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Le cinquième volet de X-Men est une réussite.

Dimanche soir, TF1 diffusera X-Men Days of Future Past, le cinquième épisode de la franchise X-Men (sans compter les spin-offs). Dans la chronologie de l’intrigue, en revanche, cet opus est difficile à classer, puisque grâce à une histoire de voyage dans le temps, il réunit des mutants de la première génération (Patrick StewartIan McKellen…) et les petits nouveaux incarnés par Jennifer LawrenceJames McAvoyMichael Fassbender etc. De quoi embrouiller les téléspectateurs, comme dirait Deadpool, qui se mélange les pinceaux à cause de cette double timeline ? Pas vraiment : Bryan Singer a réussi un énorme pari en choisissant d’adapter cette histoire il y a deux ans. La preuve en cinq points.

1. Bryan Singer et son super casting original sont de retour
Days of Future Past est sorti en mai 2014 au cinéma, soit quatorze ans après le premier X-Men, qui était déjà mis en scène par Bryan Singer pour la 20th Century Fox, et était porté par une distribution devenue très populaire suite au succès du film : Famke JanssenHalle BerryHugh Jackman... Le réalisateur de Usual Suspects a ensuite réalisé le n°2, en 2003, puis il a laissé sa place à Brett Ratner pour se consacrer à un super-héros concurrent, Superman. Résultat : L’Affrontement final, sorti trois ans après X-Men 2 est un épisode détesté par les fans de la saga (au même titre que le premier spin-off sur Wolverine dans les salles en 2009). Si bien qu’en revenant aux X-Men, Singer avait pour mission de réussir un film ambitieux scénaristiquement parlant au point de faire oublier ces deux échecs critiques.

Tout en liant "sa" saga, au Commencement, le reboot initié en 2011 par Matthew Vaughn… Quand ce dernier a laissé de côté la franchise pour s’attaquer à Kingsman, Singer est donc revenu à la mise en scène d’un épisode de X-Men. Et il a ramené avec lui tous ses acteurs, tout en conservant les petits nouveaux castés plus récemment par la 20th Century Fox. Un sacré pari pour l’équipe, qui a dû trouver une histoire mélangeant des héros de deux générations tout en restant compréhensible et divertissante. Lors de la promotion, le concept était assez compliqué à présenter au public, le réalisateur insistant alors sur le fait que son histoire est à la fois une suite et un préquel des épisodes déjà sortis. Un "entrequel" ("inbetweenquel" en anglais), ce qui est là aussi une idée hors normes à Hollywood…

EXCLU - Comment Bryan Singer a-t-il fait pour réunir toutes les stars des films X-Men dans Days of Future Past ?

2. C'est un "entrequel" entre Retour vers le futur et Terminator 2
La BD choisie par Simon Kinberg (le producteur historique de la saga), Matthew Vaughn et Bryan Singer comme point de départ de ce blockbuster avait l’intrigue idéale permettant de mélanger les chronologies. Days of Future Past, traduite en français Futur antérieur, est l’une des séries de comics préférée des lecteurs de Marvel. Ecrite en 1981, elle a notamment inspiré une partie de Terminator 2 à James Cameron une décennie plus tard. Ce n’est donc pas un hasard si le blockbuster diffusé ce week-end sur TF1 ressemble tant aux aventures du robot incarné par Arnold Schwarzenegger !

Dans les comics, le monde actuel est ravagé par de puissantes Sentinelles, qui traquent et éliminent les mutants. Les X-Men envoient alors l’une des leurs, Kitty Pride, dans le passé, pour sauver le monde en empêchant Mystique de tuer un homme politique. Dans le film, le principe est le même, sauf que c’est un personnage mieux connu des spectateurs qui voyage dans le temps : Wolverine. Une fois arrivé dans les années 1970, il prend un malin plaisir à vanner les jeunes X-Men, annonçant par exemple au Fauve qu’il ne fera pas long feu ou retournant le cerveau du professeur X (James McAvoy) en lui expliquant que c’est son propre moi du futur (Patrick Stewart) qui l’a fait voyager dans le passé pour qu’ils se rencontrent. Bande-annonce :

 


3. La scène de Quicksilver est inoubliable
Au-delà de l’intrigue globale, très bien pensée, quelques scènes en particulier sont réalisées avec brio. L’ouverture, par exemple, très sombre dans un futur apocalyptique, ou les passages plus fun, quand Logan change d’époque et chambre ses partenaires. Celle qui a surtout marqué le public à la sortie de DOFP est  portée par Quicksilver (Evan Peters), un mutant inédit au cinéma, qui a la capacité de se déplacer très rapidement. Voulant aider Magnéto à s’échapper d'un lieu clos, il se déplace à toute vitesse dans une cuisine, neutralisant tous les obstacles et ennemis potentiels avant qu’ils aient eu le temps de cligner de l’œil. L’effet-spécial est bluffant, et sa conception a demandé énormément de préparation :

Comment a été tournée la scène démente de Quicksilver dans X-Men Days of Future Past ?

Ironie du sort, en parallèle de ce blockbuster, Disney/Marvel a intégré le même personnage dans Avengers 2, sous les traits d’Aaron Taylor-Johnson, qui incarnait Kick-Ass dans le film éponyme de Matthew Vaughn sorti en 2009. Evan Peters le connaît bien puisqu’il incarnait son meilleur pote dans cette comédie d’action parodiant les films de super-héros. S'il devait y avoir un match entre les deux, son Quicksilver de X-Men le remporterait haut la main.

4. Les nouveaux acteurs sont à la hauteur
En plus des interprètes talentueux des mutants de deux époques différentes, Bryan Singer s’est entouré pour cette suite de comédiens inédits, notamment Peter Dinklage (Game of Thrones) en homme politique dangereux et cible de Mystique, et Omar Sy, qui joue un X-Men du futur tentant de survivre malgré la traque incessante des Sentinelles.
Beaucoup de monde se partage l’écran, mais ça fonctionne, car personne n’est laissé de côté, Singer ayant pris soin de donner à chaque personnage important "sa" scène, son moment de gloire. C’est encore plus frappant devant sa version longue, sortie en blu-ray un an après le film officiel, où les héros originaux tiennent une plus grande place.

L'excellent honest trailer de X-Men Days of Future Past

5. C’est le chef-d’œuvre de la saga
Oui, rien que ça. Il y a deux ans, Première avait été largement conquis par cet épisode "best-of" », à la fois suite et reboot, qui ouvrait sur tant de possibilités : "De la scène de baston ahurissante en ouverture qui montre les nouveaux X-Men (oui, voir Omar Sy en mutant, ça fonctionne) à l'oeuvre de concert face aux Sentinelles (utilisant l'espace et la profondeur de champ de façon magistrale, grâce aux pouvoirs d'une mutante téléporteuse) jusqu'au combat final d'une ampleur folle, Days of Future Past n'oublie jamais d'être fun autant que cinématographique. A l'image de son personnage de Quicksilver (Evan Peters), le nouveau venu le plus cool de DOFP : un jeune voyou capable de se déplacer à toute vitesse (sources de bons gags visuellement simplissimes et primitifs), et qui se permet de voler la meilleure séquence du film lorsqu'il libère Magnéto de sa prison, véritable morceau de bravoure et de cinéma pur. Il faudrait encore dire que tout cela ne vaut rien sans son cast de héros toujours sur le fil du rasoir, oscillant sans cesse entre volonté de baisser les bras ou de se battre (l'idée très forte de Xavier qui choisit d'être valide à la place de ses pouvoirs). (…) DOFP fonctionne comme l’aboutissement total de la franchise X-Men. A la fois conclusion et reboot, comme l’indique sa séquence finale : à partir de là, tout est possible. Commencement ou fin. Apothéose dans tous les cas, et, sans conteste, chef-d'oeuvre de la saga."

Notre avis n’a pas changé depuis, et ce malgré les sorties successives de Deadpool (fun, certes, mais dans le fond assez anecdotique) et d’Apocalypse, divertissement honnête qui n’atteint pourtant jamais l’ampleur de Days of Future Past.

Lire notre longue critique de X-men Days of Future Past ici