaïsme. L'écran, l'image n'est plus leur enveloppe protectrice. Elles n'ont plus droit à l'élégance, on traque leur moindre geste dans l'espoir de défaire, voire détruire, tout ce pourrait leur faire échapper à la réalité. Dieu est doublement mort, on tue même maintenant les divinités païennes. C'est triste ? Probablement.Delirious de Tom DiCillo part donc avec cette idée de filmer comme un conte moderne cet univers du show business. Avec d'un côté le paparazzo (Steve Buscemi), plutôt minable, voire pathétique, ne vivant que par procuration, dans l'espoir de voler un cliché qui lui donnerait la reconnaissance (de sa famille, de ses confrères qu'il déteste). Et de l'autre, l'ange tombé du ciel (Michael Pitt), l'enfant jeune et innocent né dans une poubelle des bas fonds new-yorkais où il erre sans domicile fixe. Le premier serait ainsi une sorte d'agent schizophrène, un regard à la fois fasciné et méprisant sur ce monde si superficiel. Le second un personnage intègre, presque pur, incapable de manipulation, de jalousie, d'avidité, et dont forcément le star-system aime se nourrir. Il est la célébrité en devenir. Leur rencontre (Pitt devient l'assistant de Buscemi) tournant forcément court lorsque l'innocent sauve sa princesse (une chanteuse pop) et rentre dans le conte de fée, autant dire l'image, et que l'autre reste dans le réel.Le principe du conte pour faire une critique de société, des médias, des images, et montrer les fonctionnements du show-business tout en ajoutant une dimension mythologique et symbolique à cet univers, donne à Delirious un caractère inégal. Indécis, le film semble hésiter, tour à tour fasciné par cette superficialité et violement critique envers elle. Généralement cynique, il passe son temps à faire une satire du showbiz où chaque personnage est un peu plus minable, surtout Buscemi heureusement sauvé in extremis par un dernier plan. Ce peu de sympathie pour ses personnages, excepté le jeune, pur et innocent - ce qui est un peu facile -, rend alors le film presque impossible. Pris dans une fausse distance objective qui voudrait portraiturer sans jugement, DiCillo ne peut s'empêcher d'avouer son mépris qu'il fait pourtant semblant de cacher derrière une parabole sur l'estime de soi, l'identité ou la famille (aliénante).Delirious voudrait filmer ainsi sans moralité une histoire du regard (comment on existe par celui des autres et donc des images), tout en badinant avec la comédie, la satire sociale et l'imaginaire. Des voeux de DiCillo, il s'agit de filmer comme une schizophrénie notre rapport au phénomène people. Seulement chez lui, l'univers du showbiz et ceux qui le font, entourent les célébrités ou alimentent notre soif d'images (les paparazzis), n'est qu'un ramassis de vampires voués à leur propre gloire par l'entremise des autres. Non qu'il n'y ait une certaine vérité, le problème étant alors la cohérence du film avec lui-même. La rengaine des innocents cernés par de pathétiques égocentriques enchaînés à un monde que d'évidence DiCillo méprise, annule le revers de cet univers pour lequel il avoue sa fascination et une éventuelle sympathie. Il ne sauve finalement personne, la condescendance est constante, on se complait à haïr tout le monde et à devenir soi-même parfaitement cynique. Delirious ? Non pas vraiment. Delirious
    De Tom DiCillo
    Avec Steve Buscemi, Michael Pitt, Alison Lohman, Gina Gershon
    Sortie en salles le 4 juillet 2007

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