-
Le procédé a beau être systématique, il se révèle efficace et riche : il ramasse l'action, facilite la proximité avec les héros anonymes (enfin, surtout une sublime héroïne à la voix lasse, jouée par Lizzy Caplan, un nom et un visage à retenir), débarrasse le script de toute explication. « On ne sait pas ce que c'est, mais c'est en train de gagner », lâche un militaire... Le format choisi donne surtout à l'ensemble un curieux effet de réalité : l'image fantôme du 11 Septembre ne cesse de hanter Cloverfield.
-
En plus de son astuce formelle, le film ne se départ jamais d'une distance un peu méprisante vis-à-vis de ses personnages. Alors que l'humanité entière fuit Manhattan, Rob, le garçon qui devait partir au Japon, décide de remonter vers Columbus Circle (une marche accomplie en un temps record, qui fait mentir le principe de la fiction en temps réel) afin de sauver la femme de sa vie, coincée dans son appartement. Il est accompagné par ses copains et leur odyssée ressemble très vite à une version sanguinolente d'un épisode du"Club des cinq ", filmée par un amateur roublard (la caméra tressaute mais ne rate jamais rien d'important). Ils échangent des lieux communs, échappent (enfin, pas tous) à un sort terrible. Et quand la catastrophe finale, annoncée depuis le générique, survient, on ne sent plus rien pour ces figures falotes. Et comme un enfant émergeant du train fantôme on peut crier : "regarde maman, même pas peur de Ben Laden".
-
Voici sans doute le film catastrophe le plus original qu'il nous ait été donné de voir depuis longtemps. A l'instar du révolutionnaire Projet Blair Witch, Cloverfield n'est vu qu'à travers l'objectif d'une caméra tenue par l'un des protagonistes. Seul problème, la caméra baladeuse peut provoquer la nausée.
-
Cloverfield ne renouvelle certes pas les lois du genre, mais parvient à engendrer le suspense et l'angoisse avec son lot de scènes de panique et de destruction. Succès garanti, donc, pour cette invasion monstrueuse vue par le petit bout de la caméra et offrant, dans ses scènes d'apocalypse new-yorkaise, de singulières résonnances avec un certain 11 septembre 2001.
-
J.J. Abrams adopte la formule à succès de Lost: privilégier le point de vue subjectif des protagonistes. Le choix d'utiliser la DV à l'épaule est judicieux: le film semble amateur, truffé de coupures image et son, comme si n'importe quel badaud avait saisi son camescope ou son téléphone portable pour témoigner de l'horreur.
-
Quand Godzilla rencontre Melrose Place. C’est ça Cloverfield : des attaques de monstres sans grands intérêts avec des acteurs trop beaux pour être vrais. Le buzz était énorme, l’attente presque insoutenable, le résultat décevant. Le soufflé Cloverfield ne prend pas et s’écrase lamentablement après visionnage. On peut s’amuser à noter les multiples références du projet allant de Blair Witch (caméra portée) à Godzilla (l’attaque de New York par un monstre), mais ça ne suffit pas à faire un bon film. Passée l’envie de vomir après les premières minutes dû aux mouvements de caméra, on ne peut que constater la platitude du récit et les gros problèmes de crédibilité. Certains diront que ce n’est pas ce qu’on demande à ce genre de film, mais entre une cassette qui dure 7h, une caméra dv qui malgré de nombreuses chutes s’avère incassable (je veux la même) et des acteurs qui malgré un bloc de parpaing dans la gueule continuent de courir dans Central Park, on a du mal à ne pas trouver ça ridicule. OK Cloverfield n’est pas à prendre au premier degré sous peine d’ennui. On saluera alors la promo de J.J Abrams qui, après Lost, montre ses talents de producteur.